Autour d’un thé

« Eywe ! », on dit, pourtant, que celui qui « allonge le noctambulisme rencontre un visage sans nez ». Les journalistes se croient tout permis. Ça, je le voyais venir depuis, au moins, deux ans. Mais, comme on dit, « l’intelligent se suffit d’un signe, le con a besoin, lui, d’une raclée ».

Tu t’aventures à bras de fer avec manifestement plus fort que toi et voilà le résultat : c’est toujours « toi qui es en bas ». Les journalistes n’écoutent pas. Le gouvernement a pourtant été très patient. Mais ce sont des gens qui foutent leur nez partout. Même dans les chambres à coucher, pour raconter publiquement ce que les gens se disent entre eux. Parfois, ils les suivent même dans la douche (comment font-ils ?) pour réaliser reportage sur toutes leurs activités, en ces lieux habituellement très secrets.

Des gens qui se disent journalistes, ne laissant ni « une petite ni une grande sans la recenser ». Et de « frapper tout le monde avec le même bâtonnet ». Ils n’épargnent ni le Président, ni le Premier ministre, ni la Première dame, ni l’Armée, ni rien. Ils déblatèrent de tout. Depuis plus de vingt ans qu’ils jactent de ce qui les concerne et de qui ne les concerne pas ; surtout de ce qui ne les concerne pas. Ok, on peut comprendre que les journalistes parlent des élections, des « visitations » du Président, de ses réalisations, de ses conseils de ministres, de ses festivals, discours, compétences ; de son curriculum vitae, de son sport favori, de ses amitiés, de ses politiques sécuritaires, de ses ministres, de ses goudrons et autres choses pas bien graves.

Mais que de là à évoquer les affaires personnelles des gens, comment ils ont obtenu leur brevet ou leur entrée en sixième. Certains allant même jusqu’à enquêter sur la véracité de ces diplômes ! En quoi ça les concerne, tout ça ? Ce n’est pas du journalisme, c’est le « trop d’affaires ». Le journalisme n’existe plus. Le vrai, s’entend, celui du temps où « mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bienvenue sur les ondes de Radio Mauritanie », pour suivre le journal de quatorze heures, où le journaliste disait gentiment, à la fin, « Quant à moi, je vous souhaite une très très bonne fin de soirée et un excellent weekend ! ».

Alors que sa caricature, aujourd’hui, se permet de raconter, aux gens, qu’untel président, sa femme, son proche ou son ministre est derrière ceci ou cela. Que les appartements, sis sur la route de Soukouk, sont fréquentés par tel responsable, en compagnie de tel autre responsable. Ou que le ministère des Finances a donné tel montant, tel marché ou telle facilité, à tel notable, tel marabout ou tel arnaqueur, sur instruction de la Primature ou de la Présidence… que telle nuit, vers quatre heures du matin, tel opposant a été reçu, par tel Premier ministre qui s’est rendu, après, chez tel marabout africain du cinquième arrondissement pour acquérir quelques gris-gris qui lui garantiraient de rester ministre jusqu’à 2019, et bien d’autres choses encore, beaucoup plus dangereuses que, la bienséance ne permet pas de rapporter ici. Bah ! Ce ne sont pas des journalistes.

Regardez autour de vous, les presses nationales des autres pays. Il n’y a que l’affaire Madoff qui fit couler beaucoup d’encre. Nous, ici, on n’a pas de genre d’affaires. Et puis, ces gens, ce sont même pas des journalistes. Juste des instituteurs et des professeurs, « perdus dans le mélange » des genres, pour s’improviser journalistes. Mais, comme « leur grade est monté », jusqu’à atteindre le gouvernement, il fallait les redescendre dans leurs classes, pour y méditer combien « celui dont la graisse fait cuire ta carcasse, tu ne dois pas le défier ».

Le gouvernement sait bien, pardine, que « kelem kelem mahou ma’loum » (parler, parler, ce n’est pas bon). C’est comme écrire, écrire. D’ailleurs, qu’est-ce que ça gêne que de rester sans journalistes ? Sans Imprimerie nationale, sans journaux, sans télévisions privées, sans ministre de Communication, sans sites électroniques ?

Les journalistes ne sont pas plus importants que la SONIMEX, l’ENER, l’Agence d’Accès Universel, la Démocratie, l’ancienne ouguiya, l’ancien drapeau ou l’ancien hymne national. La Mauritanie nouvelle peut bien s’en passer. Salut.

 

Sneiba El Kory

 

Source : Le Calame

 

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