A Bamako, réussir la paix

Un cursus forme des cadres africains à la reconstruction.

Maintien de la paix et reconstruction de l’Etat post-conflit. Tel est l’intitulé du nouveau master créé par l’Ecole de maintien de la paix Alioune-Blondin-Bèye (EMP), à Bamako, au Mali. Ce cursus répond à un besoin de donner la formation nécessaire aux jeunes Africains pour participer aux opérations de soutien à la paix. Les cours, -assurés par des instructeurs -civils, militaires et des universitaires, ont débuté mi-janvier.

Selon les statistiques disponibles, sur les quinze opérations de maintien de la paix à travers le monde, neuf se situent sur le -continent africain. Dans ces missions, les effectifs locaux ne cessent d’augmenter. Dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ils ont atteint un record, avec plus de 5 000 militaires, policiers et civils.

A Bamako, Abdramane Oumar Coulibaly, directeur adjoint du Centre d’analyse et de recherche de l’espace sahélo-saharien de l’EMP, chargé de la mise en œuvre de ce nouveau cursus, explique qu’il y a eu deux concours de -circonstances :  » Une volonté -interne et une demande des auditeurs de mettre en place des formations diplômantes. « 

L’Ecole de maintien de la paix (EMP), créée à Zambakro (Côte d’Ivoire) avant d’être délocalisée au Mali au plus fort de la crise -politico-militaire ivoirienne, commencée en 2002, a institué ce nouveau cursus en partenariat avec l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble et l’Ecole nationale d’administration publique (ENAP) du Canada.

Cette dernière accompagnera la mise en œuvre du registre maintien de la paix,  » en participant à la construction du programme, des plans de cours « , dit-on à l’EMP, ainsi qu’à la sélection des instructeurs qui viendront de l’Afrique centrale, de l’Ouest et de la France.

Echanges avec Grenoble

 

L’IEP de Grenoble avait fait une série de propositions de formation parmi lesquelles  » la mieux indiquée était celle portant sur la reconstruction de l’Etat post-conflit « . Présente au Mali depuis 2014, l’IEP, qui propose des executive masters, va donc -assurer cette formation en envoyer des intervenants et par -visioconférence.

Mais pour des raisons sécuritaires, explique-t-on à Grenoble, l’envoi d’étudiants français à Bamako n’est pas prévu.  » Nous espérons, en revanche, pouvoir accueillir des étudiants de Bamako à Grenoble « , confie Jean-Charles Froment, -directeur de l’IEP de Grenoble.

Un accord de partenariat avait été passé avec le ministère de la fonction publique pour développer des formations continues en  2014 et organiser une formation de ce type pour les secrétaires généraux des ministères en  2016.

Désormais, l’IEP de Grenoble -délivrera aussi un diplôme en – » reconstruction de l’Etat post-conflit « , complémentaire de celui en  » maintien de la paix  » de l’EMP. Cette formation diplômante est une première pour l’école de -Bamako et pour l’Afrique francophone, destinée à former des cadres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au même titre que la National Defense College, au Nigeria, et la Kofi Annan International Peacekeeping Training Center (KAIPTC) au Ghana.

L’école de Bamako assurait -habituellement des formations courtes d’une semaine à un mois, sanctionnées par des certificats.  » Au départ, c’était une -formation exclusivement centrée sur le maintien de la paix, -explique -Abdramane Oumar -Coulibaly. Mais cela donnait quelque chose qui n’était pas complet. Le -problème du Mali, par exemple, n’est pas de maintenir la paix, mais aussi de reconstruire l’Etat. Après la guerre, il faut des -cadres qui puissent conseiller les Etats, les décideurs.  »

A ce jour, environ  70  étudiants issus de plusieurs pays d’Afrique et de Madagascar ont candidaté pour la trentaine de places disponibles dans ce nouveau master. Les candidats sélectionnés sur dossier doivent avoir une licence.

Le responsable de l’EMP rappelle combien la paix est devenue un enjeu majeur pour les Africains.  » On voit l’intérêt qu’il y a à les former pour concevoir des stratégies de maintien de la paix, et les mettre en œuvre au niveau tactique et opérationnel « , conclut-il.

 

Bokar Sangaré

 

 

Source : Le Monde (Supplément Universités & Grandes Ecoles)

 

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