Mauritanie : quand l’ouguiya crée le «désordre monétaire »

Depuis  le 1er   janvier  2018, date à laquelle une quasi-nouvelle monnaie a été mise en circulation dans le pays,  l’ouguiya n’en finit  pas de défrayer la chronique.

Tandis que les autorités monétaires  et  les experts  parlent de  régulation de la quantité de monnaie en circulation, le mauritanien lambda lui  évoque une exclusion des plus démunis  de la sphère de création de la valeur ajoutée.

La nouvelle monnaie est dans toutes les lèvres, de Rosso à  Nouadhibou en passant par les Hodh. Les spéculations  vont bon train. «  est-ce  que cette nouvelle monnaie permettra  réellement  de prendre en charge  les  échanges de biens  et services  sans avoir des effets pervers », se demande l’homme de la rue. Aux abonnés absents, économistes et monétaristes gardent le silence. Même l’opposition, il est vrai occupée à négocier en coulisses pour des dérogations ou changement constitutionnels permettant à ses leaders de participer aux joutes électorales, se garde de tout commentaire. Idem pour la presse mauritanienne qui ne paraît plus pour la plupart à cause d’une pénurie de papiers.

Bref,  9 jours après sa mise en circulation sur le système  bancaire, l’adaptation et la convertibilité de la nouvelle monnaie crée une vive polémique  entre commerçants, clients, affairistes, cambistes…

Rétifs au changement, les mauritaniens ont vraiment du mal à déchiffrer et à s’adapter à ce nouveau mode de paiement.

D’ailleurs,  certains commerçants ont profité de cette occasion  pour augmenter les prix de certaines  denrées de premières nécessités (huile, poisson, riz  etc.).

Cette situation n’a pas également  laissé en rade les « petits cambistes » de Rosso, les 5000 FCFA qui valaient   3000 ouguiyas   sont revus à la hausse atteignant ainsi 3200 voire 3500 UM.

De l’avis de certains spécialistes,  cette  situation peut perdurer jusqu’ au retrait total des  anciens  billets et pièces  de la circulation d’ici juin 2018.

Les non-dits de ce changement monétaire

Selon d’éminents spécialistes et proches du régime, ce changement monétaire  a été  principalement  mis  en place pour  contre /carrer  « l’argent sale ».

Une thèse affirme que les autorités monétaires ont constaté une hausse drastique de la quantité de monnaie en circulation par rapport à la masse monétaire émise. Cela a engendré des conséquences néfastes sur l’économie du pays. Et du coup, la banque  Centrale a revu sa copie, en créant une nouvelle monnaie beaucoup plus moderne et plus sécurisée.

Selon certains observateurs,  les affairistes  commencent à blanchir leurs argents, en se lançant dans la construction.

Actuellement les immeubles poussent comme de petits champignons et les spéculations foncières vont  bon train.

L’ouguiya a été créé  le 28 juin 1973, en remplacement du franc CFA. Sa nouvelle  valeur a été portée depuis  le 1er janvier de cette année à un  taux de 10 pour 1.

 

 

 

Ibrahima DIA

 

Source : Les Mauritanies

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