INTERVIEW avec Mariem Kane, présidente de Hadina RIMTIC

Mme Mariem Kane‭, ‬ingénieure en Technologie de l’Information et de la Communication‭, ‬diplômée de Telecom Lille est actuellement présidente de Hadina RIMTIC‭, ‬premier incubateur TIC en Mauritanie‭. ‬Elle a participé au programme Youg African Leadership Initiative‭ (‬YALI‭) ‬en 2014‭ ‬aux Etats-Unis‭, ‬à l’université de‭ ‬‮«‬Notre Dame‮»‬‭ ‬pour la formation‭ ‬‮«‬Business Entrepreneurship‮»‬‭.  ‬Elle est également membre du Bureau Executif du Haut‭ ‬Conseil de la Jeunesse de Mauritanie‭.‬

 

Vous êtes à la tête de Hadina Rimtic depuis quelques années. Quelles sont aujourd›hui vos principales priorités?

Hadina existe depuis 2014, une association qui a organisé le MauriApp Challenge.  En 2016 nous avions mis en place l’incubateur avec l’appui d’un partenaire. Aujourd’hui Hadina a pu sensibiliser beaucoup de jeunes, des acteurs privés et publics sur l’entrepreneuriat des jeunes et qu’y a moyen de faire émerger des startups mauritaniennes qui répondent aux besoins locaux  aussi bien dans le secteur du numérique que dans l’emploi vert et la GreenTech. Notre priorité est d’accompagner efficacement  ces startups pour qu’elles soient des succès stories. C’est un rôle que Hadina joue pour améliorer l’accompagnement qu’elle offre aux startups pas seulement des formations et des business plans que nous faisons mais un vrai coaching. Cependant, y a un autre rôle qui n’est pas joué par Hadina mais par tout l’écosystème, c’est la mise en place d’un outil de financement.

Le rôle des TIC dans l’accélération du développement économique de tout pays est considérable. Quand est-il de la Mauritanie?

Pour la Mauritanie, il n’y a pas de réponse tout faite parce qu’on est un pays où les jeunes et moins jeunes aiment bien tout ce qui est nouveauté et modernité donc très réceptive. Nous avons un fort taux de pénétration du mobile  à l’instar de beaucoup de pays africains mais, en même temps l’accès à l’internet n’est pas aussi densifié qu’on ne le souhaiterait vu la grandeur du territoire. Il y a une vraie volonté d’investir dans les TIC de par le gouvernement avec le projet WARCIP pour la mise en place d’une fibre optique sur tout le territoire mauritanien. Maintenant, le réel défi est de créer de vrai contenu numérique mauritanien à savoir comment utiliser ces infrastructures efficacement pour en faire un vrai levier de croissance et d’économie numérique.

Vous avez organisé dernièrement le marathon de l’entrepreneuriat en Mauritanie où vous avez primé quelques chefs de projets. Que sont-ils devenus ces lauréats?

C’est un peu tôt pour parler que sont devenus les lauréats parce qu’ils ont été primés fin juillet 2017. Pour la suite les cinq lauréats bénéficieront de 6 mois d’incubation à Hadina à partir de fin 2017. Nous voulons mettre en place un accompagnement sur mesure pour chaque lauréat. Il faut rappeler que chaque lauréat a obtenu un chèque de 1 million d’Ouguiyas donc nous sommes toujours en relation avec eux pour évaluer  déjà le processus du marathon comment ils l’ont perçu, leurs attentes et besoins pour mettre en place un meilleur point d’accompagnement.  En même temps nous cherchons des partenaires pour accompagner dans ce processus d’accompagnement. Hadina tout seul est un incubateur mais il faut vraiment qu’elle se mette en place avec d’autres acteurs pour pouvoir accompagner efficacement ces startups.

L›administration Mauritanie est vieillissante aujourd›hui. Selon vous, est ce que la jeunesse d›aujourd›hui est capable d›assurer la relève?

Cette question me laisse un peu perplexe parce que je ne suis pas dans l’optique du vieux contre jeunes, déjà que jeune est un état d’esprit pour moi donc je ne suis pas la pour dire que les jeunes doivent prendre leurs places et évincer les vieux. Par contre ce qu’il faudrait faire c’est de créer des passerelles entre ces personnes qui ont une expérience  et nous jeunes qui voulions apporter de l’innovation de changement et de la valeur ajoutée. Certes l’administration  est vieillissante mais il faut qu’on trouve un créneau pour que ces personnes qui ont plus d’expériences que nous puissent partager  avec nous leurs expériences et que nous leur apportons aussi notre fraicheur, notre innovation et c’est ce qui manque souvent. Les gens partent à la retraite, démissionne  sans qu’il ait de relai. Il faut mettre en place ces mécanisme la, qu’il ait des relais pour que la jeunesse puisse assurer cette relève mais en connaissant déjà ce qui a été fait et qu’est ce qui n’a pas marché pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Pour la jeunesse, à mon avis elle est très fougueuse en Mauritanie. En effet, il y a des jeunes très compétents qui voudraient apporter beaucoup mais je demande aussi à la jeunesse de mettre les mains dans le cambouis pour mieux connaitre la réalité des choses et ne pas juste vouloir copier collé des modèles qui ne correspondent pas toujours à nos réalités.

La femme Mauritanienne est de plus en plus impliquée dans les décisions politiques et parfois économiques. Etes-vous satisfaites du niveau d›implication de la femme dans les affaires de l›Etat?

Certes la Mauritanie renvoie très souvent une image à l’étranger ou on a l’impression que la femme est soumise, qu’elle est faite pour rester à la maison mais la réalité est tout autre, elle jouit de réels avantages.  Par contre, je ne serai jamais satisfaite du niveau d’implication de la femme parce que je crois à la femme de par sa manière de gérer les choses publiques. Je voudrais plus d’implication de la femme pas seulement au niveau politique mais aussi niveau décisionnel  dans les entreprises, banques etc. Au niveau décisionnel, il y a pas beaucoup de femmes PDG, donc je voudrai des femmes plus influentes dans le secteur business pour servir de rôle modèle. Cependant, niveau étatique je suis un peu satisfaite mais on en veut encore plus.

Aujourd’hui, on parle beaucoup du projet de conseil régional. Quelle pourrait être la place de la jeunesse et principalement de la femme dans ce projet?

Les conseils régionaux est un nouveau concept que la Mauritanie va bientôt adopter. L’idée principale du conseil régional c’est la décentralisation donc se rapprocher des communautés. La jeunesse mauritanienne représente plus de 60% de la population donc forcément les jeunes ont leur place et la femme également. Je pense qu’il faudrait faire de la discrimination positive  à l’endroit de ses jeunes et ses femmes, qui parfois ne veulent pas trop s’impliquer dans les décisions communales ou régionales. Certaines communes essayent actuellement de travailler avec les jeunes. Donc je pense qu’il faudrait mettre en place des dispositifs qui leur donnent leur place de facto que ça ne soit pas à la jeunesse ou à la femme de revendiquer leur place dans ses conseils régionaux.

Avez-vous des ambitions politiques?

Je fais de la politique à ma manière. La politique pour moi c’est un engagement, du patriotisme, une envie de faire bouger les choses dans son écosystème donc on peut dire que je fais déjà de la politique.

 

Propos recueillis par

Mariata DIENG

 

 

Source : Les Mauritanies

 

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