La victoire cachée de l’opposition et la nature de la lutte politique actuelle ( suite et fin)

Sur la question du 3 ème mandat, la quasi totalité de la classe politique est d’ accord : c’est niet. Il s’ agit bien d’un consensus politique national qui traduit clairement la volonté de notre peuple de ne pas permettre une perpétuation dans l’ exercice du pouvoir présidentiel.

Ce fut le combat des deux ailes de l’opposition démocratique ( les  » radicaux » et les « modérés  » ), dans la rue autant que dans les cadres de « dialogue » convoqués par le régime. Les rares fois oû le Chef de l’ Etat a dû s’ exprimer devant des journalistes (étrangers notamment), sur ce point, il a dit son intention de  » respecter la constitution » ( malgré les tentatives d’ aller en sens inverse, que nous avons évoquées precédemment). Les représentants de la  » communauté internationale » à Nouakchott se sont entendu dire la même chose. Et récemment, notre représentant à Bruxelles l’a très clairement rappelé à l’ intention des membres d’une commission parlementaire de l’ Union européenne.

Toute tentative de revenir sur ce consensus sera très très difficile de la part du régime. En fait, ce sera purement et simplement, une tentative de Coup d’ État. Personnellement, je ne pense pas qu’ un tel coup de force pourrait durablement réussir dans le contexte actuel, de la part de l’ armée elle même ( dont on ne devrait pas sous estimer ses progrès  » culturels » évidents ces dernières années et le sens de ses responsabilités dans la plus grande partie de son commandement central), de la part de toutes les franges de l’ opposition et de l’ opinion et, last but not least, de la part de la plupart de ses alliés occidentaux ( qui jouent la stabilité et non l’aventurisme dans le contexte régional actuel).

L’ autre option va- t’en-guerre serait pour le régime de s’ engager dans un processus de provocation de troubles ou conflits internes qui justifieraient qu’il puisse prétendre rester un peu plus pour soi disant y mettre fin. Comme en RDC. Ce scenario de prolongement du mandat en cours serait, à dieu ne plaise, le plus dangereux étant donné le caractère extrêmement inflammable de la situation et la très grande fragilité économique, politique et social du pays. Le Président M. O. Abdel Aziz devrait se garder d’engager le pays dans une telle épreuve qui risque d’ incendier le pays. A terme, ni lui ni personne n’ en tirerait le moindre avantage ou bénéfice. Quant au scénario à la Poutine que l’on peut facilement imaginer, il serait constitutionnellement, politiquement et sociologiquement très difficile voire impossible à jouer en Mauritanie. Sur ces 3 plans d’ analyse, tout départ du pouvoir est sans retour. Cela signifie que le président de la republique, apres le 2 eme mandat, est comme définitivement « périmé » pour exercer le moindre pouvoir exécutif. Le seul cas de figure qui s’impose aujourd’hui ( en supposant un minimum de bon sens de la part des acteurs politiques du pouvoir ) est celui oû ils recherchent une continuité du régime à travers une  » nouvelle » équipe présidentielle qui « sortirait des urnes »et qui permettrait ainsi à M. Ould Abdel Aziz d’imposer à la nation un successeur. Il s’ agirait donc, pour le régime actuel, de chercher à garder la haute main sur le processus électoral dans ses deux étapes : celle de 2018 ( élections législatives, régionales et municipales ) préparant celle de 2019 ( la présidentielle).

Autrement dit et au vu de ce qui précède, il apparaît que la bataille dans laquelle le pays va se plonger sera celle de l’ alternance véritable à la tête de l’ Etat, avec un Chef de l’ Etat sortant qui tentera de rester seul maître du jeu en imposant  » ses » hommes – et une opposition qui devra jeter toutes ses forces dans la bataille pour rendre ces élections à venir crédibles et plus confortables pour la réalisation d’ une authentique alternance dont le pays a si besoin.

Le mieux, pour la stabilité et la consolidation de la démocratie pluraliste serait que le pouvoir accepte de jouer le jeu du compromis et d’engager sans attendre les concertations nécessaires pour éviter les pièges du tout ou rien. Il pourrait ainsi mettre fin à sa fuite en avant dans l’unilateralisme en cours dans l’ activité du  » comité de suivi » des conclusions de son dialogue non inclusif. Il devrait ouvrir des perspectives moins sombres à l’ activité politique du pays qui va entièrement se polariser autour du thème des conditions des prochaines élections. Étant entendu que l’opposition démocratique ne croisera pas les bras et ne tombera ni dans le piège du tout ou rien ni dans celui du défaitisme.

Le pays, dans les semaines et les quelques mois à venir va entrer dans une des périodes les plus cruciales de sa vie depuis des décennies, avec comme question alternative: dictature chaotique ou démocratie pluraliste ?
Pour l’opposition démocratique le choix est pour une démocratie pluraliste et pour l’apaisement. Au pouvoir d’ accepter ce seul choix raisonnable pour notre nation.

 

Gourmo Abdoul Lo

Facebook – Le 15 décembre 2017

 

A lire la première partie : La victoire cachée de l’opposition et la nature de la bataille politique en cours..

 

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