Erdogan appelle à reconnaître Jérusalem-Est comme « capitale de la Palestine »

Michel Aoun fait partie de la vingtaine de chefs d’Etat ayant répondu à l’appel d’Erdogan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté mercredi la communauté internationale à reconnaître Jérusalem-Est comme la « capitale de la Palestine », le leader palestinien Mahmoud Abbas estimant qu’il n’y aurait « ni paix, ni stabilité » sans cela.

« J’invite les pays qui défendent le droit international et la justice à reconnaître Jérusalem occupée comme capitale de la Palestine », a déclaré le chef de l’Etat turc lors de l’ouverture d’un sommet extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul.

Lors de cette réunion consacrée à la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, M. Erdogan, un ardent défenseur de la cause palestinienne, a qualifié l’Etat hébreu d' »Etat d’occupation » et d' »Etat terroriste ».

La mesure américaine a provoqué des manifestations dans plusieurs pays du Proche-Orient et des violences dans les Territoires palestiniens et à Jérusalem. Quatre Palestiniens ont été tués et des centaines blessés depuis jeudi.

M. Trump a « offert Jérusalem comme cadeau » au « mouvement sioniste », « comme s’il lui offrait une des villes américaines », a estimé M. Abbas dans un discours d’une rare véhémence à l’ouverture du sommet. Par conséquent, « nous n’acceptons aucun rôle des Etats-Unis » dans le processus de paix, a poursuivi le président palestinien, estimant que Washington était « partial ».

 

 

‘Capitale palestinienne éternelle’

« Jérusalem est et restera éternellement la capitale de l’Etat de Palestine (…) Et il n’y aura ni paix, ni stabilité sans cela », a ajouté M. Abbas.

Lors de ce sommet réuni à Istanbul, M. Erdogan espère rallier les pays musulmans à une ferme riposte après la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël. « Israël a été récompensé pour toutes les activités terroristes qu’il mène. C’est Trump qui a délivré cette récompense », a lâché M. Erdogan, assurant qu’il ne « renoncera jamais » à exiger une « Palestine souveraine et indépendante ».

« La communauté des musulmans ne saurait garder le silence face à cette décision. Cette décision prise par les Etats-Unis est nulle et non avenue », avait déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, lors d’une réunion ministérielle de l’OCI mercredi matin.

Cependant, l’activisme des dirigeants turcs tranche dans une région où la plupart des leaders se sont contentés d’émettre des condamnations d’usage. Les observateurs estiment peu probable l’annonce de mesures fortes ou de sanctions à l’issue du sommet mercredi, alors que le monde musulman est profondément divisé et que plusieurs pays, comme l’Arabie saoudite, tentent de cultiver de bons rapports avec l’administration Trump sur fond d’hostilité commune envers l’Iran.

« Plusieurs pays majeurs du +monde musulman+ ne veulent pas entrer en confrontation avec les Etats-Unis, ni même avec Israël, dans un contexte de tensions confessionnelles croissantes avec l’Iran », explique Sinan Ülgen, président du Center for Economics and Foreign Policy (Edam), basé à Istanbul. Pour les dirigeants de l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe, contrer l’influence de l’Iran « est plus important que de prendre des mesures offensives qui pourraient mettre en péril les relations avec Washington », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Diplomatie de crise ou en crise ?, l’éditorial d’Issa GORAIEB)

 

Faible participation saoudienne

La Ligue arabe s’était déjà contentée, lors d’une réunion le week-end dernier, d’émettre une condamnation verbale, appelant les Etats-Unis à « annuler leur décision sur Jérusalem ».

Parmi la vingtaine de chefs d’Etat ayant répondu à l’appel de M. Erdogan figurent le président iranien Hassan Rohani, le roi de Jordanie Abdallah II, l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani ou encore le Libanais Michel Aoun. Le président du Soudan Omar el-Béchir, poursuivi pour génocide au Darfour, était également présent au sommet.

En froid avec la Turquie, mais ne pouvant esquiver un sommet consacré à Jérusalem, l’Egypte a envoyé à Istanbul son ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukry. L’Arabie saoudite était elle représentée à la réunion des chefs de la diplomatie par son ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, Nizar Madani.

Même s’il ne provoque pas de bouleversement, le sommet d’Istanbul devrait permettre à M. Erdogan de soigner son image de défenseur des musulmans dans le monde, des Palestiniens aux Rohingyas fuyant la Birmanie.

 

OLJ/AFP

 

Source : L’Orient Le Jour

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