Étude sur les stéréotypes et obstacles socioculturels basés sur le genre en milieu arabo-mauritanien

El mar atou touhibou men younkihouha we lew kané ghirden (la femme aime qui copule avec elle, même si c’est un singe). Proverbe arabo-Mauritanien.

De tout les proverbes que j’ai été amené à étudier, celui-là est de loin, celui qui m’a le plus interpellé.
Je me demande si c’est Freud qui a construit la sexualité de la personne qui est à l’origine de ce proverbe?
La femme dépourvue de sentiment et de jugement. La femme bestiale et incapable de contrôle sur ses pulsions sexuelles. La femme junkie sexuelle, qui suivrait n’importe qui pourvue qu’il puissent lui donner sa dose de débauche, même si c’est un singe.


Cela interroge aussi la construction de notre imaginaire du plaisir féminin. La femme paraît être inassouvissable, et cela effraie les hommes.


Les conséquences se manifestent dans les mariages forcés, les mariages précoces, et autres mutilations génitales. Aussi la réclusion des femmes, limitation de leurs déplacements, donc limitent aussi les perspectives d’indépendances.

D’ailleurs parmi les vertus d’une femme à épouser se trouve en bonne place, “celle qui ne sort pas beaucoup”. Une fille ne sort surtout pas la nuit, parce que la nuit les démons du plaisir sont encore plus féroces. Un père a pourtant eu une femme, donc objectivement il sait quel rapport une femme a avec le plaisir, c’est à la limite la même chose que lui. Elle est donc loin de la fille torride qui cherche frénétiquement du plaisir.

Mais pourtant les parents reproduisent le même schéma sur leurs filles. Cela pourrait être dû au fait qu’un homme pense avoir épouser une femme parfaite, à qui on a appris à contrôler son corps et ses pulsions, probablement que la mère aussi. Des qu’une fille entre dans la puberté toute la famille est en l’alerte maximum. Elle devient obsédée par la réputation de la fille.

Tandis que pour une jeune fille c’est probablement la période la plus difficile à vivre de son existence. Son corps change, avec tout les bouleversements hormonaux qui vont avec. La terreur de devenir femme. La terreur, oui oui, c’est une veritable terreur pour une jeune fille de découvrir la sexualité, contrairement à ce qu’on projette sur elle.

Au lieu de mutiler, nos filles, de les enfermer, et de projeter des absurdités freudiennes sur elles, notre rôle est de les accompagner psychologiquement, comme des enfants qu’elles sont encore. Une fille rêve de conquêtes, d’espace, d’aventure, de liberté, et d’immensité…. Elle n’est pas qu’un sexe, ou un ventre.

 

Hawa TALL

Facebook – Le 9 décembre 2017

 

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