Revalorisation de l’ouguiya : « La monnaie n’est pas un jouet »

Après une année où la Mauritanie se voit appauvrie de son drapeau et de son hymne historiques, Mohamed Ould Abdel Aziz continue la saignée des symboles de la Mauritanie qui a précédé son avènement :

c’est au tour de la monnaie, qui voit ses items fiduciaires, changés à partir du 1er janvier 2018, sur la modification de la base de la valeur monétaire de l’ouguiya mauritanien, passant d’un rapport de 10 à 1. Perspective.

"La Mauritanie reste confrontée à un environnement extérieur complexe marqué par la faiblesse et la volatilité des cours des métaux. La chute marquée des cours du minerai de fer en 2014-15 a réduit les exportations de moitié, creusé le déficit budgétaire, pesé sur les réserves et mis en évidence les vulnérabilités des banques. " explique le fonds monétaire international (FMI) dans son rapport du second trimestre 2017, avec l'euphémisme (souvent coupable) que l'on connaît au FMI "qui a participé à cacher les chiffres de la Mauritanie pendant 12 ans sous Maouiya, tant que les liens étaient actifs avec l'état Hébreu" soutient un ancien cadre du ministère des finances.

C'est dans ce contexte économique hasardeux, et catastrophique, que Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé en grandes pompes lors de la fête de l'indépendance du 28 novembre passé, le changement de « valeur nominale de base de l'ouguiya, de 10 à 1 ». Et ce dès le 1er janvier 2018. Un changement subit et sans avertissement, qui suscite consternation et surprise, « aucun fait économique ne justifiant une telle revalorisation de la monnaie nationale mauritanienne » argue un directeur d’une banque locale, qui comme tout le monde a été informé le 28 novembre, de cette nouvelle volonté de notre Néron local.

 

Une simple raison mégalomaniaque – « L’établissement d’une nouvelle monnaie peut être motivé par l’hyperinflation, l’effondrement du taux de change, la masse de fausse monnaie en circulation, ou même la guerre. Cela peut aussi être un choix raisonné, par exemple l’adhésion à une union monétaire, telle que l’Union monétaire européenne. C’est en tout cas une décision éminemment politique. Parfois, la monnaie existante ne répond pas aux besoins de l’économie. C’est en général dans les pays où les transactions se font principalement en espèces et où plusieurs monnaies circulent à la fois (dollarisation) qu’une réforme monétaire est nécessaire » souligne le FMI dans un document disponible sur son site, sur « la création d'une nouvelle monnaie ».

 

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Mamoudou Lamine Kane

 

Source :  Mozaïkrim (Le 5 décembre 2017)

 

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