Pour Mohammad Ben Salmane, Khamenei est un « nouvel Hitler »

"Saad Hariri (…) ne va plus continuer à accorder une couverture politique à un gouvernement contrôlé essentiellement par le Hezbollah, qui à son tour est contrôlé par l'Iran", a confié au New York Times le prince héritier saoudien.

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammad Ben Salmane, a qualifié le guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, de "nouvel Hitler du Moyen-Orient" dans un entretien au New York Times publié jeudi.

Mohammad Ben Salmane, qui occupe également les fonctions de ministre de la Défense, estime que les visées expansionnistes de l'Iran dont il accuse Khamenei d'être le promoteur doivent faire l'objet d'une réponse. "Nous avons appris de l'Europe que l'apaisement ne marche pas. Nous ne voulons pas que le nouvel Hitler de l'Iran refasse au Moyen-Orient ce qui s'est passé en Europe", déclare le nouvel homme fort du régime saoudien cité par le NYT.

Cette déclaration est de nature à accentuer les tensions, déjà vives, entre Saoudiens et Iraniens qui s'affrontent indirectement dans les conflits en Syrie et au Yémen.

Cette lutte d'influence régionale s'est cristallisée dans la crise politique ouverte par le Premier ministre libanais Saad Hariri qui a annoncé, à la surprise générale, sa démission depuis Riyad, la capitale saoudienne, le 4 novembre.

Démission de Hariri

Concernant le dossier libanais et plus spécifiquement la démission de Saad Hariri, le prince héritier a préféré garder le silence, écrit le NYT. En démissionnant à la surprise générale, Saad Hariri avait accusé l'Iran et le Hezbollah de mainmise sur le Liban. Avant de rentrer à Beyrouth dans la nuit de mardi à mercredi, d'où il a annoncé la suspension de sa démission, le Premier ministre avait passé quelques jours en France à l'invitation du président Emmanuel Macron. Depuis le gel de sa démission, il appelle à adopter une politique de distanciation concrète du Liban face aux conflits de la région, notamment en Syrie voisine où le Hezbollah combat aux côtés du régime du président Bachar el-Assad.

Mohammad Ben Salmane "a seulement insisté que le cœur de l'affaire réside dans le fait que Saad Hariri (…) ne va plus continuer à accorder une couverture politique à un gouvernement contrôlé essentiellement par le Hezbollah, qui à son tour est contrôlé par l'Iran", écrit le NYT.

Jeudi, le commandant des gardiens de la révolution iranienne (Pasdaran), le général Mohammad Ali Jaafari, a affirmé que le désarmement du Hezbollah était hors de question.

Dans son entretien au New York Times, le prince Salmane affirme également que le conflit au Yémen est entré dans une phase favorable à son pays et à ses alliés qui maîtrisent 85% du territoire yéménite.

Les Houthis conservent toutefois le contrôle des grandes agglomérations dans ce conflit qui a fait quelque 10.000 morts. La milice avait tiré le 4 novembre un missile visant l'aéroport de Riyad, une agression que les autorités saoudiennes ont interprété comme un acte de guerre de la part de l'Iran.

Le prince Salmane avait déclaré en mai que son pays s'assurerait que tout nouveau contentieux avec Téhéran "se déroule en Iran".

Purges anti-corruption

Concernant la purge anti-corruption lancée par le prince héritier le 4 novembre, Mohammad Ben Salmane a affirmé au NYT que 95% des émirs et hommes d'affaires saoudiens arrêtés ont accepté de conclure un accord avec les autorités.

"Nous leur montrons tous les documents que nous avons en notre possession, et dès qu'ils les consultent, 95% d'entre eux acceptent de conclure un accord", a affirmé le prince héritier. "A peu près 1% d'entre eux sont capables de prouver qu'ils ont les mains propres et les accusations contre eux sont immédiatement abandonnées, a-t-il ajouté. Près de 4% affirment ne pas être corrompus et veulent aller en justice avec leurs avocats (…). Nous avons des experts qui s'assurent qu'aucune société ne fasse faillite afin de ne pas augmenter le taux de chômage".

"Combien d'argent récoltent" ces experts, demande le journaliste Thomas L. Friedman à MBS. "Le procureur général a affirmé que le montant pourrait atteindre les 100 milliards de dollars à l'issue des accords", a répondu le prince héritier.

Plus de 200 personnes, dont de nombreux princes et businessmen saoudiens, sont retenus et interrogés pour des faits présumés de corruption d'un montant évalué à 100 milliards de dollars (86,1 milliards d'euros), avait récemment indiqué le procureur général saoudien. Nombre d''entre eux seraient retenus dans le luxueux palace Ritz-Carlton de Riyad. Parmi les personnes arrêtées figure le flamboyant prince saoudien de mère libanaise, le milliardaire Al-Walid ben Talal. Officiellement, aucune information n'a filtré sur la durée de détention des suspects avant une éventuelle inculpation puis un procès.

Sur le plan des réformes religieuses, Thomas L. Friedman explique que le prince héritier lui a dit : "N'écrivez pas que +nous réinterprétons l'islam. Nous sommes en train de ramener l'islam à ses origines, et nos moyens les plus importants sont les pratiques du Prophète et la vie quotidienne en Arabie saoudite avant 1979".

Mohammad Ben Salmane avait récemment affirmé vouloir retourner à un islam "tolérant et plus ouvert sur le monde".

 

OLJ/Agences

 

 

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Source : L’Orient le jour (Liban)

 

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