Parachever le processus du règlement du passif humanitaire.Au delà de l'apparence de solution à la cohabitation, il s'agit bien d'un mea culpa du gouvernement mauritanien en filigrane dans le document final du dialogue national qui s'est achevé cette semaine dans la capitale mauritanienne.Cette hypocrisie du régime de Ould Aziz de reléguer au second plan les Hratins et les réfugiés mauritaniens du Sénégal et du Mali n'est ni secrète encore moins cachée depuis juillet 2009 .
Secret de polichinelle.L'investiture du président mauritanien pour son second quinquennat est le point de départ d'une politique plus répressive et exclusive de la communauté noire en Mauritanie.Cette stratégie ni secrète ni cachée qui consiste à réveiller les vieux démons du racisme, du régionalisme et du communautarisme pour justifier les arrestations et les emprisonnements des dirigeants de l'IRA dont son président et un militant associatif de Kawtal avant leur libération forcée grâce à la pression des ONG nationales et internationales.Un camouflet de Ould Aziz qui va aiguiser les contradictions d'un pouvoir qui veut sortir difficilement de son piège communautaire en profitant d'un certain sommet arabe pour attiser les flammes des émeutes dans un quartier des nombreux Gazras ou bidonvilles de la capitale.
La suite arrestations de 13 militants anti esclavagistes tortures en détention à Nouakchott avant la tenue d''un procés dont les procédures sont contestées partout et qui les condamnera de 3 à 15 ans de prison et dont le transfèrement à Bir-Moghrein est considéré par l'opposition comme une violation de compétences territoriales.Aujourd'hui l'un de ces prisonniers politiques évacué à l'hôpital de Nouakchott est gravement malade.Malgré les protestations de la communauté internationale le gouvernement fait la sourde oreille aux enquêtes demandées et n'est pas prêt à revenir sur ses décisions. L'autre partie visible de l'iceberg ce sont les 20 000 réfugiés mauritaniens officiellement rentrés en 2008 répartis dans le Sud du pays dont ils sont originaires avant leur déportation du Sénégal et du Mali en 89.Avec l'introduction du recensement biométrique beaucoup d'entre eux sont devenus des apatrides et étrangers chez eux.Ce sont les enfants qui en font plus les frais ainsi que certains fonctionnaires qui n'ont pas jusqu'ici réintégrés la fonction publique. Beaucoup de réfugiés ont perdu leurs terres et leur bétail.La politique agricole leur tourne le dos et fait d'eux des anciens propriétaires terriens en errance et sans droits. Une réalité que cache mal les participants au dialogue national qui reconnaissent la nécessité de poursuivre le processus du règlement du passif humanitaire .
Une hypocrisie du régime de Ould Aziz qui a suspendu volontairement le retour de plus de 10 000 réfugiés qui continuent de vivre des calvaires au Sénégal et les milliers de réfugiés au Mali dont les autorités de Nouakchott ne parlent jamais.L'irresponsabilité des pouvoirs publics de croire au règlement du passif humanitaire en le soldant c'est à dire en indemnisant seulement les victimes est une fuite en avant. Ould Aziz sacrifie l'Etat de droit qui consiste à reconnaître la responsabilité de l'Etat dans ces crimes commis par un autre régime et oublie l'essentiel c'est à dire l'immunité des auteurs présumés dont la grande majorité issue de l'armée ne sont pas inquiétés et se promènent aujourd'hui à travers le monde sous de fausses identités.En définitive ces oubliés de la République( les Hratins et les réfugiés mauritaniens du Sénégal) qui représentent plus de la moitié de la population sont victimes de discriminations et de la fracture sociale.Une preuve supplémentaire d'un dialogue prémédité dont le seul but est de légitimer un régime aux abois et de plus en plus pointé par la communauté internationale et contesté par les mauritaniens.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 23 octobre 2016)
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