Ce discours du Président du PMRC, a été jusqu'ici, le seul" événement" de ce "Dialogue" que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a tenu à ouvrir, en dépit du bon sens, en choisissant ses propres acteurs et en faisant en sorte que l'ensemble de l'opposition démocratique, y compris sa légale "Institution de l'opposition", la quasi totalité de la société civile active et non inféodée et des syndicats de masse indépendants ainsi que l'essentiel des personnalités indépendantes de dimension nationale…en soient exclus.
Il n'y a aucune raison de critiquer les participants à cette énième grand-messe. Chacun est libre de ses choix. Cependant, le propre du fait politique est de relever, par essence, des "affaires communes" et donc d'être d'emblée, du ressort de tous et de chacun. D'ailleurs, comme c'est toujours le cas dans ces occasions minutieusement mises en scène, beaucoup de ces participants cooptés par le pouvoir, directement ou indirectement, ne se privent jamais du plaisir de décocher quelques flèches parfides en forme de tirades plus ou moins bien ajustées à l'encontre des absents, présentés comme des "radicaux du dimanche", des " apôtres de la politique de la chaise vide" voire des "pyromanes", des "apatrides" et d'autres fort généreuses expressions. Dans ces cas là, en effet, il est presque naturel que toute critique formulée à l'encontre du pouvoir organisateur, soit ressentie, par principe d'identification grégaire, aux autres participants. Le pouvoir compte précisément sur cette tendance à la défense grégaire pour faire bonne mesure avec son image d'acteur isolé.
Mais passons. Revenons au discours de M. Balas à qui me lie une amitié personnelle de plusieurs décennies et que les aléas et divergences, sans doute passagers de la vie politique ( si mouvante dans notre pays de vents et de sable) ne sauraient facilement détruire.
Son discours a eu un franc succés. Je l'ai entendu et lu, de bout en bout, et j'avoue qu'en dehors de sa grande théatralité et de la force de certaines formules chocs, je ne partage pas du tout l'engouement voire la ferveur de nombre des commentaires venant d'en dehors des rangs du pouvoir. Qu'a t'il dit de si courageux ?
Dans le menu, il a décrit certaines injustices et tares sociales que vivent l'immense majorité des mauritaniens, dans nombre de domaines de la vie politique, économique et sociale. Des faits lncontestables ont été cités surtout, à raison, ceux qui touchent les populations devenues de plus en plus, les plus vulnérables du pays, à savoir, les Hrattines et les négro-africains. La description est imagée, colorée et touche les esprits et les coeurs. Bref, par de nombreux aspects, le discours a fait mouche et susicite compassion pour les victimes et indignation à l'encontre des responsables. Pour tout celà, ce discours a effectivement un effet de réveil pour des participants qui, sinon, se seraient sans doute morfondus d'ennui en attendant de voir ce que le Maître de Ceans sortirait de sa besace, en termes de pirouettes et jeux d'illusions constitutionnalistes pour se perpétuer. M. Balas a rendu le "dialogue" moins fade en créant "un évènement dans le vide", et en sortant la masse des applaudisseurs de leur torpeur et de leur interrogation sur ce qu'ils pouvaient bien être amenés à applaudir aprés le passage du chef. Et si, en bonus, ce qu'il avait dit était suffisamment corsé pour provoquer de longues, tonitruantes et clairement feintes indignations dans le Palais du Congrés, alors il aurait réussi le plus important de l'épreuve: prouver à la face du monde que le "dialogue" n'était pas un monologue et que ceux qui sont venus de partout et, sans doute aussi, de nulle part, n'étaient pas lâ que pour adouber par anticipation, les choix "stratégiques" de M. Ould Abdel Aziz, mais aussi, si possible, pour se répandre en vérités publiques inouies, quitte à ne pas remettre en cause lesdits choix, in fine.
Mais la mémoire humaine est sélective. On a retenu ce qu'il a dit de négatif dans certaines pratiques actuelles au pays mais on fait l'impasse sur ce qui, précisément, aurait fait de ce discours, un discours authentiquement courageux.
Il a d'abord dit et répeté ce que voulait entendre M. Ould Abdel Aziz, à savoir que contre le President Sidi Ould Cheikh Abdallah, il n'a pas fait un putsch, un aggiernemento, un coup d'Etat mais une "Rectification". Tout est là. Et le reste c'est clairement du sérère!
Mieux, il argumente et justifie ce coup d'Etat insensé qui est à l'origine de la crise actuelle et des interminables séquences de "dialogue sans protagonistes", depuis 2008. Il affirme en effet, sans broncher, que M. Le Président qu'il a litteralement sous les yeux, a agi pour le bien du peuple et que ce dernier est sorti dans la rue pour l'en remercier. Le vrai acte de courage, n'eût-il pas été de dire, puisqu'il faut parler de cet épisode, " Vous avez fait un Coup d'Etat pour motif et convenance personnels et, depuis lors, vous avez destabilisé la République, ses institutions et son rythme de vie politique". De maniéré génerale, le courage n'aurait-il pas consisté, aprés avoir cité les méfaits et les destructions d'hier, de citer, ceux qui sont en cours, clairement, nettement, sans ambiguité, par exemple le refus de reconnaître des partis politiques dont on n'a pas hésité, pourtant, à leur octroyer une reconnaissance de facto, voire de jure, lorsque des besoins électoralistes ou d'élargissement du cercle famelique des "dialoguistes" impose de force de les inclure au dernier moment? Que n'a t'il dénoncé ces procés iniques et ses condamnations hors normes, ces tortures, ces déportations dans des lieux-bagnes dont sont victimes des gens innocents et dont le seul crime est d'avoir exprimé en toute légalité, leur opinion politique ou sociale! Cela aurait été courageux de dire clairement, nettement, l'inquiétude devant ces tergiversations et ces maneouvres qui ont entouré et continuent d'entourer en un halo opaque, la grave question de son départ définitif et sans retour sur la scéne des institutions de l'Etat, une fois fini cet éniéme.mandat- que ce qui nous tient lieu de constitution, lui impose a minima de respecter.
On peut constinuer ce commentaire et mettre le courage de M. Balas( que tous ceux qui, comme moi, le connaissent ne sauraient contester) en balance avec lui même, mais ailleurs qu'au Palais des Congrés, ce palais des illusions, ce palais des miroirs aux alouettes.
Tout le monde peut constater que les plus fervents admirateurs de ce courage décalé furent encore une fois, certains milieux negroafricains. Un peu comme lors du fameux discours de Kaedi. C'est que, comme alors, ils sont toujours amnésiques, pompeusement, gravement. Rien de ce que M. Balas met sur le compte et l'actif de M. Ould Abdel Aziz, ne lui appartient. Rien. C'est Sidioca qui a tranché sur le vif la question du retour et des indemnisations des déportés. C'est son Ministre de l'Intérieur, le courageux M. Yall qui partit lui même les acceuillir à son Rosso. C'est M. Sidioca et son régime qui, pour la première fois reconnurent la déportation et la responsabilité de l' Etat, dans ces crimes contre l'humanité. Ce que la sélective mémoire de baucoup de bien-pensants de l'élite négro-africaine feint d'ignorer, elle souvent si prompte à pleurer sur son pauvre sort tout en se complaisant dans un victimisme fétide et souvent particulariste, c'est qu'une partie considérable de l'argumentaire des frondeurs, parlementaires, hommes d'affaires ou militaires, se fondait sur le fait que Sidioca se serait apprété à donner le pouvoir aux noirs, aux kowris et, accéssoirement, aux sénégalais. Comment peut on oublier celà, alors que nombre des protagonistes et auteurs de ces thèses étaient assis, chaudement, dans de douillets fauteuils au Palais des Congrés et buvaient le discours de M. Balas comme du petit lait? Avant celà d'ailleurs, nombre d'entre eux avaient participé à l'élaboration du grand consensus issu des fameuses journées de concertation qui avaient suivi le coup d'Etat de 2006 et oû, rien de ce qu'avait décrit M. Balas ne fut en reste….
Tendez à un homme qui se noie un biface acéré ou une branche d'épines d'acacias. Vous verrez comment il s'y aggripera, avec l'énergie du désespoir, comme sur une planche de salut. Une grande partie de nos poplutaions, surtout les plus vulnérables d'entre elles, sont prêtes à s'aggriper à des bifaces acerées et à des branches épineuses d'acacias. Elles veulent ètre entendues, à défaut de voir leurs difficultés résolues. Les hommes qui savent adopter le bon ton et ont la science de formules chocs peuvent facilement leur apparaître comme des hommes providentiels. Ce dialogue n'est pas providentiel. Il n'est pas inclusif et ses résulatts risquent de donner l'effet inverse à ceux qui en gardent encore l'espoir comme ces fameuses et illusoires "grandes réalisations"
Gourmo Abdoul LO
Facebook (Le 1 octobre 2016)
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