Hillary Clinton dans une mauvaise passe

Ce devait être une cérémonie placée sous le sceau du recueillement et de l’unité de la nation, marquant une trêve politique dans le débat acrimonieux de la campagne présidentielle américaine.

Mais la quinzième commémoration des victimes des attentats du 11-Septembre, qui s’est déroulée dimanche à New York, a connu un véritable coup de théâtre à moins de deux mois du scrutin. Après avoir fait un malaise lors de l’événement, Hillary Clinton a révélé qu’elle était traitée pour une pneumonie depuis deux jours.

Tandis que les noms des victimes des attentats étaient égrenés à la tribune par les représentants des familles, celle qui était sénatrice de l’Etat de New York en 2001 a été obligée d’être évacuée au bout d’une heure et demie de cérémonie. Celle-ci se déroulait sous un temps nuageux, humide, alors que la température extérieure avoisinait 27 °C. Dans un premier temps, le malaise avait été interprété comme un coup de chaleur. Mais en fin d’après-midi, le médecin de Mme Clinton, Lisa Bardack, expliquait dans un communiqué rendu public par l’équipe de campagne de la candidate que celle-ci « souffrait d’une toux liée à des allergies. Vendredi, lors de l’examen de cette toux prolongée, une pneumonie a été diagnostiquée », informe le communiqué.

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Selon son médecin, Mme Clinton a été placée sous antibiotiques, et il lui est conseillé de se reposer et de modifier son agenda. La candidate devait d’ailleurs se rendre lundi en Californie pour une levée de fonds et participer à une émission de télévision, mais son équipe de campagne a annoncé qu’elle suspendait toute activité pendant deux jours, lundi 12 et mardi 13 septembre.

Le représentant démocrate de New York, Joe Crowley, qui était à proximité du lieu de l’incident, a déclaré à la chaîne de télévision MSNBC que la candidate « étouffait » durant la cérémonie. La scène s’est passée à l’écart des caméras, mais dans une vidéo amateur, on voit Mme Clinton être raccompagnée dans un fourgon. Elle est soutenue par trois personnes de son entourage, alors qu’elle ne tient pas sur ses jambes.

Suspicions du camp Trump

Après avoir été installée avec difficulté dans le véhicule, la candidate démocrate a été conduite à l’appartement new-yorkais de sa fille Chelsea, situé à quelques blocs de Ground Zero. La candidate démocrate, âgée de 68 ans, en est ressortie peu avant midi en déclarant, lunettes de soleil sur le nez : « Je me sens très bien. C’est une belle journée à New York », avant de se faire raccompagner vers sa résidence de Chappaqua, au nord de New York. Là, elle a été examinée par son médecin, qui a expliqué que Mme Clinton avait été victime d’une déshydratation, mais qu’une fois réhydratée, elle récupérait bien.

« Chaque fois que je pense à Trump, je deviens allergique »
Hillary Clinton

Cette révélation est de nature à alimenter les suspicions du camp de Donald Trump. Ce dernier ne cesse de marteler que la candidate démocrate a des soucis de santé, qui hypothèquent son aptitude à devenir présidente des Etats-Unis. Le sujet fait même l’objet d’un mot-dièse sur Twitter sous l’intitulé #HillarysHealth. Immédiatement interrogé sur l’incident, le candidat républicain, qui, lui aussi, assistait à la cérémonie à Ground Zero, a déclaré : « Je ne sais rien à propos de cela. » Même si M. Trump n’avait toujours pas réagi à la révélation de la pneumonie, dimanche soir, il est probable qu’il va tenter d’utiliser la nouvelle pour attaquer son adversaire.

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Le milliardaire new-yorkais a déjà tenté d’exploiter les quintes de toux récurrentes auxquelles Mme Clinton est sujette ces derniers temps. Lors d’un meeting à Cleveland (Ohio) la semaine dernière, la candidate démocrate a ainsi été prise d’une crise qui l’a obligée à arrêter son discours pendant plusieurs minutes. « Chaque fois que je pense à Trump, je deviens allergique », avait-elle plaisanté. Mais son adversaire n’avait pas hésité à profiter de la situation pour demander à ce que « les deux candidats publient des bilans médicaux détaillés », bien que le candidat républicain, âgé de 70 ans, soit resté lui-même jusqu’à ce jour peu prolixe sur son état de santé.

Incroyable gaffe

Le lendemain de ce meeting, Mme Clinton avait confié à des journalistes qu’elle était sous antihistaminique pour traiter des problèmes d’allergie. Il a donc fallu attendre vendredi 9 septembre pour que sa pneumonie soit diagnostiquée et quarante-huit heures pour en révéler l’existence.

En juillet 2015, le docteur Bardack avait signé une lettre dans laquelle elle affirmait que Mme Clinton était dans une « condition physique excellente et apte à exercer » la présidence. Le document indiquait juste qu’elle souffrait d’hypothyroïdie et d’allergies au pollen.

Pour Mme Clinton, il s’agit du second coup dur d’un week-end qui avait mal commencé vendredi, lors d’une soirée de levée de fonds. La candidate avait en effet commis une incroyable gaffe en traitant les électeurs de Donald Trump de « pitoyables ». Elle avait ainsi assuré devant des caméras de télévision, que « pour généraliser grossièrement, vous pouvez mettre la moitié des partisans de Trump dans le panier des pitoyables », ajoutant : « Les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. A vous de choisir. »

Moment charnière

Des déclarations qui ont enflammé le débat électoral, poussant Mme Clinton à tenter de désamorcer la polémique. « Généraliser grossièrement n’est jamais une bonne idée », s’est-elle excusée. Ce faux pas résonne étrangement avec celui commis il y a quatre ans par le Républicain Mitt Romney, qui lui aussi avait distingué deux électorats : les makers (ceux qui « font ») et les takers (ceux qui « prennent »), laissant entendre que ces derniers, représentant 47 % de la population, étaient des assistés. Cette insinuation avait constitué un moment charnière dans la précédente élection présidentielle, finalement remportée par Barack Obama.

Une analogie que Donald Trump ne s’est pas privé de souligner. « Hillary Clinton vient d’avoir son moment 47 %, a-t-il raillé sur Twitter. Quelle terrible chose n’a-t-elle pas dite à propos de tant d’Américains respectables », ajoutant : « Alors que beaucoup de ses partisans ne voteront jamais pour moi, je les respecte tous quand même. »

Alors qu’il est encore trop tôt pour parler d’un tournant de la campagne 2016, un sondage Washington Post-ABC, publié dimanche, montre que la candidate démocrate fait toujours la course en tête avec 46 % des intentions de vote, contre 41 % pour son adversaire. Toutefois, cette enquête a été réalisée avant ce week-end compliqué pour Mme Clinton. (New York, correspondant)

Stéphane Lauer

Correspondant à New York

 

Source : Le Monde

 

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