A La Mecque, le pèlerinage à coups de clics, tweets et gadgets

Le bras tendu pour montrer le pèlerinage en temps réel à des proches via un téléphone, les yeux rivés sur les prières téléchargeables ou marchant sous une ombrelle ventilée grâce à l'énergie solaire: les pèlerins de La Mecque se montrent friands de high-tech.

Des conseils vestimentaires aux recommandations pour les diabétiques, il existe désormais des sites et des applications mobiles prodiguant toutes sortes de conseils aux deux millions de musulmans qui ont convergé en Arabie saoudite pour le pèlerinage annuel, le hajj, qui débute samedi.

Ces dernières années, la technologie s'est invitée dans tous les espaces du hajj. De l'achat des billets d?avion aux photos souvenirs mises en ligne en passant par les imams qui répondent aux questions sur internet, le spirituel passe aujourd'hui aussi par le virtuel.

Dès qu'ils ont posé un pied en Arabie saoudite, Abdelhadi Zuraan, 27 ans, et son épouse, deux Jordaniens installés en Corée du Sud, ont téléchargé sur leurs smartphones l'application lancée par les autorités saoudiennes pour le hajj.

Depuis, ils s'y réfèrent régulièrement, au gré des étapes du pèlerinage, assurent-ils à l'AFP après s'être photographiés près de la Grande mosquée, lui entièrement vêtu de blanc et elle drapée dans un grand voile noir. Les photos sont envoyées directement à leurs familles.

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Un bracelet d'identification électronique destiné aux pèlerins à La Mecque, présenté le 8 septembre 2016 par un officiel saoudien

"On a appris les rituels avant de partir mais, à tout moment, on peut les retrouver sur différentes applications", explique Hazem Hamdi, comptable de 39 ans venu du Caire qui garde toujours son téléphone en main.

– 'Partage en temps réel' –

"Le hajj est souvent comparé à une conversation privée entre le pèlerin et Dieu", note le chercheur Shahed Amanullah dans une étude sur l'impact de la technologie sur le hajj. Aujourd'hui, "la technologie permet aux pèlerins de partager cette conversation en temps réel avec la famille et les amis".

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Des pèlerins musulmans dans les rues de La Mecque, le 6 septembre 2016

Un partage qui a ses inconvénients. "Avant, les pèlerins devaient prouver leur patience face aux difficultés physiques du pèlerinage" qui inclut de longues marches sous une chaleur accablante, poursuit M. Amanullah.

Aujourd'hui, la Grande mosquée est climatisée et le parcours du pèlerinage qui passait par des monts escarpés est désormais facilité par des escaliers mécaniques. La patience du pèlerin est mise à l'épreuve d'une autre manière "par les sonneries incessantes des téléphones et les distractions visuelles des panneaux publicitaires", relève le chercheur.

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Vue générale des pèlerins à La Mecque, dans l'enceinte de la Grande mosquée, le 6 septembre 2016

Le changement semble irréversible. Jusqu'à récemment, les autorités ne laissaient personne pénétrer dans la Grande mosquée avec un appareil photo. Aujourd'hui, il faut se frayer un chemin parmi les pèlerins, portable en main, qui prennent la pose. A chaque étape, chaque station sacrée ou vénérée, on ne compte plus les photos et vidéos partagées sur les réseaux sociaux ni les commentaires et autres hashtags.

Avant le départ, le web regorge de blogs avec des conseils pratiques, des récits de voyage modernes qui mêlent selfies et clichés de la Kaaba, cette construction cubique recouverte d'une tenture noire vers laquelle les musulmans se tournent pour prier.

– 'Parapluie intelligent' –

"La technologie fait maintenant partie du hajj", note Kamel Badawi, ingénieur mecquois qui avec une collègue palestinienne, Manal Dandis, a inventé un "parapluie intelligent".

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Le hajj

A cet objet utilisé comme une ombrelle et devenu indispensable pour se protéger du soleil brûlant, ils ont ajouté quelques boutons, des ports USB et une dizaine de bandes de capteurs solaires pour créer le premier parapluie changeant le soleil en air frais.

L'énergie solaire collectée par les capteurs alimente un ventilateur pour rafraîchir le pèlerin, mais aussi la poignée du parapluie qui peut servir de chargeur pour téléphone et de géolocalisation GPS.

La localisation est l'une des principales préoccupations des pèlerins, explique Kamel Badawi qui depuis des décennies est volontaire pour accompagner des musulmans venus des quatre coins du monde dans la ville où il est né.

Pour les aider à se retrouver dans la foule et dans le dédale de rues, ruelles et allées formé par des barrières mobiles pour canaliser le flux des pèlerins, les deux ingénieurs ont aussi mis au point une application pour mobile.

Wussul, "arrivée" en arabe, est une application interactive qui "répertorie des voies que le GPS traditionnel ne reconnaît pas et permet en temps réel au pèlerin de s'orienter", détaille M. Badawi. "Elle permettra aussi, une fois que nous l'aurons finalisée, à des groupes de géolocaliser leurs membres si jamais ils se perdent dans la foule", ajoute-t-il.

Un outil qui, espèrent les deux ingénieurs, permettra d?éviter la tragédie de 2015, quand quelque 2.300 pèlerins ont péri dans la bousculade la plus meurtrière de l?histoire du hajj.

 

Source : AFP via Courrier international

 

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