En juin 2015, l'organisation WikiLeaks a mis en ligne des dizaines de milliers de câbles secrets du ministère des Affaires étrangères saoudien. Certaines révélations avaient une valeur journalistique, mais il s'avère que de nombreuses informations sensibles sur des personnes privées sans liens avec le pouvoir ont aussi été publiées, rapporte The Associated Press.
Par exemple, WikiLeaks a révélé le nom d'adolescents victimes de viol, ainsi que le nom d'un citoyen saoudien gay qui a été arrêté en raison de son orientation sexuelle, une révélation potentiellement très dangereuse dans la mesure où l'homosexualité est passible de mort en Arabie Saoudite.
Plus de cent dossiers médicaux
Des journalistes de l'Associated Press ont interviewé vingt-trois personnes, la plupart en Arabie Saoudite, dont les informations privées avaient été mises en ligne. Beaucoup n'étaient pas au courant, et certaines ont été horrifiées de cette violation de leur vie privée. Plus de cent dossiers médicaux ont été publiés, ainsi que des informations sur des procédures de divorce et les dettes bancaires de citoyens. On peut notamment y apprendre que certaines personnes ne sont pas fertiles ou souffrent de maladies sexuellement transmissibles.
De même, lorsque le groupe a publié les emails de leaders du parti démocrate en juillet, des informations personnelles sans intérêt journalistique ont aussi été mises en ligne. Des numéros de sécurité sociale et de cartes bancaires se sont retrouvés sur le site, et deux personnes ont dit à l'Associated Press qu'elles avaient été victimes de tentatives d'usurpation d'identité après la fuite en question.
WikiLeaks ne contrôle plus grand chose
De plus, selon un chercheur spécialisé dans les virus informatiques, WikiLeaks ne prend aucune mesure pour protéger ses lecteurs dans la mesure où le site est plein de virus.
En 2010, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange déclarait que son organisation avait «une politique de minimisation des dégâts» et que les dossiers médicaux étaient des «secrets légitimes». Mais depuis, Assange a durcit sa position sur le sujet. En 2013, WikiLeaks avait abandonné sa politique de censurer certaines informations sensibles.
Dans un tweet, l'organisation avait expliqué que protéger des données était une façon de «légitimiser la fausse propagande selon laquelle "informer est dangereux"». En juillet, le lanceur d'alerte Edward Snowden avait critiqué la tendance de WikiLeaks à refuser toute curation de leurs données en ligne.