Nouakchott devant la Société Générale : passer du bikini au chauffard de la Garim…

La journée avait mal commencé avec une succession de petits signes devant lesquels le plus philosophe superstitieux eût fait demi-tour pour ne plus bouger de la maison comme les mythes maures assurent que la vue d’un forgeron de bon matin est l’assurance d’une journée sans rezeug…

 
A 41 ans, après une longue pratique de la superstition académique celle où les statistiques renforcent les postulats pour les transformer en vérité qui craint l’effet papillon au moindre battement de signe évident, j’ai su dès le deuxième signe présumé de la journée que quelque chose de sinistre allait se passer.
 
Vers 16 heures, ayant réglé le problème majeur de la matinée en ayant contourné un deuxième mauvais signe, j’ai cru que le premier était le signe du deuxième et le deuxième la confirmation du premier. Ne voyant rien d’autre venir en fin d’après-midi à moins d’un coup de fil m’annonçant une catastrophe comme c’est déjà arrivé, j’ai décidé de m’éloigner de la civilisation pour amoindrir les risques.
 
J’ai déposé mon petit garçon chez son grand-père maternel passer deux heures avec lui dans la piscine et j’ai pris la direction de la plage comme je le fais 3 fois par semaine pour prendre l’air, m’éloigner de l’ordi, « plonger en soi et pendant des heures ne rencontrer personne » comme dit l’autre.
 
Le soleil avait perdu en puissance sous l’effet de quelques nuages. Temps idéal pour  les maures pour aller à la plage afin de ne pas noircir car chez nous plus qu’ailleurs bronzer signifie travailler au soleil ce qui est réservé soit aux ouvriers soit au citoyen lambda de la classe moyenne qui court toute la journée pour régler un problème domestique, mécanique soit pour joindre les deux bouts.
 
Je me suis vite débarrassé de mon tee-shirt et j’ai plongé pour une heure ou deux sans sortir de l’eau. Barboter, faire de l’apnée,  faire la planche, se laisser dériver, nager jusqu’à épuisement, se laisser emporter par le courant en freinant avec les mains dans le sable fin, le tout en regardant les reflets du soleil qui commence à se coucher. De temps en temps plonger sa main dans le sable à la recherche de sébettes et les imaginer  passer tout frais à la poêle comme il faut avec certaines herbes. Finir par les jeter comme on fait des ronds dans l’eau.
 
Puis sortir faire une marche au gré du ressac sur les pieds en regardant le vol d’une mouette aussi curieuse de moi que je le suis d’elle, parfois un pélican égaré, une escadrille des flamants roses et même quelques dauphins.
 
Du lundi à Jeudi, à 15 minutes du centre-ville on peut à Nouakchott se retrouver seul sur une plage déserte surtout que la sécurité a été réglée pour quelque temps avec les rafles avant l’arrivée des arabes qui ont fait grimper le nombre de prisonniers.
 
Le week-end dès vendredi surtout samedi et dimanche, c’est autre chose dans les seuls endroits où on peut aller manger au bord de l’eau ou passer la journée sous une tente en arrivant les mains vides.
 
Aujourd’hui j’y étais et pendant que je  profitais de l’eau à une température de rêve sans méduses et sans courant aujourd’hui, soudain, entre parents, enfants, voiles et boubous, je vois une européenne élancée qui s’apprête à aller nager en bikini. N’étant pas un islamiste en galère qui ne voit des bikinis que sur youtube, d’habitude je ne fais pas un spectacle d’une telle vue sauf que cette fois, j’ai cru reconnaître la charmante créature : une italienne de Sardaigne aussi bien dans sa peau que les yeux qui la verraient entrer dans l’eau ne seraient pas malheureux d’être aussi bien à leur place.
 
 
 

Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (Le 21 août 2016)

 

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