Dans une lettre adressée aux Nations unies, citée hier par l’AFP, le secrétaire général du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a rejeté les explications marocaines évoquant «une opération de lutte contre la contrebande». Il a évoqué une «escalade systématique» du Maroc au Sahara occidental, un territoire que se disputent Rabat et les indépendantistes du Front Polisario depuis 40 ans. «Toute argumentation présentée par l’occupant marocain pour ces agissements demeure infondée et sera rejetée», a observé M. Ghali.
Le Polisario a accusé les forces de sécurité marocaines d’avoir agi au-delà du «mur» de défense, une barrière de sable bâtie sur près de 2500 kilomètres par Rabat dans le Sahara pour neutraliser le Polisario. «Les forces marocaines ont mobilisé des unités militaires, en violation de la zone en question, soutenues par des unités mobiles de transport et de génie militaire, appuyées par une reconnaissance aérienne», a relevé Brahim Ghali dans sa lettre.
Selon Rabat, l’opération menée depuis dimanche par la douane et les services de sécurité marocains dans la région de Gargarate, proche de la Mauritanie, vise à «mettre fin aux activités de contrebande et de commerce illicite». Les autorités marocaines affirment notamment avoir évacué «trois points de rassemblement de carrosseries de voitures et de camions d’occasion» et saisi 600 voitures.
La région de Gargarate, au sud-ouest du Sahara occidental, est traditionnellement le théâtre de nombreux trafics vers l’Ouest africain, notamment de voitures volées. Les Nations unies ont indiqué, début août, préparer une «proposition formelle» pour relancer les négociations sur le Sahara occidental, dans l’impasse actuellement. En août 1979, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara occidental. Une aubaine pour les forces marocaines, qui n’ont pas tardé à s’y déployer. Entre 1980 et 1987, le Maroc construit un mur militarisé qui partage en deux le territoire sahraoui. Un cessez-le-feu est signé sous l’égide de l’ONU en 1991, à la condition qu’un référendum d’autodétermination soit organisé. Rabat propose comme solution une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Option rejetée par les Sahraouis, qui souhaitent l’indépendance.
Blocages
Envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental, James Baker présente un plan, en 2003, qui prévoit un régime d’autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d’un référendum comportant l’option de l’indépendance. Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans vivant au Sahara occidental depuis au moins 4 ans. Accepté par le Polisario, le plan est rejeté par le Maroc.
D’où la démission de Baker en 2004. En juin 2007 s’ouvre la première session des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario en présence des Etats voisins, à savoir l’Algérie et la Mauritanie, à Manhasset (New York) sans aboutir à une solution. En mai 2012, le Maroc retire un temps sa confiance à Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon, l’accusant de «partialité». Mi-juillet dernier, le Maroc a exprimé sa volonté de regagner l’Union africaine (UA), qu’il avait quittée en 1984 pour protester contre l’admission de la République sahraouie.
Mais dans un discours prononcé à la fin du même mois à l’occasion du 17e anniversaire de la Fête du trône, le roi du Maroc, Mohammed VI, a déclaré que la récente décision de son pays de réintégrer l’UA ne signifiait pas le renoncement du royaume à ses droits sur le Sahara occidental. «La décision du Maroc de réintégrer sa famille institutionnelle africaine ne signifie en aucune manière le renoncement du royaume à ses droits légitimes ou la reconnaissance d’une entité fictive dénuée des attributs les plus élémentaires de souveraineté», avait-il indiqué en référence au Sahara occidental.
Amnay idir
Source : El Watan (Algérie)
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