Tracas des occidentaux en Mauritanie : à quoi joue le pouvoir mauritanien ?
kassataya
Pour aller au Maroc, les français, une bonne partie des européens et bien d’autres pays du monde n’ont pas besoin de visa comme les sénégalais, les maliens et même les algériens… Oui !
Même les algériens sont dispensés de visa pour entrer au Maroc pourtant en guerre froide contre l’Algérie, c’est dire combien le Maroc évite de mêler les peuples aux querelles entre les pouvoirs. Le Sénégal en représailles contre la France a instauré en 2013 le visa biométrique avant de retirer ce coup de menton deux ans plus tard voyant le désastre en matière touristique.
La Mauritanie, quant à elle, semble ne plus rien espérer du tourisme. Pire… Le pouvoir mauritanien joue un jeu malsain contre les ressortissants occidentaux pour plusieurs raisons. D’abord une raison légale mettant tous les étrangers du nord au sud à la même enseigne celle du cas par cas verni d’arbitraire. Cela fait plaisir à un certain milieu mauritanien qui se dit victime des tracasseries Schengen, d’entendre de pauvres ressortissants occidentaux perdus dans les méandres de l’administration à la recherche d’une carte de résident.
Ainsi, on a vu un temps sans papiers des chefs de projet gérant des millions d’euros au bénéfice de la Mauritanie, on a vu des religieuses chrétiennes à qui l’administration mauritanienne demandait un acte de mariage, on a vu de paisibles retraités auxquels l’administration a lancé « si vous êtes retraités, que venez-vous faire en Mauritanie ? » car pour l’agent, un toubab qui vit en Mauritanie, c’est juste pour profiter d’un salaire monstrueux d’expatrié sinon c’est louche…
Au niveau des visas mauritaniens, c’est le racket le mieux administré : même les européens ne pratiquent pas un tel tarif et les américains ont communiqué à ce sujet, estimant qu’ils étaient obligés, au titre de la réciprocité, d’augmenter le prix du visa après que la Mauritanie ait rehaussé le sien.
D’ailleurs jadis, les USA donnaient généreusement des visas de 5 ans à tout mauritanien inconnu des services de sécurité, désormais c’est maximum un an car là encore la Mauritanie a dégainé la première contre les USA obligés de réagir au titre de la réciprocité.
Ainsi, le visa mauritanien coûte 120 euros pour un mois mais contrairement au visa Schengen, le touriste européen en Mauritanie n’a droit qu’à une entrée et une sortie. Bilan si ce touriste veut aller faire un saut culturel à St-louis du Sénégal, première capitale de la proto-Mauritanie, il devra payer au retour un autre visa de 120 euros.
Un segment du pouvoir mauritanien à la manœuvre actuellement, comme tout pouvoir dur avec les faibles et lâche avec les forts, fait tout pour monter les mauritaniens contre les occidentaux pendant qu’en coulisse, on embrasse le partenaire en sécurité, le financier de la coopération.
Pourquoi les chancelleries occidentales semblent laisser faire ? Au rayon migratoire et sécurité, il y a entre les occidentaux et la Mauritanie un intérêt commun à éloigner de Mauritanie les occidentaux non indispensables aux intérêts stratégiques occidentaux : les touristes et les résidents par amour de la Mauritanie ou parce qu’ils travaillent dans le social, des ONG au service du petit peuple mauritanien.
Ces occidentaux-là donnent des sueurs froides aux pouvoirs occidentaux et mauritanien car d'une part moins d'occidentaux en Mauritanie, c'est moins de victimes en cas d'attentat et autre enlèvement ; d'autre part, en ces temps de droitisation du nord au sud, ils cultivent le métissage des peuples, ce qui augmente potentiellement les immigrés en occident en pleine crise économique et crée en Mauritanie des métis, premiers ennemis de la scène ethnicisée et tribalisée à l’extrême, en même temps qu’ils sont un casse-tête pour l’administration mauritanienne qui ne sait où les caser.
Mais là s’arrête l’intérêt occidental de voir le pouvoir mauritanien tracasser les occidentaux et les inviter indirectement à rentrer chez eux, ce qui fait plaisir à la population bien radicalisée contre les étrangers occidentaux, un peu comme en Europe, on assiste à une montée de l’islamophobie. Les dynamiques sont les mêmes de chaque côté, tous les peuples payent pour les politiques étrangères de leur état ou les divagations meurtrières de leurs "coreligionnaires" de près ou de loin. C’est exactement ce que le Maroc a évité jusque-là. Une incroyable exception sur la scène internationale dont bien des états devraient s’inspirer même si les noirs y souffrent d'un racisme aigu comme dans le reste du maghreb arabe.