Un jugement en appel qui confirme celui de la première instance, a rapporté le site du magazine français "Nouvel Obs".
Le chef d’inculpation retenu contre l'écrivain et le journal est un chapitre de son livre "L’Usage de la vie", publié sous forme de feuilleton dans la revue littéraire égyptienne Akhbar al-Adab.
Le rédacteur en chef d’"Akhbar Al-Adab", Tarek Al-Tahe avait écopé d’une amende de 10.000 livres égyptiennes (soit 2820 dinars tunisiens).
Le plaignant est Hani Saleh Tawfik, un homme de 65 an, qui aurait eu des palpitations cardiaques qui ont failli le conduire à la mort selon lui à la lecture du chapitre en question. Il avait alors décidé de porter plainte pour atteinte à son "sens moral".
"L’Usage de la vie" est un roman qui raconte la vie de la jeunesse égyptienne et de ses frustrations sexuelles. Le personnage Bassem Bahgt mène une aventure charnelle avec une femme. Selon le Nouvel Obs, une des scènes décrit un cunnilingus: "J’effleure le tissu léger de sa culotte d’un baiser de papillon, puis je la lui retire. Je plonge ma langue dans son sexe".
Une affaire qui prête à rire ou anecdotique si elle n'avait pas mené le jeune écrivain en prison, prenant ainsi un tournant tragi-comique.
La Constitution égyptienne piétinée
Cette condamnation bafoue clairement la Constitution égyptienne de 2014 qui dans son article 65 dispose que: "la liberté de pensée et d'opinion est garantie. Toute personne a le droit d'exprimer son opinion par la parole, l’écriture, l’image, ou tout autre moyen d'expression et de diffusion" ainsi que l'article 67 qui énonce que: "la liberté de la création artistique et littéraire est garantie (… )Les poursuites judiciaires ne peuvent êtres engagées ou menées en vue de suspendre ou de confisquer toute œuvre artistique, littéraire ou intellectuelle, ou contre leurs créateurs, que par le ministère public. Aucune peine privative de liberté ne peut sanctionner un crime commis en raison de la nature artistique, littéraire ou intellectuelle d’une œuvre(…)"
Pourtant, en Égypte, cette affaire fait suite à une longue série d'affaires d'asservissement des libertés, mené par l'État. Avant Ahmed Naji, il y a eu la condamnation de Fatima Naoot, poétesse ayant écopé de trois ans de prison pour un post sur Facebook qualifié d'"insulte à la religion" pour avoir critiqué la pratique des sacrifices pendant l'Aid El Kbir".
Le présentateur de télévision Islam Al-Beheiry, avait été condamné à cinq ans pour "blasphème de l'islam", suite à un programme où il plaidait la réforme de l'islam.
Néanmoins, pour l'affaire Ahmed Naji, une lueur positive a jailli de cette polémique avec la traduction de l'arabe de son oeuvre par Frédéric Lagrange, professeur et directeur de l’UFR d’Etudes Arabes et Hébraïques de la Sorbonne, et Richard Jacquemond, professeur et spécialiste de littérature arabe moderne à l’Université d’Aix-Marseille dont un extrait est disponible sur le site de la Ligue Internationale des Droits de l’Homme, comme le rapporte le Nouvel Obs.
Rihab Boukhayatia
Source : Al HuffPost Maghreb
A lire aussi : En Egypte, deux ans de prison pour l’écrivain qui donnait des palpitations à ses lecteurs
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com