Des violences en Turquie dans la nuit de vendredi à samedi 16 juillet ont fait au moins 90 morts et plus de 1100 blessés, dont de nombreux civils, a annoncé un responsable turc samedi matin.1563 militaires ont été arrêtés, selon l'agence progouvernementale Anadolu.
Plus tôt dans la nuit des putschistes de l'armée ont tenté de prendre le pouvoir dans les plus grandes villes du pays, entraînant une violente riposte des autorités et le retour précipité de vacances du président Recep Tayyip Erdogan, qui semble avoir repris la main. Après que son Premier ministre Binali Yildirim assurait que tout était "largement sous contrôle", le président turc a déclaré samedi avant l'aube qu'il "y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple".
Accueilli à l'aéroport d'Istanbul par une foule compacte de sympathisants, Erdogan a adopté une attitude de défi, prédisant l'échec de la rébellion et assurant qu'il continuerait à assumer ses fonctions "jusqu'à la fin".
"Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés", a ajouté le président, fort du soutien de ses partisans qui ont massivement répondu à son appel à descendre dans les rues d'Ankara, Istanbul et Izmir. Il a félicité les Turcs pour être descendus "par millions" dans les rues, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire de manifestants conspuant les putschistes.
La situation dans ce grand pays de 80 millions d'habitants, membre-clé de l'Otan, était toutefois loin d'être réglée vers 06h (heure française), huit heures environ après l'annonce de la tentative de coup d'Etat.
Un avion a largué tôt samedi une bombe près du palais présidentiel à Ankara, et des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles aux abords du palais présidentiel, a indiqué la présidence. Peu après, une soixantaine de soldats rebelles qui avaient investi dans la nuit l'un des ponts suspendus enjambant le Bosphore à Istanbul se sont rendus, en direct à la télévision, aux forces de sécurité. Des F-16 ont également abattu un hélicoptère des putschistes.
Seize soldats rebelles ont été tués dans le quartier général de la gendarmerie turque à Ankara lors d'affrontements avec les forces loyalistes et 250 autres ont été arrêtés. Cinq généraux et 29 colonels ont été démis de leur fonction, a fait savoir le ministère de l'Intérieur.
Des coups de feu sporadiques étaient toujours audibles au petit matin dans les deux villes, après une nuit de violences marquée par des explosions causées, selon les médias, par des bombardements aériens. Le Premier ministre Yildirim a ordonné à l'armée d'abattre les avions et les hélicoptères se trouvant aux mains des militaires putschistes, selon un responsable turc. Il a a annoncé avoir nommé un nouveau chef de l'armée par intérim.
A son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, Erdogan a dénoncé "une trahison" des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré Fethullah Gülen, un imam exilé depuis des années aux Etats-Unis. "Je réfute catégoriquement ces accusations", a rétorqué ce dernier dans un communiqué. "J'ai souffert de plusieurs coups d'Etat militaires au cours des 50 dernières années et trouve donc particulièrement insultant d'être accusé d'avoir un quelconque lien avec cette tentative".
Quant au chef d'état-major de l'armée, qui selon les médias serait prisonnier des putschistes à Ankara à son quartier général, "j'ignore pour l'instant" son sort, a indiqué Erdogan. Le chef de l'Etat a affirmé que l'hôtel où il se trouvait en vacances à Marmaris, station balnéaire du sud-ouest de la Turquie, avait été bombardé après son départ.
Deux heures environ après l'annonce du coup d'Etat, le président Erdogan avait prédit son échec, la voix blanche à la télévision et s'exprimant depuis un endroit non précisé, avec un portable via FaceTime. (Voir ci-dessous)
La chaîne publique turque de télévision avait diffusé peu avant minuit (22h en France) un communiqué des "forces armées turques", faisant état de la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays. Les putschistes ont justifié leur "prise de pouvoir totale dans le pays" par la nécessité "d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'Homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir".
De nombreux habitants semblaient saisis d'inquiétude, voire de panique, et se sont précipités dans les magasins pour acheter bonbonnes d'eau et nourriture et aux distributeurs d'argent pour retirer des liquidités.
Source : Le HuffPost
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