Aïd el-Fitr : le sens d’une fête

Après vingt-neuf ou trente jours d’ascèse, les musulmans célèbrent cette semaine l’Aïd el-Fitr ou fête de la rupture du jeûne du mois de ramadan. Ce jour, qui est aussi le premier du mois lunaire de chawwal, est l’occasion de retrouvailles familiales, de célébrations et de festivités diverses selon les pays.

Mais partout, pour le pratiquant, cela passe d’abord par une prière collective matinale qui peut avoir lieu dans une mosquée ou dans des esplanades plus vastes. Le rite musulman interdit strictement de jeûner ce jour-là et la coutume est de prendre un léger petit déjeuner avant de se rendre à la prière (dans de nombreux pays, cette collation consiste en une poignée de dattes et du lait). Après la fin des festivités de l’Aïd, les croyants sont encouragés — mais ce n’est pas une obligation — à jeûner six jours durant le mois de chawwal (à la suite ou séparément). Ainsi, et selon plusieurs hadiths, ce jeûne ajouté à celui du mois de ramadan équivaut au jeûne d’une année entière.

S’il ne l’a pas fait à compter de la veille du vingt-septième jour du ramadan, le croyant doit s’acquitter, pour lui et sa famille, de la zakat el-fitr, autrement dit l’aumône de fin de jeûne et cela avant la prière de l’Aïd. En France, selon la Mosquée de Paris, ce don, qui peut être fait aux nécessiteux ou aux mosquées, est cette année de 5 euros. En attendant le début de cette prière qui, contrairement aux cinq quotidiennes, n’est pas appelée par le muezzin, les fidèles pratiquent le takbir, qui consiste à psalmodier ou à chanter la glorification, les louanges et l’unicité d’Allah. En s’adressant à l’assemblée, l’imam rappelle l’importance du jeûne dû à Dieu et, sous toutes les latitudes, son prêche fera référence à un hadith du Prophète pour qui «  le jeûneur connaît deux joies : une joie lorsqu’il rompt son jeûne [du mois de ramadan] et une joie quand il rencontre son Seigneur  ».

Avec l’Aïd el-Adha (jour du sacrifice du mouton), l’Aïd el-Fitr est l’une des deux plus importantes fêtes musulmanes, car sa dimension humaine, sociale et communautaire est très importante. Après la prière collective, il est ainsi de tradition de visiter (ou d’appeler au téléphone) ses proches et ses parents et de leur souhaiter un «  Aïd moubarak  ». La coutume veut aussi qu’il s’agisse d’un jour de pardon et de réconciliation. Dans plusieurs pays arabes, notamment au Maghreb, mais aussi en Indonésie ou en Malaisie, cette notion du pardon voire d’une «  remise des compteurs à zéro  » dans ses relations avec les autres est très importante. Mais cette fête est aussi, et surtout, celle des enfants. Ils portent des habits neufs achetés durant les derniers jours de ramadan et on leur offre des jouets, des confiseries et de l’argent de poche. Au Machrek, les commerçants qui ouvrent ce jour-là se doivent d’être généreux et attentionnés avec leurs clients, particulièrement les plus jeunes. Un peu partout, comme lors de la veille du mawlid ennabaoui (célébration de la naissance du Prophète), les enfants ont le droit de faire éclater des pétards. L’Aïd el-Fitr est aussi l’occasion pour confectionner des gâteaux et des plats spéciaux. La tradition veut que ces friandises soient en partie offertes et que de la nourriture soit donnée aux plus pauvres.

Comme l’Aïd el-Adha, l’Aïd el-Fitr revêt un caractère universel au sein de l’oumma. Même dans le très austère royaume wahhabite d’Arabie saoudite, c’est un jour où l’idée de fête, de joie et de partage prévaut. Les maisons ont été nettoyées et, une fois la prière matinale accomplie, l’idée qui prime est celle de la communion avec les autres. Les morts ne sont pas oubliés et les visites au cimetière sont fréquentes, y compris le lendemain de l’Aïd qui est aussi un jour férié. Dans certains pays, comme ceux du Golfe, les gouvernements vont même jusqu’à attribuer une semaine de congé aux fonctionnaires et le secteur privé est plus ou moins encouragé à en faire de même. Enfin, l’Aïd el-Fitr est appelé de différentes manières selon le pays où l’on se trouve.

Au Maghreb, il est souvent désigné par l’expression «  aïd esseghir  », le petit aïd par opposition à l’ «  aïd el-kebbir  » le grand aïd, celui du sacrifice du mouton. En Afrique subsaharienne, on l’appelle Korité, tandis que les Turcs le nomment Ramazan bayrani. Mais, quelle que soit l’appellation, les principes sont les mêmes : prière matinale puis moments de joie et de partage avec les autres, y compris les non-jeûneurs. Pour ces derniers, l’aïd signifie un retour à la normale et la fermeture d’une parenthèse d’un mois où le fait de ne pas jeûner pouvait les placer dans des situations des plus inconfortables.

Akram Belkaid

 

Source : Orientxxi.info

 

 

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