Les Britanniques ont franchi le Rubicon jeudi et ont prononcé leur divorce avec l’Union européenne à laquelle ils ont adhéré en 1973.
Selon les résultats officiels publiés vendredi en début de matinée, 52% des électeurs se sont en effet prononcés pour le Brexit contre 48%, avec une participation de 72,2%.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé vendredi qu'il allait démissionner d'ici octobre après la victoire des pro-Brexit. "Je ne crois pas qu'il soit opportun que je sois le capitaine qui mène notre pays vers sa prochaine destination", a déclaré le chef du gouvernement devant sa résidence de Downing Street.
Onde de choc
A Bruxelles, la nouvelle fait l'effet d'un séisme et on saisit de plus en l’ampleur de ce référendum puisque rien ne sera plus comme avant. Le projet européen se trouve sérieusement ébranlé et l’onde de choc risque d’entrainer de lourdes conséquences économiques et politiques pour l'ensemble européen et pour l’avenir de plusieurs pays.
Le Royaume uni n’est pas membre de la zone euro ni de l’espace Schengen, pourtant il pèse lourdement dans l’économie européenne. Depuis quelques années déjà, un grand débat est ouvert dans le pays sur le maintien ou non du Royaume uni dans l’Union européenne. Le débat a pris de l’ampleur à la faveur de la récession économique et des conséquences de la crise migratoire, et des menaces terroristes, provoquant la montée au créneau des eurosceptiques au sein de la classe politique, exigeant un référendum qui a débouché vendredi sur le "leave".
Pour les Britanniques, Bruxelles est devenu un fardeau plus qu’un espace de prospérité économique, avec ses quotas, ses sanctions et surtout les divergences qui marquent de plus en plus la prise de décision à Vingt Huit. Ajouter à cela, un processus d’élargissement à l’Est jugé préjudiciable à l’économie européenne et à celle de plusieurs pays européens.
L’Union européenne a également fait preuve d’échec dans la résolution de la crise migratoire et peine à remédier à la récession économique. Tous ces facteurs ont milité pour le creusement du fossé entre Londres et Bruxelles. Les eurosceptiques reprochent également à l’Union européenne de trop s’accaparer les décisions sans partage et d’imposer son diktat économique et politique.
A Bruxelles la crainte d’un effet domino commence déjà à se faire sentir
La première réaction était celle du président du Conseil de l’Union européenne Donald Tusk qui a exprimé la détermination de l’Union de garder son unité à 27. "Je ne peux pas cacher le fait que nous voulions un résultat différent du référendum d'hier. Je suis pleinement conscient de la gravité de ce résultat dramatique", a-t-il affirmé dans une déclaration publiée vendredi à Bruxelles.
"Je tiens à rassurer tout le monde que nous sommes prêts aussi pour ce scénario négatif", a-t-il dit, exprimant sa détermination à poursuivre le travail à 27 membres. Il a souligné avoir proposé aux chefs d’Etats européens, une réunion en marge de leur sommet prévu fin juin pour mener une large réflexion sur l’avenir de l’Union.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a quant à lui, souhaité ne pas voir le Brexit encourager d’autres pays à la défection. "Cela va avoir des conséquences et je ne crois pas que d'autres pays vont être encouragés à suivre ce chemin dangereux", a souligné M. Schulz dans une déclaration à la télévision allemande.
Fin des négociations
Jeudi, le chef de l’exécutif européen Jean Claude Juncker était particulièrement ferme vis-à-vis de Londres. Dans une déclaration avant les premières tendances des résultats du référendum, il a affirmé que Londres ne pourra plus venir négocier quoi que ce soit avec Bruxelles.
"Les hommes politiques et les électeurs britanniques doivent savoir qu’il n’y aura en aucune sorte de nouvelles négociations" avec le Royaume-Uni, a déclaré Jean-Claude Juncker lors d’un point de presse. "Dehors c’est dehors", a-t-il lancé.
Après les résultats inattendus du référendum britannique, les réactions des bourses européennes n’ont pas tardé à se manifester et les événements se bousculent. Les ministres des Affaires étrangères de la France, des Pays Bas, d’Italie, d’Allemagne, de la Belgique et du Luxembourg se retrouveront samedi à Berlin pour une réunion d’urgence.
Pour de nombreux observateurs, le référendum britannique est certes un échec parce que le projet européen ne convainc plus mais peut constituer une opportunité pour penser l’Europe autrement, en réforment notamment les règles de fonctionnement et les institutions européennes et en choisissant une voie plus juste et plus équitable pour le citoyen, l’agriculteur, le petit commerçant et le chômeur européens. En Grande Bretagne, le dernier mot est revenu au citoyen.
Source : MAP via Al HuffPost Maghreb Maroc
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