Mauritanie-Mali-HCR : un accord tripartite déjà fragile

La Mauritanie, le Mali et le HCR viennent de signer cette semaine à Nouakchott un accord tripartite pour le rapatriement volontaire des plus de 41 000 réfugiés maliens vivant dans le camp de Mbera dans le Hodh oriental, région frontalière du Mali.

Les trois parties s'engagent à respecter le caractère volontaire du rapatriement et en outre à garantir le droit d'asile de protection internationale en faveur de ces réfugiés.Pour les observateurs cet accord tripartite est fragilisé par la situation ni guerre ni paix au Mali d'un côté et de l'autre relance la polémique sur les réfugiés mauritaniens du Sénégal en quête d'une volonté politique des autorités de Nouakchott.

C'est une bonne nouvelle pour les réfugiés maliens du camp de Mbera en Mauritanie qui ont fui leur pays en pleine guerre avec les jihadistes en 2012 et suite à l'opération Serval qui a permis à la France de débouter hors du Nord du Mali les terroristes islamistes.Une bonne nouvelle surtout pour ceux qui devront rentrer volontairement chez eux avec un minimum de garantie de sécurité et de dignité grâce à un accord tripartite entre la Mauritanie, le Mali et le HCR signé cette semaine dans la capitale mauritanienne par le ministre mauritanien de l'Intérieur, le ministre malien de la Solidarité et le représentant du HCR des Nations-Unies à Nouakchott.Les trois parties s'engagent en outre de garantir le droit d'asile de protection internationale de ceux qui vont rester sur le sol mauritanien.C'est une mauvaise nouvelle pour ces derniers qui vont continuer à vivre des conditions dures d'exil et d'errements dans ce camp de Mbera qui accueille aujourd'hui plus de 51 000 réfugiés.

La Mauritanie qui fait face depuis 2008 au retour de plus de 20000 réfugiés du Sénégal réparties dans des sites autour de la vallée du fleuve Sénégal ne fait plus confiance aux organisations nationales et internationales des droits de l'homme.Cette réalité politique pourrait fragilisé cet accord tripartite en plus de la situation ni guerre ni paix au Mali .Pour les observateurs cette recherche de solution pour le retour des réfugiés maliens relance au fond la polémique sur les 14 000 réfugiés mauritaniens du Sénégal et les 12000 du Mali en attente d'un feu vert du président mauritanien.Les urgences de l'heure ne doivent pas nous faire oublier les droits fondamentaux des réfugiés quelle que soit leur origine et leur pays d'accueil.Le régime de Ould Aziz n'est pas étranger à cette aberration.

Enfin cet accord tripartite est déjà fragile parce que le danger jihadiste n'a pas disparu au Nord du Mali où les barbus s'attaquent toujours aux casques bleus et aux forces maliennes.L'irrédentisme des touaregs à l'origine de la crise malienne est plus que jamais à l'ordre du jour du calendrier des autorités de Bamako. En dehors de ce problème de sécurité c'est l'insertion sociale des réfugiés rentrés qui est pointé du doigt par les organisations humanitaires.Autrement dit c'est l'humanisation de cet accord pour la paix demain qui pourrait faire défaut.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 19 juin 2016)

 

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