Le Dialogue… Vertu cardinale ou exigence hypothétique ?

Le dialogue est par définition un échange de paroles, un entretien entre deux ou plusieurs personnes appelées interlocuteurs. Il est de par cela l'ensemble de paroles qu'échangent les personnages.

 
Du grec ancien, Le mot « dialogue » composé du préfixe « au travers, par, entre », et du radical « parole, raison, verbe », c'est-à-dire littéralement : une parole raisonnée et agissante, qui pénètre, tranche et traverse complètement et méticuleusement.
 
Le dialogue qui désigne un type de communication entre plusieurs personnes ou groupes de personnes, se distingue de la discussion et du débat : il réfère à un mode de conversation qui comporte nécessairement raison, discussion, exactitude et sagesse, ainsi qu'une interpénétration des arguments convergents et convaincants, au fur et à mesure de ce que le dialogue se déploie parmi les interlocuteurs.
 
Or n'est-ce pas de ce dialogue – ainsi défini et qui cerne en son interprétation au mieux toute ses signification et portée – que la Mauritanie a besoin pour trancher et aboutir méticuleusement aux entendements, qui si même au départ sont divergents, vont être fortement rapprochés et focalisés sur l'intérêt suprême de la nation en ses valeurs intrinsèques d'unité, de cohésion, de partage équitable de ses richesses, et en son développement et harmonie portant sur toutes ses facettes.
 
Mais la classe politique partagée entre une majorité présidentielle fortement imbue de sa prépondérance dans l'acte politique par le discours et le programme desquels l'Etat tire et exerce son action, et deux oppositions que seul le nom en commun définit et désigne, sont-elles bien en mesure d'incarner par l'acte et la volonté un tel esprit né il y a des milliers d'années dans la Grèce antique et dont l'Europe en a fait pleinement l'usage et amplement récoltée les fruits.
 
L'une des deux oppositions, qui est désignée du vocable ''opposition dialoguant'' parce que toujours portée sur le dialogue auquel l'invitent le pouvoir et sa majorité, joue à l'éternelle réclamant de réajustements des politiques tordues en application du rôle traditionnelle de l'opposition. Sur les raisons d'une telle attitude les discernements tout comme les appréciations divergent d'une pointure à l'autre, allant de la bonne intelligence de satisfecit, à l'accusation de convenance graciée.  
 
La deuxième opposition, elle, dite radicale regroupe tous les partis et organisations de la société civile en rébellion contre la politique du régime allant pour certains jusqu'à lui refuser toute sa légitimité pourtant acquise à l'interne, et reconnue à l'externe.
 
Trois appréciations différentes de l'acte comme de l'appréciation politique en Mauritanie, qui ne semblent pas vouloir baliser le chemin à un dialogue qui, s'il n'est pas une valeur cardinale pour la pérennité de l'Etat, n'en est pas moins une nécessité conditionnelle qui porte comme telle tous les ingrédients de la discorde inéluctable et l'infaillible descente aux abysses de la politique de dégénérescence fatale.
 
Les acteurs politiques chevronnés feront ils preuve d'un discernement fort indispensable en ce tournant décisif de l'histoire du pays ? Seront-ils ainsi donc en mesure de créer un espace qui constituerait le moteur de l'élan politique pour le changement et le renforcement de la confiance ? Et en conviendront-ils au-delà que le dialogue est moins une exigence hypothétique conditionnelle qu'il n'est une vertu cardinale indissociable de la tenue d'un Etat droit dans ses raisons d'exister ?
 

El Wely Sidi Haiba

 

(Reçu à Kassataya le 12 juin 2016)

 

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