Autonomie, sécession… : Du communautarisme au séparatisme

Après le parti FPC (Forces progressistes du changement, ex-FLAM), qui avait demandé l’autonomie pour les régions Sud de la Mauritanie, c’est au tour du mouvement TPMN (Touche pas à ma nationalité) de Wane Birane de lancer aujourd’hui l’idée d’une sécession de la Vallée.

Ces revendications remettent en selle la question très sensible de la partition de la Mauritanie, jugée comme une atteinte à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale, et qu’une partie de la communauté négro-mauritanienne considère comme justifiée. La fracture progressive portée à l’unité nationale et à la cohabitation sociale en Mauritanie glisse dangereusement du communautarisme vers le séparatisme.

Déjà, du temps de la Mauritanie coloniale, l’idée d’une Mauritanie noire au Sud, distincte de la Mauritanie blanche au Nord, aurait été introduite par certaines communautés négro-mauritaniennes. L’idée a été rejetée par la France qui voulait d’une Mauritanie unitaire dans ses frontières et dans ses composantes ethniques. Mais l’idée était restée en sommeil, enfouie dans le subconscient d’une certaine élite qui trouvait impossible la cohabitation entre les communautés mauritaniennes, malgré le ciment de l’Islam de rite malékite.

Mais la coexistence pacifique restera tributaire des desiderata des régimes qui se sont succédé en Mauritanie et qui ont longtemps joué sur les tensions intercommunautaires pour nourrir des ambitions internationales ou parfois proroger des régimes arrivés à bout de souffle. Ainsi, aux évènements de 1966 sur l’arabisation, devaient succéder les sanglants pogroms de 1989 à 1991, ce que certains ont nommé «l’épuration ethnique ». Il en découla un lourd passif humanitaire dont les fardeaux seront traînés sur plus d’une décennie pour s’achever par une prière à kaédi et une compensation financière qui n’a pas fini de satisfaire toutes les victimes.

L’enrôlement biométrique serait intervenu, créant ce que certains activistes négro-mauritaniens considèrent comme une forme de génocide contre les noirs de Mauritanie.

Plusieurs courants politique négro-mauritaniens s’érigent aujourd’hui en porte-voix de la cause négro-mauritanienne, certains ayant choisi la voix soft dans leurs relations avec le pouvoir en place, et d’autres la confrontation, sinon la provocation, selon certaines grilles de lecture.

Il y a d’abord l’aile «repentie » des FLAM, notamment le courant des Samba Thiam,  qui avait choisi le retour au bercail après un exil qui a duré vingt-sept ans. Reçu en grande pompe, par Mohamed Abdel Aziz au palais présidentiel, cet amour éphémère ne dura que la vie d’une rose. Samba Thiam et ses amis comptaient mener le combat sur le terrain politique, en total divorce avec l’aile dure restée en exil et qui prône toujours la lutte armée. Le camp de Samba Thiam avait comme objectif, une lutte interne pour une Mauritanie égalitaire, sans racisme et sans discrimination, ou à défaut, une autonomie régionale partielle. C’est le pas qui sera franchi en août 2013 lorsqu’au détour d’une conférence de presse, le FPC lança sa proposition d’autonomie des régions de la Vallée du Fleuve. Cette revendication serait aux yeux du FPC, motivée par un constat d’échec. «L’Etat centrale dans sa forme unitaire actuelle, n’a pas donné naissance à l’Etat Nation escomptée. Il nous incombe en conséquence le devoir explorer d’autres voies : pour la stabilité du pays et dans l’intérêt supérieur de nos enfants » lâche Samba Thiam.

Cette sortie du président des FLAM sera suivie d’une véritable levée de boucliers. Il fut estimé dans certains milieux que le mouvement FPC, flamiste, s’était revêtu  de ses anciens oripeaux de regroupement de haineux racistes, ennemis de la patrie mauritanienne. L’attitude du pouvoir se durcit et c’est la rupture définitive qui aboutira à la non reconnaissance du parti par le ministère de l’Intérieur qui lui refusa le récépissé officiel.

Samba Thiam et son camp ont beau expliqué qu’ils ne demandaient pas la sécession des régions du Sud, mais juste une autonomie régionale dans le cadre de la nation et de l’Etat mauritanien, rien n’y fut.

Mais aujourd’hui, le débat est devenu plus radical, estiment certains observateurs, à la lumière de la proposition lancée par TPMN tendance Wane Birane, exilé en France, qui réclame carrément la sécession des régions du Sud. Des assises seraient sous programmation à Paris pour «se prononcer sur la nécessité de revendiquer la sécession du Sud de la Mauritanie » a-t-on déclaré. L’annonce en aurait faite au cours d’une assemblée générale du mouvement tenue le 20 mars 2016 à Paris.

Le mouvement TPMN, créé en 2011 et aujourd’hui scindé en deux courants opposés, l’un dirigé par Wane Birane qui s’est installé en France, et l’autre par le Dr.Dia Alassane qui a choisi lui de rester en Mauritanie où il enseigne à l’université de Nouakchott. Ce mouvement est né, selon eux, des problèmes d’enrôlement auxquels sont confrontées les communautés noires en Mauritanie et qui aurait créé des milliers d’apatrides. S’y ajoutent à leurs yeux, la montée du racisme, de la discrimination et de la marginalisation de la communauté négro-mauritanienne. L’opinion, selon beaucoup d’observateurs, n’accorde cependant aucune importance à la proposition initiée par TPMN de Wane Birane, vu qu’il n’a aucune incidence sur la vie nationale, ses adhérents et ses leaders se trouvant loin de la Mauritanie.

Mais il faut dire que la partition de la Mauritanie semblait séduire plusieurs autres partisans du régionalisme. Des voix s’étaient en effet élevées au Tiris-Zemmour pour demander l’autonomie des régions du Nord, certains s’indignant du peu de retombées des ressources en fer, poisson, cuivre, pourtant extraits des sols et de la mer, à Zouerate, Nouadhibou, Inchiri, sans aucune incidence sur la vie des populations locales. Des revendications identiques avaient surgi en même temps de certaines régions orientales du pays.

AIDARA

 

Source : THAQAFA

 

 

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