Véritable embrouillamis qui a résisté jusque-là à ses antagonismes, le FNDU (forum national pour la démocratie et l’unité) qui représente l’opposition pure et dure, est en train de vivre une difficile phase de succession.
La candidature de Saleh Ould Hanana, proposée par le bloc politique pour succéder à Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny dont le mandat s’est achevé depuis le 21 février dernier, est en train de remettre le choc des tendances et des sensibilités à la pendule des dissensions au sein d’un regroupement d’opposants dont le seul programme commun semble être l’inimité contre Mohamed Abdel Aziz. En effet, il est reproché à Salah Oud Hanana d’avoir les mains tachées de sang suite à son putsch manqué de 2003 et de nourrir un certain racisme contre les négro-africains.
Candidat unique proposé par ses pairs pour assurer la présidence tournante du FNDU à la place de Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny qui vient d’achever son mandat, Salah Ould Hanana est en bute au veto d’une grande partie des membres de l’opposition, en l’occurrence le bloc de la société civile qui regroupe plusieurs organisations négro-africaines. Ces derniers lui reprochent son putsch manqué de 2003 qui avait fait plus d’une dizaine de morts. Dès lors, les réfractaires considèrent qu’ils ne peuvent pas être dirigé par quelqu’un qui a du sang sur les mains, même si Salah Ould Hanana, parmi d’autres de ses camarades qui avaient mené le coup d’Etat de 2003 contre Ould Taya, ont été amnistiés par un décret présidentiel en 2005 après le renversement du dictateur. Ressortent ensuite des déclarations jugées racistes que Salah Ould Hanana, ex-leader des «Cavaliers du Changement » aurait tenu récemment au cours de l’émission en cours «Témoin d’une époque » diffusée par la chaîne qatarie Al Jazeera. Il y soutient sans ambages que les négro-mauritaniens sont les «suppôts de la colonisation française et les gardiens de sa langue » en Mauritanie. Il lui est aussi reproché d’avoir tenu des propos racistes lors de l’intérim assuré par le défunt Bâ MBaré, à la tête de la République, durant la courte transition de 2008-2009, après le coup d’Etat contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Salah Ould Hanana a été en 2014 porte-parole du FNDU.
D’obédience nassériste, la cohabitation de Salah Ould Hanana avec les négro-africains constituaient en soi une des contradictions que le FNDU était parvenu jusque-là à gérer, comme l’éternelle rivalité entre les auchistes de l’ex-MND aujourd’hui regroupés au sein de l’UFP et les Islamistes de Tawassoul, sans compter l’omnipotence dont se prévaut le RFD, lequel s’est saisi d’une violation de la règle du consensus pour geler ses activités au sein du FNDU et faire cavalier seul.
La candidature de Salah Ould Hanana étant de source de discorde, le FNDU pourra toujours proposer à sa place la candidature de Yahay Ahmed Waghf, l’ancien Premier ministre de Sidi Ould Cheikh Abdallahi pour assurer la relève de Me Bouhoubeïny. Il faut dire que trois candidatures ont été annoncées au sein du FNDU pour prendre la présidence du FNDU. Outre Salah Ould Hanana qui a réussi à se faire coopter par le bloc politique, et Yahya Ahmed Waghf qui s’était retiré à la dernière minute, il y avait aussi l’ancien bâtonnier Me Mahfoudh Ould Bettah qui avait fini par désister.
Mais l’éviction de Salah Ould Hanana peut-être mal prise par ce dernier, surtout si son propre bord politique le lâche à cet instant précis. La décision revient aujourd’hui au FNDU, qui choisira de se battre pour imposer son candidat, ou céder en lui trouvant un remplaçant. Dans l’un et l’autre cas, cette fâcheuse expérience viendra sans doute entamer la belle embellie qui semblait jusque-là prévaloir au sein d’une coalition qui n’en est pas à ses premières difficultés. Il faut dire que l’opposition mauritanienne a l’expérience des unions non durables, car les mariages et les divorces qui sont le trait dominant de la société mauritanienne semble se déteindre sur son propre fonctionnement.
Source : Thaqafa
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