C'est ce que je vais essayer d'aborder dans ces lignes. Le pays se morcelle et se désagrège à la vitesse de la lumière.
L'histoire retiendra, l'histoire n'oublie pas, que ce pays a été sacrifié pour des histoires de bouffes, de bas ventre de vantardises, d'entêtement et de briques rongées par l'érosion saline. L'histoire a, la mémoire tenace.
Ce n'est pas du tout une histoire d'esclavage, de Saad ould Louleid, ou de Biram ould Dah. Cet esclavage, qui a fait couler des océans d'encre, n'est en fait qu'un petit paragraphe, d'un parchemin long et large qui a jalonné les relations scabreuses, souvent immorales, qui ont prévalu entre les composantes de la Mauritanie. Entre elles et parfois au sein de la même composante. Une philosophie relationnelle basée sur l'anéantissement de l'autre pour se faire valoir et être exclusivement celui qui doit être.
Affamer et exploiter l'autre pour assouvir sa faim d'arrogance, de supériorité et pour se repaitre d'une grandeur et d'un privilège qui rapetisse la vertu et égratignent la morale.
Voilà la triste réalité que personne ne veut ni voir ni comprendre.
Le crime plus grave consiste à essayer sans cesse de polluer la religion avec ces injustices qu'elle n'a cessé de prohiber en filigrane dans toutes les pages du livre sacré.
Si ce sont les biens de ce pays qui font saliver tous les belligérants de cette épopée sans fin, l'ordre d'Allah a été clair en ce qui concerne les biens des musulmans. Si nous sommes musulmans bien sur. Au temps ou les butins étaient arrachés au fil de l'épée et du glaive, il a été ordonné au prophète de distribuer équitablement cette subsistance à tous: "Le butin provenant (des biens) des habitants des cités, qu'Allah a accordé sans combat à Son Messager, appartient à Allah, au Messager, aux proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et au voyageur en détresse, afin que cela NE CIRCULE PAS SEULEMENT ENTRE LES RICHES D"ENTRE VOUS. Prenez ce que le messager vous donne et ce qu'il vous interdit abstenez-vous en. Et craignez Allah, car Allah est dur en punition."59-7
Combien de mauritaniens profitent de cette manne que le Gouverneur de l'univers a confié aux entrailles de cette terre commune?
Plus grave !! Ceux qui n'en profitent pas et malgré leur résignation au sort injuste infligé par ceux-là mêmes qui devaient les encadrer et les gérer avec justice et compassion, sont soumis à l'humiliation de leur raison d'être.
Les biens de Dieu, s'ils n'ont été thésaurisés dans les comptes sourds muets et aveugles, sont dépensés pour les futilités ou pour les exclure et les confiner dans les marécages de la bassesse et de la misère.
Honte à nous!!
Sommes-nous à ce point gouvernés par Satan et ses troupes?
Allah n'a-t-il pas dit que "…A ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne les dépensent pas dans le sentier d'Allah annonce un châtiment douloureux. Le jour ou ces trésors seront portés à l'incandescence dans le feu de l'Enfer et qu'ils en seront cautérisés, front flanc et dos. Voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goutez de ce que vous thésaurisiez." 9-6 et 7
L'esclavage est plutôt collectif. Les quatre vingt quinze pour cent des mauritaniens sont esclaves. Esclaves d'abord d'une boulimie inassouvissable de biens qui risque d'avoir de très graves conséquences sur la stabilité sociale.
Ceux qui ont laissé la peau et les plumes sur les bancs des universités et qui se retrouvent dans les rues sont esclaves. Ils fuient le pays vers l'inconnu. Ceux qui sont rançonnés par des impôts, bien au dessus de leurs maigres revenus sont esclaves. Ceux qui n'avancent jamais dans leurs fonctions, parce que n'étant pas épaulés par une tribu ou une bande solide, sont esclaves. Les malades qui meurent, parce que n'ayant jamais profité d'une ouguiya du butin national sont esclaves. Ceux qui ne peuvent jamais obtenir un droit dans l'administration, parce qu'appartenant à la race des "poids légers" sont esclave. Ceux qui, ignorants du plus simple de leurs droits, sont manipulés par les discours politiques, sont esclaves.
Les esclaves sont esclaves.
Le jeu est démystifié depuis longtemps.
Etre responsable, opposant, prêcheur ou intermédiaire dans ce pays, vise une chose et une seule chose: asservir les autres et les plier à ses plaisirs et à sa convoitise insatiable.
Les mauritaniens chassés au Sénégal en 1989, ont été victimes de cette fièvre contagieuse de déposséder pour accaparer. Rien d'autre. Pourtant le coran dit : "Quoique ainsi engagés, voilà que vous vous entretuez, que vous expulsez de leur maisons une partie d'entre vous contre qui vous prêtez main forte par péché et agression. Mais quelle contradiction! Si vos coreligionnaires vous viennent captifs vous les rançonnez, alors qu'il vous était interdit de les expulser (de chez eux). Croyez-vous donc en une partie du livre et rejetez-vous le reste ?" 2-85.
Tout se dégrade quand on s'éloigne de la foi, de la raison ou du bon sens.
Responsables mauritaniens et africains en général, vous êtes sur cette planète en transit, ne pensez pas pouvoir en faire une résidence.
Vous êtes manipulés et contraints par une volonté incomparable à la votre. Vous êtes conduits et non conducteurs. Ressaisissez-vous pendant que vous en avez le choix.
Vous vous estimez grands et puissants. C'est ridicule. Si l'exemple de ceux qui ont occupé vos fauteuils et vos palais et qui sont devenus des histoires, ne suffit pas à vous ramener à la raison. Réfléchissez un peu au sort des grandes créatures qui ont occupé la planète avant votre passage bref, dérisoire et désuet dans cet univers.
Il y a 65 millions d'années, un astroïde d'un rayon de seulement dix kilomètres environs, a percé l'atmosphère terrestre à une vitesse six fois supérieure à celle de la lumière. L'impact a été d'une violence telle que la surface de la terre en a été défigurée définitivement. La déflagration de l'impact, les radiations incommensurables dégagées par l'énorme boule de feu, et les vapeurs de l'océan en fusion sous la chaleur inimaginable, estimée par les savants à l'équivalent de dizaines de bombes atomiques, ont mis fin à l'ère des grands reptiles et des dinosaures, pour préparer la place à l'ère des mammifères, dont nous, les mauritaniens faisons partie avec nos animaux domestiques et nos petits carnivores.
Les savants, héritiers des prophètes, n'ont hérité d'aucun bien matériel. Aucun prophète, n'a possédé de biens, pour les laisser en trésor à quiconque. A part la sagesse et la bonne parole d'Allah, qui sont le bien véritable. Et Dieu l'a dit : "Il donne la sagesse à qui Il veut. Et celui à qui la sagesse est donnée, vraiment, c'est un bien immense qui lui est donné. Mais les doués d'intelligence seulement s'en souviennent."2-269.
Saad ould Louleid sur la chaine Wataniya et avant lui les abolitionnistes de toutes époques, ont compris: qu'il est plus sage de changer, que d'être changés par des forces et des volontés, venus d'autres cieux.
Un repas frugal, partagé avec les siens et les voisins, vaut mieux que mille festins dégustés dans l'inquiétude, la méfiance et la peur.
Mépriser les autres est un investissement qui a travers l'histoire a toujours été un boomerang qui fait plus de mal au retour qu'à l'aller. Le prophète de l'islam (psl), n'a méprisé personne. Même ses pires détracteurs. Il n'a pas amassé les biens, qui pourtant pleuvaient à ses pieds, comme des feuilles d'automne. Il sortait en pleine nuit tenaillé par la faim. L'aimer et le suivre, supposent donc un certain détachement des plaisirs de ce monde et de ses attractions. Comme Dieu fourni aux bienfaisants une Baraka d'une porte spéciale, Il lui a donné en récompense ces millions de langues qui prient pour lui, ces millions de millions d'être humains, qui se lèvent aux premières lueurs de l'aube; quelle que soit la saison et quel que soit la température, affluant vers les mosquées pour célébrer et glorifier son message et ses vertus jusqu'au jour ou Dieu héritera de la terre et de ce qu'il y a au dessus d'elle.
Merci nous n'avons pas besoin de controverse politique, ni de polémique philosophique. Nous voulons un retour à la raison et un respect de notre citoyen quel que soit sa couleur ou son origine.
Nous ne voulons ni routes, ni aéroports, tant que nous n'avons pas mis de l'ordre dans le désordre pernicieux et chronique qui a volé le sommeil national et réduit nos concitoyens à l'état d'une matière première qui ne sert qu'à fournir un alibi à la contraction de crédits (qui seront un jour inévitablement une arête au travers de la gorge du pays. Si ce n'est sa confiscation pure et simple laqaddarallah) et un passe droit pour les élus qui après maints sermons et maintes caresses doucereuses, s'installent sur le piédestal de notre calvaire.
A quoi servent les routes, les aéroports, Les hôtels et les infrastructures de gros calibre, quand le citoyen moyen ne peut rêver de se payer un âne? Et que représente d'ailleurs un aéroport pour une charrette made in Sebkha? Est-il plus raisonnable de construire le pays pour et à la mesure du citoyen ou de se servir du citoyen pour les démonstrations douloureuses qui ne feront que le rapetisser dans un milieu ou il n'a plus sa place?
Comment construire un pays quand ses citoyens n'ont plus qu'une chose en tête : se nier les uns les autres?
Ceci est un défi et un manque de respect manifeste à la volonté divine. C'est la responsabilité directe du dirigeant.
La Mauritanie doit vider ses prisons de tout homme et de toute femme qui réclame ses droits et le respect de sa dignité.
Quand tout individu dans une société jouit de tous ses droits, on peut lui réclamer à ce moment et à juste titre de respecter tous ses devoirs.
L'égalité et la justice génèrent l'amour et le respect entre les citoyens.
Sinon il faut craindre et à raison cette sommation du Seigneur de l'univers : "Allah donne en parabole une cité : Elle était en sécurité, tranquille; sa part de nourriture lui venait de partout en abondance. Puis elle se montra ingrate aux bienfaits d'Allah. Allah lui fit alors gouter la violence de la faim et de la peur (en punition) de ce qu'ils faisaient."16-112.
Remercier Allah que vous ne vous réveillez pas sur les déflagrations de bombes et que le matin dans vos voitures ou vos bus vous n'êtes pas obligés de vous frayer un chemin au milieu d'un champ de désolation jonché de cadavres et de plaintes de mourants.
Remerciez Dieu par le respect de ses créatures et l'obéissance à ses ordres. Aucun bien, ni aucune force ne vous sauvera de sa colère. La reconnaissance exprimée à Dieu, multiplie ses grâces et évite son courroux.
Allah ne fait de tort à personne et ne permet à personne de faire de tort à ses créatures. Il donne le délai, mais ne néglige jamais.
Ceci n'est qu'un rappel. Le rappel profite aux croyants.
Mohamed Hanefi
Koweït
(Reçu à Kassataya le 19 février 2016)
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