
Plus de 3000 djihadistes saoudiens suivent une cure de désintoxication de l’islam radical, mais par la manière douce, à base de leçons de dessin, de séances de dialogue et de cours de natation.

Une vaste piscine, un sauna, une salle de gym et même un billard : les pensionnaires du « Centre Mohammad Bin Nayaf de conseil et de soins » sont particulièrement choyés. Ils sont pourtant en prison, ou ce qui en tient lieu : le premier centre de dé-radicalisation djihadiste au monde. « Ce que nous faisons pour eux, ce n’est pas une récompense pour les actions qu’ils ont commises, c’est une façon de couper le lien avec leur passé afin qu’ils ne retournent pas vers les organisations où ils étaient » explique le directeur des affaires sociales du centre dans un reportage de la chaîne Public Sénat diffusé le 1er février.
Premières images du reportage
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Ce projet pilote, dont l’Arabie Saoudite semble très fière, a ouvert en banlieue de Ryad dans un quartier sécurisé, mais pas au sein de l’enceinte d’une prison. Une délégation de sénateurs français menés par Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne et rapporteur d’une commission d’enquête sur les réseaux djihadistes, a notamment pu y observer l’exposition de tableaux réalisés par les pensionnaires pendant leurs cours d’art-thérapie.
3124 patients traités depuis son ouverture en 2005
Tandis que la France ouvre ces jours-ci quatre quartiers de dé-radicalisation visant à isoler les islamistes les plus dangereux dans les prisons de Fresnes, Fleury-Merogis, Osny et Lille, les autorités saoudiennes expliquent avoir lancé leur centre dès 2005. L’Arabie Saoudite n’est en effet pas seulement le vivier le l’islamisme wahhabite, elle est aussi l’une des victimes importantes d’attaques djihadistes.
Le centre de « détox djihadiste » a traité 3124 patients depuis son ouverture, pour des durées de trois à 6 mois chacun. Le directeur affirme que son taux de succès – c’est-à-dire de réinsertion non-violente dans la société saoudienne – est de l’ordre de 85 %. Ce taux s’élève encore à près de 80 % pour les anciens prisonniers de Guantanamo traités sur place, soit 122 personnes, explique Jérôme Rabier, l’auteur du reportage sur Public Sénat. «Leur principal loupé c’est Saïd al-Chehri, un ancien de Guatanamo qui est ressorti du centre pour aller s’engager comme numéro 2 d’AQAP au Yemen », explique le journaliste, en référence à Al-Qaida dans la Péninsule Arabique, qui combat au Yemen.
Alfred de Montesquiou
Source : Paris Match
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