Pratiques esclavagistes : SOS esclaves fait envoyer deux maîtres en prison

Les organisations de la société civile ne démordent pas après la sortie malencontreuse du Chef de l’Etat, lors d’une Conférence de presse  à Nouadhibou assimilant le combat des ONG de lutte contre les pratiques esclavagistes à un grotesque montage. Réponse du berger à la bergère :

« Nous sommes prêts à aller en prison si nous sommes coupables de manipulations de faits esclavagistes et responsables de montages grotesques »,  lance  Boubacar Ould Messaoud sous forme de défi  aux autorités .

L’existence de pratiques esclavagistes en Mauritanie ne souffre d’aucun doute de l’avis de SOS Esclaves  qui réfutant l’assertion du Chef de l’Etat et « loin d’être animé, précise d’emblée Ould Messaoud, par un souci d’accuser ou de salir un groupe ou une famille reste conscient des inégalités nombreuses dans une société profondément inégalitaire et estime que pour être unis, des concitoyens ne peuvent être opprimés, violés. C’est une illustration d’une grande insensibilité, de notre ignorance ». Le président  SOS Esclaves a plaidé pour un éveil des consciences du coté des compatriotes maures : « ce combat est le leur », estime-t-il. Poursuivant, il déclare être prêt à soutenir tout esclave qui lève la tête.

Ainsi, SOS Esclaves a présenté, mardi 29 décembre, à  la presse une quinzaine de personnes notamment Fatma Mint Hemedi, Tahra Mint Vatma, Vatma Mint Zaida et leurs enfants respectivement emmenées d’Outeid Etalhaya et d’Azamad dans la Moughtaa de Nbeiket Lahwach.C’est la coordination de SOS Esclaves du Hodh el Gharbi a récemment présenté au parquet de cette région les quinze victimes de pratiques esclavagistes. Après les dépositions de ces personnes et les auditions de Ikhalihina Ould Ahmed Haimad et Hanena Ould Bouna, leurs deux maîtres, le procureur les a aussitôt mis en accusation pour «pratiques esclavagistes «  et requis leur emprisonnement. « Cette affaire prouve pour la énième fois l’existence formelle de l’esclavage, surtout dans le milieu rural. Mais il est caché à cause du silence troublant des victimes incapables qu’elles sont de le dénoncer et du déni coupable des autorités qui s’entêtent à le nier, fait remarquer SOS Esclaves. Ce n’est que quand la victime parle que  l’esclavage ressort.  Mais généralement, les responsables judiciaires refusent de le reconnaitre et s’emploient à le masquer en requalifiant les faits qui sont une illustration éloquente du phénomène».  

SOS Esclaves se félicite de l’attitude constante de l’actuel procureur de la République de Néma qui traite avec diligence des affaires qui lui sont présentées. Toutefois, le juge d’instruction comme à son habitude depuis sept ans, au lieu de mettre les mis en cause dans cette affaire en prison, avait décidé de les mettre sous contrôle judiciaire. Ce n’est que sur arrêt de la chambre d’accusation de Kiffa annulant cette décision que les deux maîtres ont été déposés en prison, indique SOS Esclaves. Mieux, relate l’organisation de Boubacar Ould Mesaoud, ce juge qui vient d’être limogé lors de la dernière session du conseil supérieur de la magistrature, allait même jusqu’à proposer comme dans beaucoup de cas tels ceux de Khaidama et de la vieille Chekrada une formule de conciliation dans une affaire aussi grave que l’esclavage. L’objectif étant de faire arrêter l’action publique à l’encontre des présumés accusés par un supposé retrait de plainte contre une modique somme.

SOS Esclaves considère, dans un communiqué de presse, qu’il est temps que le discours officiel change face aux réalités frappantes de l’esclavage. SOS Esclaves formule le vœu que « les tribunaux prennent en charge convenablement le ou les cas d’esclavage qui leur sont souvent présentés. Et que les victimes des criminelles souffrances puissent accéder à la justice et obtenir de justes réparations à travers la condamnation ferme de leurs bourreaux et leur entière prise en charge jusqu’à leur réhabilitation dans une vie digne et respectable ».

L’avocat conseil de SOS Esclaves Me Id a révélé que des dossiers de poursuite de plusieurs personnes sont pendants au Hodh el Charghi, à Atar et Nouadhibou. Revenant à la charge, Boubacar a déploré qu’il y ait en Mauritanie des gens intouchables et dénoncé ce qui les soutiennent. Le président de SOS Esclaves poussera le bouchon loin : «Nous sommes prêts à aller en prison si nous sommes coupables de manipulations de faits esclavagistes et responsables de montages grotesques ».

L’émotion a gagné l’assistance lorsque l’une des victimes a relaté les scènes horribles et les actes dégradants dont elle et les membres de sa famille ont été victimes, corroborant les propos de Maaloum Ould Mahmoud, coordinateur de SOS Esclaves au Hodh el Charghi. D’ailleurs, l’un des enfants de sept ans était chargé d’un troupeau de 300 chèvres au moment où ses  semblables sont encore au primaire.

 

Source : Le Calame.info

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page