Rendez-vous est pris avec l'équipe et l'entraîneur, à midi, au restaurant de la commune de Tevragh Zeïna, samedi 5 décembre. L'équipe y déjeune à chaque journée d'avant-match. Au menu, pâtes et riz, riches en sucres lents. 30 minutes plus tard, direction le complexe Méga Foot, à la Socogim Plage, pour un briefing de 30 minutes.
Birame Gueye, l'entraîneur du club, pointe calmement les lacunes techniques et tactiques de l'équipe. "Nous sommes à 13 points du leader avant le match de cet après-midi, après 5 journées. Nous devons absolument gagner pour espérer réduire l'écart! Pour cela, vous devez être prêts, et je n'ai pas l'impression que vous l'êtes. Utilisez votre tête, développez votre intelligence de jeu! Si sur un coup de pied arrêté, ou une contre-attaque, on fait monter nos hauts gabarits, ce n'est pas pour faire une passe à ras de terre!" dit-il en fixant, un brin énervé la petite assemblée de joueurs.
"Ensuite, je veux voir de l'EN-GA-GE-MENT! Nos transitions défense/attaque et attaque/défense doivent être fluides, instantanées. Dès qu'on a le ballon, nous devons systématiquement écarter le jeu; et l'instant où on le perd, nous devons nous regrouper. Ça demande des efforts que vous ne faites pas !" reprend l'ancien entraîneur de Nouadhibou. "Je ne tergiverse pas dans le jeu : si au bout de 12-15 minutes je vois que vous ne faites rien, je vous sors illico! Quand on se dit fort, c'est sur le terrain qu'on le montre. Il y a un manque de rigueur parmi, vous devez changer cela !" termine-t-il. A 13h15, les joueurs montent dans leurs chambre pour une sieste, détente, d'une demi-heure, avant d'aller au stade, où leur match contre le Ksar, 4ème au classement, débute à 16h.
Birame Gueye (g), durant le briefing d'avant le match. Crédit : MLK/Mozaikrim
Dans les chambres, les joueurs maugréent sur le discours virulent, "mais juste", de leur coach. "Il est souvent dur avec nous, mais comme un père. C'est d'autant plus normal qu'il soit exigeant, que nous avons dans l'équipe sept joueurs en équipe nationale A, et deux en juniors. Ce n'est pas pour rien que le renouveau du FC Tevragh Zeïna coïncide avec celui des Mourabitounes" affirme Ibrahim Sy, capitaine de l'équipe, et de retour de blessure qui l'a tenu éloigné des terrains pendant presqu'un an.
Un renouveau managérial et d'encadrement
Créé en 2005, le FC Tevragh Zeïna est l'un des plus jeunes clubs mauritaniens à évoluer en première division nationale. Très rapidement, dès 2009, le premier trophée est engrangé. Trois suivront, dont les deux derniers datent de cette année : un titre de champion de division, et une supercoupe stoppée à la 63ème minute. Son président, Moussa Khaïry, opticien de profession, estime que les fondations d'une équipe professionnelle doivent permettre "naturellement" l'épanouissement en son sein, d'un joueur.
Ibra Sy, capitaine de l'équipe souligne certaines de ces conditions améliorées : "Nous avons des primes de matchs qui varient entre 10.000 et 20.000 ouguiyas, selon les équipes rencontrées, et l'importance des matchs. Le médecin gambien qui suit les joueurs du club, m'a suivi l'an passé durant toute la période de ma blessure. Le président fait tout pour que l'on soit concentré et en forme" explique le capitaine.
"En 2004, avec un gorupe d'amis, nous avons voulu aider l'Ahmedi, dans le 5ème arrondissement. On a vite vu les problèmes d'organisation dans la structure. En allant au bout de notre démarche, nous avons créé le FC Khaïry, en décembre 2005, apparaissant ainsi en deuxième division mauritanienne. Nous avons alors pris les meilleurs joueurs de 1ère division! Presque une première !Nous avons été accusés de faire du foot-businesse, mais nous voulions aller vite" raconte le président du club. La montée en 1ère division se fait deux ans plus tard. "Nous avons pris conscience de ce niveau supérieur qui exige un pactole de 35 à 40 millions d'ouguiyas annuellement pour tenir la barre. C'est ainsi qu'une entente a été trouvée avec la commune de Tevragh Zeïna, avec une cession du club, qui nous a confié la gestion effective de la structure" affirme Moussa Khaïry.
Avec une visée continentale clairement affichée, le FC Tevragh ZeÏna, veut sortir de l'ornière strictement mauritanienne. "Depuis que nous avons émergé, nous jouons les premiers rôles. La gestion du club comme une entreprise est le secret. Nous ne gardons que les meilleurs" souligne le président du FC Tevragh Zeïna, actuel leader du championnat.
Les joueurs du FC Tevragh Zeina, dans les vestiaires du stade de la capitale, se mettant en tenue, à une demi-heure du match. Crédit : MLK/Mozaikrim
Une organisation managériale similaire à ce qui se fait aujourd'hui en équipe nationale de Mauritanie, que Birame Guèye concède : "Je travaille dans un cadre agréable au FC Tevragh Zeïna, qui détient un bon groupe, avec un comité administratif qui joue son rôle; nous avons virtuellement l'organisation et l'organigramme d'un club pro" affirme le coach, qui regrette éventuellement le manque de rigueur professionnelle des joueurs, "pas très concentrés". "Nos joueurs ici doivent encore apprendre, d'autant que le président du club et la mairie essaient volontairement de donner les commodités nécessaires pour que les joueurs évoluent dans les meilleures conditions possibles".
Mamoudou Lamine Kane
Source : Mozaïkrim (Le 22 décembre 2015)
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