Pourquoi nous nous faisons avoir par des phrases faussement profondes

Si vous ragez de voir vos contacts Facebook partager des citations faussement profondes sur leur mur, voici une étude qui risque de vous plaire: Gordon Pennycook, thésard à l'université de Waterloo (Canada),

a étudié les ressorts cognitifs qui nous poussent à nous faire avoir par ce genre de phrases, dans un travail publié par la revue Judgment and Decision Making.

Lui et son équipe ont demandé à 300 participants de noter de 1 à 5 la profondeur de phrases générées de manière aléatoire ou de phrases trouvées sur le compte Twitter d'un spécialiste de la méditation (du style «La nature est un écosystème de conscience autorégulateur» ou «Le sens caché transforme une beauté abstraite sans pareil»), avec un résultat moyen de 2,6, indiquant que ceux-ci y trouvaient une certaine profondeur, rapporte le Washington Post.

Pennycook a étudié les caractéristiques des gens en question:

«Ceux qui sont les plus réceptifs aux c… sont moins réfléchis, affichent une habileté cognitive plus basse, […], sont plus enclins à faire des confusions ontologiques […] et manifester des pensées conspirationnistes, sont plus prompts à afficher des croyances religieuses et paranormales et plus disposés à s'affirmer en faveur des médecines alternatives.»

Les chercheurs estiment que leurs résultats «sont cohérents avec l'idée selon laquelle la tendance à voir comme profondes des déclarations vagues et sans signification est un phénomène psychologique légitime, qu'on peut relier en permanence à des variables présentant un intérêt théorique».

Vox a demandé à Gordon Pennycook ce qu'il fallait faire, en conséquence, pour devenir un meilleur bullshitter:

«Une bonne façon de le faire est d'insérer beaucoup de mots à la mode et d'être vague. Si vous dites quelque chose de direct, les gens qui sont d'accord avec vous l'aimeront et les gens qui ne le sont pas ne l'aimeront pas. Mais si vous dites quelque chose de vague, les gens y investiront ce qu'ils croient que cela signifie.»

Notons par ailleurs que l'étude emploie le mot «bullshit» 200 fois, ce qui constitue probablement un record pour une publication scientifique.

 

Repéré par Jean-Marie Pottier

 

Source : Slate

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page