Projet d’appui au pastoralisme au Sahel : 125 milliards de FCfa de la Banque mondiale aux éleveurs du Sahel

Améliorer l’accès des moyens et services de production essentiels et l’accès aux marchés pour les éleveurs transhumants et les agro-pasteurs le long des axes de transhumance et les zones transfrontalières des six pays du Sahel.

Tel est l’objectif du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps), financé par la Banque mondiale à hauteur de 125 milliards de FCfa, et dont le comité technique vient de tenir sa première réunion à Dakar.

Après le lancement officiel, il y a un mois, à Bamako, du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps), le Comité technique régional (Ctr) dudit projet a tenu sa première réunion, hier, à Dakar. Né de la Déclaration de Nouakchott sur le pastoralisme qui a été adoptée par les six pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad) en octobre 2013, ce projet financé par la Banque mondiale, à travers son ‘’initiative Sahel’’, à hauteur de 125 milliards de F Cfa (environ 250 millions de dollars), vise à sécuriser le mode d’existence et les moyens de production des populations pastorales.  « Ce projet a été bâti, très rapidement, avec tous les acteurs de la région de manière assez simple. On cherche à apporter un appui au pastoralisme dans l’espace sahélien en visant directement environ 2 millions de ménages bénéficiaires », explique Christian Berger, spécialiste agricole principal à la Banque mondiale. Le projet s’articule autour de quatre composantes techniques. La première vise à améliorer la santé des animaux à travers la vaccination du cheptel et la lutte contre les faux-médicaments vétérinaires. La deuxième composante, la plus importante, concerne la sécurisation de l’accès à l’eau et aux pâturages. « Ce qui suppose de creuser des puits, de baliser les couloirs de transhumance des animaux. Bref, de faire des aménagements avec les communautés pastorales pour sécuriser l’accès à des ressources naturelles vitales à des éleveurs ». La troisième composante, elle, concerne l’accès aux marchés avec la construction d’infrastructures (foirail, espace de vente de lait) pour accompagner les transactions commerciales. Le but étant d’améliorer les revenus des pasteurs. La dernière composante vise à renforcer la résilience des éleveurs face aux crises.

Un projet en phase avec le Pse

« Le Sahel est une région exposée à des crises. Et donc, le Praps prévoit toute une composante de gestion des crises qui permet aux éleveurs non seulement de se préparer aux situations de crises, de diversifier leurs revenus, mais aussi d’aider les services gouvernementaux à mieux anticiper les crises, à avoir des systèmes d’alerte précoces qui tiennent compte de la situation pastorale », indique M. Berger. Et à côté de cela, « nous mettons en place un fonds d’urgence qui doit permettre, en cas de crise grave, de mobiliser des fonds rapidement pour y répondre ». Pour le ministre sénégalais de l’Elevage et des Productions animales, ce projet vient renforcer le « volet élevage » du Plan Sénégal émergent (Pse), dont les objectifs stratégiques visent à accélérer le développement des filières animales à travers une démarche chaine de valeur, dans une  perspective de réalisation de la sécurité alimentaire, d’amélioration des revenus et de préservation des ressources naturelles. « Avec une couverture géographique de près de 32% du territoire (zone regorgeant plus de 4 millions de bovins et de petits ruminants et un ciblage de plus de 230 000 familles d’éleveurs dont 80% de femmes, le Praps Sénégal fait partie des projets majeurs du pays », explique Aminata Mbengue Ndiaye.

Elle annonce le lancement officiel du projet national par le président Macky Sall, le 26 novembre, coïncidant avec la journée de l’élevage. Par ailleurs, à travers ce projet, la Banque mondiale espère améliorer sa base de données sur le pastoralisme : « Nous nous sommes rendu compte que nous manquions sérieusement de données sur le pastoralisme au Sahel », reconnait Christian Berger. Selon lui, contrairement à l’idée reçue, la contribution du pastoralisme est très importante dans les économies du Niger, du Tchad ou du Mali. Il espère, avec ce projet, une contribution du secteur de l’élevage de l’ordre de 6% par an, conformément aux objectifs du programme national d’investissement agricole, aux économies des pays du Sahel. Cependant, Christian Berger pense qu’il « ne faut pas opposer » les systèmes de production pastoral et intensif. « Il ne faut surtout pas opposer les systèmes de production, mais plutôt jouer sur leur complémentarité. Il y a de la place pour les deux. On a la chance d’avoir un secteur animal où la croissance est à deux chiffres, aujourd’hui. La demande en viande des populations urbaines au Sahel va augmenter considérablement dans les années qui viennent», explique-t-il, invitant à donner des perspectives à ces populations sahéliennes qui n’ont pas d’alternatives à l’élevage.

Seydou KA

 

Source : Le Soleil (Sénégal)

 

 

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