Un prince saoudien interpellé avec deux tonnes de stupéfiants

Le prince saoudien Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz et ses compagnons de voyage ont manqué de discrétion et d'imagination.

Ils n'ont pas pris la peine de dissimuler la drogue qu'ils transportaient dans plusieurs dizaines de bagages et n'ont pas lésiné sur la quantité : ce sont deux tonnes de pilules de Captagon qu'ils s'apprêtaient à glisser dans leur jet privé en partance pour l'Arabie saoudite depuis l'aéroport de Beyrouth. La cargaison n'est pas passée inaperçue. Lundi 26  octobre, ce descendant du fondateur de la dynastie des Saoud et ses quatre accompagnateurs saoudiens ont été interpellés par les forces de sécurité. Une saisie record depuis que le Liban est devenu une plaque tournante du trafic de Captagon, un puissant stimulant à base d'amphétamines.

Message politique

L'affaire fait sensation. L'arrestation d'un émir saoudien n'est pas banale au Liban, où Riyad compte de fidèles alliés, et où l'appartenance au clan des altesses, des puissants et des richissimes, met d'ordinaire à l'abri de tracas judiciaires. Si le Golfe est l'un des principaux marchés de consommation du Captagon, ce cachet discret revendu autour de 20  dollars (18  euros), qui fait oublier la douleur et supprime la fatigue, pourquoi le prince s'est-il embarqué dans une telle galère ?

Tandis que le bureau central des stupéfiants mène l'enquête, Beyrouth bruisse de rumeurs : l'émir de 29 ans serait si assommé par ses excès de drogue que l'interrogatoire aurait été retardé, des pressions seraient exercées par les amis de Riyad – le Courant du futur, à dominante sunnite, dirigé par Saad Hariri, l'ancien président du conseil des -ministres en tête – pour faire relâcher le prince, affirment les uns. Cette arrestation n'a peut-être rien d'étonnant, vu les quantités de Captagon saisies, mais elle serait avant tout un message politique, avancent d'autres – les services de sécurité de l'aéroport sont réputés proches du Hezbollah, et Hassan Nasrallah, le secrétaire général du parti armé, n'a-t-il pas multiplié les attaques contre le royaume wahhabite, ses partisans scandé " Mort aux Saoud " ?

Signe de l'embarras suscité par les frasques du prince, les alliés de Riyad – et leurs médias – sont muets sur l'affaire. Au lendemain de l'arrestation de l'émir, l'ambassadeur saoudien en poste au Liban s'est rendu à la hâte auprès du ministre de l'intérieur libanais, Nohad Machnouk, habitué des visites en Arabie saoudite et figure de proue du Courant du futur.

Selon une source sécuritaire jointe par Le Monde, l'enquête devrait se conclure dans les prochains jours. Mais bien peu s'attendent, à Beyrouth, à voir le vrai du faux démêlé, croyant plutôt que l'affaire se soldera, si l'implication du prince est établie, par un arrangement politique le ramenant à la liberté.

Laure Stephan

 

Source : Le Monde

 

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