La future première place de la Belgique illustre les incongruités du classement Fifa, qui ne reflète guère la réelle hiérarchie du football des nations.
Le 5 novembre prochain, la Fifa officialisera son classement, sponsorisé par Coca Cola, des meilleures sélections nationales. Et ce sera la Belgique qui occupera la première marche du podium. Situation inédite, un pays qui n'a gagné aucune compétition internationale se trouve à la tête de ce classement. Les Diables rouges, déjà bien positionnés aujourd'hui à la troisième place, se voient récompensés de leur parcours satisfaisant en éliminatoires de l'Euro 2016, groupe B, matérialisé par sept victoires, deux matches nuls et une défaite (face au pays de Galles) en dix rencontres. Une campagne certes auréolée par 23 points au compteur et une qualification directe au championnat d'Europe. Mais on est quand même loin de la promenade de santé de l'Angleterre qui a remporté tous ses matches dans le groupe E.
Comment la Fifa établit-elle cette hiérarchie ? Le nombre de points glanés pour un match dépend d'abord du résultat proprement dit (victoire, nul ou défaite). L'équipe empoche trois points en cas de victoire, un seul pour un nul et zéro pour une défaite. Un match qui se finit aux tirs au but rapporte deux points au vainqueur de la séance et un seul point (comme pour un match nul) au perdant. Le barème tient compte aussi de l'importance du match et s'inspire des critères du classement ATP en tennis : un succès en Coupe du monde rapporte davantage qu'un match amical pour le ballon rond comme une victoire en grand chelem vaut plus qu'une autre en Masters pour la balle jaune. La valeur de l'adversaire vaincu (établi en fonction du classement) et la confédération dont dépend le vainqueur comptent aussi pour dresser le classement. Rien d'illogique a priori dans ce mode de calcul.
L'effarant classement du pays de Galles
Sauf que, si l'on s'attarde sur les coefficients, on est moins étonné de la présence de certaines sélections comme le pays de Galles dans le top 10 ou la Belgique dans le top 3. Un match gagné en amical est de coefficient 1. En éliminatoires d'un Euro ou d'un Mondial, on passe en coefficient 2,5. Pour les compétitions continentales (Euro, CAN, Copa America), le coefficient est à peine supérieur et fixé à 3 et seuls les succès dans un match de Coupe de monde sont de coefficient 4. Gagner un match de championnat d'Europe ou de Copa America vaut donc à peine plus qu'un succès en phase éliminatoire qui, lui, est bien hiérarchiquement supérieur à une victoire en amical.
Conséquence, le pays de Galles, classé 112e nation en août 2010, occupe aujourd'hui la 8e place du classement, devant l'Angleterre ! Les Gallois ont pourtant perdu 18 fois durant cette période de 5 ans. Mais leur bonne campagne en éliminatoires de l'Euro 2016, décorée par un succès de prestige contre la Belgique qui a bien activé le critère "valeur de l'adversaire vaincu", leur a fait faire un bond vertigineux. Les Anglais, malgré leur carton plein dans le groupe E, ont juste stagné puisqu'ils étaient déjà bien classés et que leurs victoires ont été jugées moins prestigieuses.
Sans blâmer les Gallois et les Belges, auteurs d'excellentes prestations ces derniers mois, on peut s'interroger sur l'éthique sportive de ce classement. Doit-on vraiment donner de l'importance à cette hiérarchie établie par la Fifa où le Chili, vainqueur de la Copa America 2015, est considérée comme une moins bonne équipe que le pays de Galles ? L'Allemagne, championne du monde en titre et 22 points dans le groupe D, doit-elle se situer en dessous de la Belgique qui affiche 23 points dans le groupe B ? L'Espagne, tenante des deux derniers Euros et leader du groupe C avec 27 points, peut-elle vraiment se situer derrière le Portugal et ses 21 points dans le groupe I ? Pour la Fifa – et Coca Cola -, visiblement oui.
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Alexandre Ferret
Source : Le Point
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