Alors que la Mauritanie est à Genève pour promouvoir les droits humains en Mauritanie, et à Milan pour attirer les investisseurs, qu’une crise sanitaire sévit à Nouakchott, et que les écoles privées sont fermées toutes, le chef de l’état réagit aux grognements civiques de plus en plus perceptibles en Mauritanie. Entretien exclusif avec le Président de la République Islamique de Mauritanie !
Monsieur le Président, vous venez de gracier des criminels que la justice avait reconnus coupables de leurs crimes, dont deux violeurs ; parallèlement, Birame Ould Abeid, et son adjoint à l’IRA, n’ont pas bénéficié d’une telle grâce alors que leur seul « crime » est d’avoir manifesté, qui plus est pacifiquement. Vous n’y voyez rien d’incohérent ?
(Rictus) Quelle incohérence y-a-t-il à punir les ennemis de l’unité nationale ? Les violeurs au moins ne causent du mal qu’à quelques victimes, et ne mettent pas en danger les fondations de mes maisons… euh pardon ! De ma mission de chef de l’état ! Dans cette circonstance, parler est bien plus criminel que tuer ou violer.
Vous concédez l’absence de certains droits humains alors ?
Je ne concède rien du tout.
Vous parlez d’unité nationale. On n’a pas l’impression que c’est une volonté de votre action politique quand on observe votre garde militaire, administrative, intellectuelle et culturelle… Vos nominations également.
Toutes celles et tous ceux qui travaillent pour le pays à mes côtés sont les plus qualifiés c’est tout ! Il n’a jamais été question de leur appartenance communautaire ou tribale. Qu’y puis-je s’il s’avère a posteriori qu’ils sont tous maures !
Mais vous avez démis Sidi Ould Raïs de ses fonctions de gouverneur de la BCM, pour faute grave, avec l’éviction de l’agrément bancaire octroyé à Mogueya ! Juste après vous le nommez au MAED… Est-il si compétent et honnête ? Il n’y avait personne d’autre à part lui ?
Sidi Ould Raïs est un commis de l’Etat. Il a une dernière commission à faire au MAED. N’oubliez que nous sommes dans une année particulièrement difficile où beaucoup d’argent va entrer pour le pays. Cet argent doit aller où il doit aller… (CQFD – ndlr). Sa présence garantit que les choses se dérouleront comme je l’entends.
Le dialogue politique semble encore, comme à chaque tentative, être déjà au point mort. Que peut-on en espérer ?
C’est une question que vous devriez poser à l’opposition ! Ce sont eux qui boycottent le dialogue, les élections, et mes appels consensuels et fraternels à enterrer la hache de guerre.
Mamoudou Lamine Kane
Source : Mozaïkrim (Le 6 octobre 2015)
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