Israël-Palestine : vers une nouvelle intifada ?

Editorial. Il y a quelques jours, dans le nord de la Cisjordanie occupée, près de Naplouse, un jeune Palestinien, sourd de naissance, est tué par l’armée israélienne, sa voiture criblée de balles.

Une erreur. Sans doute n’avait-il pas entendu les avertissements des soldats. A la fin de la semaine dernière, sur la même route, au même endroit, des Palestiniens ouvrent le feu sur une voiture. Elle transporte une famille de colons israéliens. Les parents sont tués devant leurs quatre enfants. Samedi 3 octobre, dans la Vieille Ville de Jérusalem, deux Israéliens sont assassinés à coups de couteau par un Palestinien.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a promis une « offensive très dure contre le terrorisme palestinien ». L’armée multiplie patrouilles et incursions dans les villes arabes de Cisjordanie. La Vieille Ville de Jérusalem a été bouclée. Depuis plusieurs mois, elle est le théâtre de provocations réciproques entre extrémistes juifs et jeunes Palestiniens. Elles tournent autour d’un espace politiquement et religieusement explosif : l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, qui domine le mur des Lamentations, un des sites les plus sacrés du judaïsme.

On connaît ces enchaînements de violence entre Israéliens et Palestiniens. On sait à quoi ils mènent : à toujours plus de violence. L’histoire se répète – mêmes causes, mêmes effets. C’est un film tragique éternellement rejoué. « Une troisième intifada est en cours », écrivait, ce lundi, l’éditorial du quotidien Haaretz (gauche). On sait exactement dans quelles circonstances ces bouffées de violence surviennent : dans le vide politique que laisse l’absence totale de négociations entre les deux parties.

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Abbas discrédité

Usé, largement discrédité chez les Palestiniens de Cisjordanie, le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n’exerce pas le moindre contrôle sur les auteurs de ces attentats – pas plus qu’il ne les condamne, d’ailleurs. M. Abbas a choisi la voie du dialogue pour aller vers la solution dite des deux Etats : un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Mais les Israéliens sous la conduite de M. Nétanyahou, à la tête d’une coalition de droite et d’ultra-droite, n’ont cessé de miner sa légitimité. A aucun moment, le premier ministre n’a envisagé de donner un coup d’arrêt aux implantations en Cisjordanie – une politique de faits accomplis qui est la négation même d’un dialogue vers la solution des deux Etats.

M. Nétanyahou, réélu en mars pour un troisième mandat, porte une responsabilité écrasante dans la détérioration de la situation. Roi du faux surplace, il pratique une politique constante de grignotage et de mitage du territoire palestinien : « Des années d’inaction diplomatique, de confiscations de terres, de démolitions de maisons », écrit encore Haaretz, vont conduire à cette nouvelle irruption de violence. On y est. Et, pour l’heure, les Palestiniens en sont les premières victimes : une vingtaine d’entre eux ont déjà été tués cette année « par erreur », cependant que le statu quo politique ne va pas manquer de produire une radicalisation dans certaines franges de la population de Cisjordanie.

Américains, Européens et Russes, censés parrainer, avec l’ONU, le dialogue israélo-palestinien, sont eux aussi largement coupables d’inaction et d’invraisemblable indifférence. Ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas vu venir les signes précurseurs d’un nouveau drame proche-oriental.

 

Source : Le Monde

 

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