J’ai longtemps hésité avant de rédiger cet article. N’étant pas historien, je ne savais pas sous quelle perspective j’allais me placer. Je ne le sais toujours pas d’ailleurs. Sous la perspective du pulaaku ? Certes oui, Koli et ses successeurs tous des Peuls furent désignés sous le nom de rois silatigui. Cependant mes recherches ne m’ont pas permis de savoir s’il fut un Peul initié qui est parvenu à tous les stades de l’initiation pour mériter le titre tant envié de « Silatigui ». Koli était un païen. Donc le volet de l’islamité est ainsi de facto totalement exclu. Certes Koli a fondé la dynastie des Déniankhobés qui régna environ trois siècles. Sous la perspective du nationalisme ? Plusieurs interrogations demeurent. Mais au regard de la vision islamique, tout cela est pure vanité humaine. C’est le contraire au niveau du grand conquérant et résistant toucouleur Elhadj Omar Tall (1797-1864) qui bâtit non seulement un empire temporel éphémère disparu, mais a laissé un empire spirituel, la tidjaniya qui continue de rayonner sur toute l’Afrique occidentale. Précisons que l’ouvrage d’El hadj Omar intitulé Ar Rimah, traitant du soufisme reste le commentaire inégalé de Jawâhir al Maanî, la source principale et la référence ultime de la Tidjaniya, ouvrage rédigé par Sidi Ali Harazim, le secrétaire du fondateur de la tariqa
Bref j’espère que les internautes seront indulgents et m’aideront à éclairer les multiples zones d’ombre de ce petit article.
Koli fut un grand guerrier au charisme indiscutable
Avant le 16e siècle les Peuls nomades n’avaient pas d’état qui leur soit propre. Ils allaient d’une contrée à une autre à la recherche de pâturages poussant devant eux leurs troupeaux. Ils étaient souvent victimes de multiples préjugés, de brimades, d’exactions, de persécutions, voire parfois d’exterminations. Certes de multiples guerriers peuls s’étaient illustrés, mais pour le compte des armées des souverains mandingues ou songhaï. A cette époque le Fouta Toro qui s’appelait Tekrur était sous la domination du royaume de Diara,qui lui-même était placé sous l’influence de l’Empire Songhai de Gao, échappant ainsi à la suzeraineté du Mali. Menant une vie nomade, errant de royaume en royaume, les Peuls n’avaient pas de véritable chef autour duquel ils pouvaient s’organiser, se défendre et se faire respecter.
Au 16e siècle, le chef peul Guéda Tenguéla , qualifié d’ardo nomadisait au Termès au Kingui (province Diara et de Nioro). A l’instigation probablement du souverain du Mali, il suscita la rébellion contre l’Askia et fit la guerre au roi de Diara vassal du Songhai. Il fut vaincu et tué en 1512 par Amar Kondiago, frère de l’Askia Mohamed empereur de Gao. Au Badiar Koli, le fils de Tenguéla réussit à regrouper les bandes de l’armée défaite de son père et se fixa dans un premier temps au nord-ouest du Fouta Djallon, dominé à l’époque par les Dialonkés qu’il incorpora dans ses troupes ainsi que les Poullis qu’il trouva sur place. De par sa mère, Koli appartient au peuple malinké. Sa mère s’appelait Nana Keïta et était originaire du Bakhounou.Koli appartenait à la famille des Ba des Peuls ururbé. C’est à cette époque qu’ il édifia une forteresse dont les vestiges subsistent encore au sud de Télimélé ,dans la sous préfecture de Sinta avec les sites de Guémé Sangan et de Pété Bonoodji.Dans son armée, se retrouvaient des Bassaris, des Malinkés, des Coniaguis,des Nalous ,des Bagas, des Diolas du Sénégal , etc. En passant par le Badiar, le Gaabu, les royaumes sérères, le Djolof, le désert du Ferlo, il réussit à réunir les tribus peules en vue de la guerre. Il eut à se confronter à de nombreux souverains des royaumes qu’il traversa. Après plusieurs échecs, il réussit à atteindre le Fouta Toro et réussit non sans mal à imposer sa dynastie, celle des Déniankobés vers le milieu du 16e siècle. Déni, d’où est tiré Déniankobé est la mare ou le marigot où auraient campé les troupes de Koli avant de se lancer à la conquête du Fouta Toro.
Koli Tenguéla réussit à imposer sa domination sur un axe sud-nord, allant du Fouta Djallon jusqu’au Fouta Toro. A sa mort, ses frères lui succédèrent et poursuivirent sa politique d’expansion.
Quelques méthodes de Koli Tenguéla
Selon la tradition, Koli épousait fréquemment les filles et veuves de ses victimes. Cette attitude de conciliation à l’endroit des peuples conquis rendait moins lourde la domination des Peuls et faisait participer réellement à l’exercice du pouvoir les vaincus sans parler de leur incorporation dans son armée. C’est incontestablement une des sources de la force et du succès de Koli. En effet, les Peuls nomades, s’ils vivaient parfois pacifiquement à côté des populations autochtones, se mêlaient rarement à elles en ces temps-là. C’est à partir de la sédentarisation et de l’islamisation que les alliances, les brassages et échanges matrimoniaux vont s’accélérer. Par ailleurs, dans ses conquêtes, Koli a toujours pris soin d’associer les minorités non peules à l’exercice du pouvoir.
Selon Omar Kane spécialiste de l’histoire du Fouta Toro, je cite « Il est possible que Koli ait été guidé par un certain nationalisme, ce qui est incontestablement le cas de son père. Sa guerre contre le Songhai, le Mali et les principautés mandingues de la Gambie a revêtu un caractère politique, mais aussi économique, visant à contrôler les routes de l’or tout en libérant les Foulbhés de la tutelle des tyrans ».
La fin de la dynastie Dénianké païenne fondée par Koli
Cette dynastie régna environ trois siècles au Fouta Toro. C’est en 1776 qu’un grand marabout toucouleur, Souleymane Bal, fomenta une révolte et renversa le dernier chef dénianké Sulé Bubu. Elu chef du Fouta, Souleymane Bal se désiste en faveur d’un autre marabout, un valeureux guerrier Abdoul Kader Kane. C’est le début du royaume islamique du Fouta Toro qui est bien postérieur à la Confédération théocratique du Fouta Djallon fondée environ 50 ans plus tôt.
Boubacar Diallo Doumba
Source : GuinéeActu.info (17 juillet 2011)
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