Le FNDU rend l’âme

« Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour. » Confucius

La scène politique nationale est indéniablement en train de se recomposer.

Sciemment ou non, un mouvement  a été engagé et aboutira forcément à une remise en cause des ordres établis, sinon tous, du moins ceux qui plaçaient les balises d’une certaine pratique de la politique, la seule en usage jusqu’ici dans le pays.

Les autorités auront démarré, avec leur approche de dialogues et dialogues inverses, un engrenage qui entraînera dans son sillage toutes les contestations passées et à venir, et dans lequel le commerce politique devra prendre de nouvelles formes, plus individuelles, avec de rudes querelles de leadership portant en elles toutes les expressions de refus ; et charriant des perspectives de violence non négligeables que seule une approche participative et ouverte à tous pourra canaliser.

L’aboutissement de cette recomposition permanente sera le renouvellement réel de la classe politique ; non seulement en terme de générations, mais aussi en terme de classes et de catégories sociales, générant une nouvelle conception du rapport à l’Etat et à ceux qui détiennent les ressources publiques, celles-ci constituant la seule richesse tangible et légitimement partageable.

C’est contre cette perspective inévitable que se rangent aujourd’hui les ténors du FNDU, cette vieille garde qui fait et défait la politique dans ce pays depuis cinquante ans ; un fourre tout où se côtoient paradoxalement  ceux qui se sont enrichis aux dépens du peuple et ceux qui revendiquent avoir  lutté depuis toujours pour son émancipation; les prisonniers et leurs geôliers, les corrompus et les corrupteurs.

Deux facettes d’une même médaille qui s’activaient dans un jeu de rôles que l’entrée sur scène d’un élément extérieur, en l’occurrence le président Aziz et sa politique iconoclaste, a perturbé fortement. Une panique générale qui paralyse les politiques parmi eux, et énerve les parvenus de la démocratie, les poussant à sortir plus vite qu’ils ne s’y attendaient par la toute petite porte de l’histoire.

Aujourd’hui, en choisissant la commodité du refus de toute forme de débat public, et en voulant imposer une position qui leur confère le droit (que personne ne leur a accordé) de parler au nom du peuple mauritanien seulement en tête à tête avec l’autorité politique, ils se liguent plus, dans leur quasi majorité, contre ce que représente le président Aziz et son discours contestataire des ordres établis. Il se rangent plus, en effet, contre ce qu’il offre comme perspectives à une jeunesse de plus en plus consciente de sa marginalisation, de son exclusion de tous les cercles du pouvoir et des centres de décision, que contre une participation à un débat et à un dialogue qui consacre leur défaite politique ; et qui est en train, tout doucement, de les larguer aux oubliettes où ils devaient être entrés depuis bien longtemps.

Mohamed Cheikh A.

 

(Reçu à Kassataya le 12 septembre 2015)

 

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