Au nom de ma France, je vous arrête mon colonel Beibacar…

Juste un mot malheureux, juste une phrase qui frise la mauvaise foi. Il est clair que la France n’a jamais engagé avec la société féodale mauritanienne un bras de fer radical contre l’esclavage.

Comme le rappelle le colonel, la France s’est contentée de ne pas cautionner la vente d’esclave et d’offrir un abri à ceux qui fuyaient leurs maîtres. Mais de là à dire que la France « a une très grande part de responsabilité dans la consolidation de l’esclavage en Mauritanie », c’est historiquement faux !

 
Consolidation signifie qu’avant la France, l’esclavage en Mauritanie était bancal, frêle alors qu’il était plus solide que jamais vieux de plusieurs siècles ! Les esclaves en Mauritanie peuvent être heureux de l’arrivée du colon et certains n’y s’y sont pas trompés en disant préférer les maîtres de leurs maîtres… 
 
La politique coloniale française en Mauritanie ne fut pas celle de la Belgique au Congo, il faut arrêter de dire n’importe quoi. La Mauritanie n’a jamais vraiment intéressé la France car ce territoire n’était qu’un vaste désert peuplé d’admirables misérables coupés du monde, se pillant les uns les autres à l’occasion. Le sol semblait aussi pauvre que ses habitants. Ce n’est que pour protéger le commerce qu’il a bien fallu aux français pacifier ces tribus et faire régner la paix et la même justice pour tous.
 
Le pauvre Coppolani est le dernier qui méritait d’être tué car il pensait que la France pouvait réussir sa pacification pacifiquement soit, pour simplifier, selon une célèbre formule : pas besoin d’armes, juste de l’argent… Aussi la France a tout fait pour essayer de ne pas trop bouleverser l’ordre établi surtout que si tous les esclaves étaient libérés personne n’aurait su  quoi en faire ni comment les occuper ni comment les nourrir. C’est triste à dire mais c’est vrai.
 
Cela dit la présence française a permis bien des révolutions culturelles. Ne serait-ce que le nouveau respect dû à quiconque travaillait avec cette administration, du goumier à l’interprète et tout ce beau monde ne sortait pas toujours des plus grandes tentes.
 
Quant à l’exemple des écoles des fils de chefs dont parle le colonel pour montrer que la France « a une très grande part de responsabilité dans la consolidation de l’esclavage en Mauritanie, à cause de sa grande tolérance, de son indulgence et de sa bienveillance à l’égard du lobby féodal mauritanien, son partenaire, son complice, qu’elle n’a pas soumis au décret du 12-12-1905 dont la colonie de Mauritanie fut la seule exemptée tacitement.  »
 
Il oublie de dire que ces écoles sont les filles aînées de l’école des otages de Faidherbe. Tout était dit… Mais le colonel ne dit pas qu’à côté de ces écoles des fils de chefs, et (au Sénégal) d’interprètes, il y avait les écoles du village où tout le monde pouvait aller et le captif et le hartani. N’est-ce pas mieux que rien ? Combien de h’ratines ont pu faire des études, devenir enseignants et plus après être passés d’abord par ces écoles du village comme on en trouvait un peu partout notamment à Boutilimit avant le cours élémentaire qui allait en finir avec cette discrimination.
 

Quant aux fils de chefs, leurs pères ne voulaient pas les envoyer à l’école du blanc de peur de finir acculturés et souvent au début ils y envoyaient des hratines et autres mulâtres ou même des captifs avant de se rendre compte du danger d’éduquer les castés et garder dans l’ignorance les fils de chefs. Les hratines et toute la Mauritanie moderne peuvent se féliciter qu’il y ait eu cette école des fils de chefs ne serait-ce que pour sauver les fils de chefs de cet enseignement bloqué à tous les niveaux au 16ème siècle selon de nombreux chercheurs notamment le professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh. Cela a permis à toute une génération d’avoir les moyens d’avoir accès au savoir et au monde moderne pour ce qu’il était à l’époque jusqu’à nos jours.

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Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (Le 11 septembre 2015)

 

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