En quoi la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz diffère-t-elle de celles de ses prédécesseurs ?

Rappelons tout d'abord que Mohamed Ould Abdel Aziz a pris le pouvoir en aout 2008 à l'occasion d'un coup d'Etat- après son limogeage- contre Le Président Cheikh Ould Sidi Abdallah un président démocratiquement élu. –ce dernier l'avait promu auparavant au grade de général-

A travers les difficultés multiformes que vivent aujourd’hui les mauritaniens, tout porte à croire, ce coup d’Etat est l’un des pires  malheurs  qui est arrivé au pays ou que le pays ait  connu.

 Alors que sous la présidence du Président Sidi Ould Cheikh Abdallah, la Mauritanie bénéficiait d'une image plus qu’honorable- partout la Mauritanie était citée comme un exemple de démocratie en Afrique.  Après le coup d’Etat, durant une année, le pays a été mis au ban de la Communauté Internationale avec une crise interne sans précédent et ses conséquences dévastatrices sur l'image du pays, sans compter ses conséquences économiques immédiates: la perte des investissements saoudiens de 2 milliards de dollars dans El Aouj, les 400 millions de dollars d’investissements qataris dans l’immobilier, le don de 400 millions de dollars du fonds américain MCA, l’investissement koweitien dans l’hôtellerie, les financements perdus des Institutions financières internationales etc…

 —En juillet 2009 après de longues et difficiles négociations sous l'égide de la Communauté Internationale un Accord a été signé entre les protagonistes, le FNND et le RFD d'une part, le pouvoir putschiste de Ould Abdel Aziz (appelé les Accords de Dakar), d'autre part. Dans ces Accords de Dakar le chapitre consacré au dialogue inclusif signé par toutes les parties- aurait pu aider le pays à sortir de cette crise politique grave qui hypothèque son avenir.  Notre général devenu président, a tout simplement renié sa signature et ses engagements, et aucun point sur le chapitre dialogue n'a eu droit à un début d'application.  Rappelons également par la suite d’autres accords ont été signés entre Ould Abdel Aziz et des partis politiques ou groupes de partis politiques,  et aucun de ces accords signés n’a connu aussi un début d’application.

Mohamed Ould Abdel Aziz  et son pouvoir ont une compréhension très particulière de la vie politique du pays. Il semble s’agir pour eux d’un jeu de bluff,  d’un jeu de poker.  L’ensemble de leur vision semble se résumer en quelques mots : comment faire ou quelle astuce trouver pour tromper, poser des pièges,  diviser, voire casser, l’opposition politique (d’ailleurs avec des méthodes souvent très maladroites). Toute leur « stratégie » se construit  donc sur cette base. Les échecs répétées des multiples tentatives de dialogue trouvent leurs  explications dans ce comportement, dans cette vision « gangsterique » de la vie politique : c’est-à-dire Comment effacer, faire disparaitre l'opposition sur la scène politique ? On ne peut pas diriger  un pays avec ce niveau de compréhension de la vie politique. C’est ce qui explique aussi la descente aux enfers continue du pays.

 —Rappelons aussi qu'après la "prière de Kaédi "-qui a été l’occasion de verser quelques larmes de crocodile-  plus rien, à part quelques indemnisations au lance-pierres  pour une partie des familles des victimes. A ce jour aucune mesure de justice allant dans le sens de la réconciliation nationale n'est en vue et les criminels continuent de se pavaner impunément dans les rues de Nouakchott et ailleurs, et même occuper les plus hautes fonctions de l’Etat.  Et les veuves et les orphelins eux, continuent de vivre leur douleur dans l'indifférence totale de ce pouvoir.  Pire, avec l’introduction de l’enrôlement discriminatoire dit enrôlement  biométrique- sous la direction d'un monsieur qui n'a aucune compétence dans ce domaine- des dizaines de milliers de mauritaniens se retrouvent aujourd'hui apatrides, mettant ainsi en danger l'unité nationale

— Dans sa campagne aux élections présidentielles en 2009, Mohamed Ould Abdel Aziz  disait s’engager une lutte sans merci contre la gabegie et la corruption sous toutes ses formes et s’était proclamé « Président des Pauvres ». Nous laissons le soin aux lecteurs et d'en juger par eux-mêmes.

Voici ce qu'on a pu lire dans la presse  nationale et internationale et jamais démenti officiellement:

—Le président Ould Abdel Aziz est accusé: "d' instaurer un guichet unique des affaires pour les marchés publics ou internationaux, créer ses propres entreprises « d’État » dans tous les secteurs de l’économie, faire main basse sur les acteurs concurrents, sans hésiter à instrumentaliser la justice, à faire régner la terreur et enfin, en utilisant la Banque Centrale comme goulet d’étranglement pour faire transiter son butin puis le transformer en devises… (Source: Ali Attar-Cridem)

 —L'affaire de l'aéroport de Nouakchott:" Alors que l’Etat promettait à tous y compris les bailleurs de fonds (lette au Fmi) qu’il ne mettrait aucun ouguiya dans le troc pour la construction du nouvel aéroport, exceptés environ 25 millions Usd pour les équipements sécuritaires, voilà qu’il fait machine arrière et concède à la société Najah, par le biais de la Snim, 15 milliards d’ouguiyas, rubis sur ongle. (Etat et Groupe Najah) ont monté de toutes pièces une convention avec la Snim pour débloquer 15 milliards d’ouguiyas. Une convention secrète que nous révélions, il y a à peine quelques jours et signée par Najah For Major Works représentée par son directeur général Mohiddine Ould Ahmed Saleck Ould Bouh, fils de Ahmed Saleck Sahraoui (groupe ciment de Mauritanie) avec Abdallahi Ould Oudaa ADG de la SNIM et Sidi Ould Tah, ministre des Affaires économiques et du Développement"… (source: JD . Quotiden de Nouakchott)

 —Le Scandale de la société chinoise Poly-Hondrone Pelagic Fishery CO » : Tout ce qui avait été dit sur le caractère scandaleux et dangereux des conventions signées avec cette société pour 25 ans se vérifient jour après jour. Même le nombre d'embauches ridicules, vue des conditions favorables offertes, d'un peu plus de 2000 n'est pas respecté, on est à moins de 700. Le transfert de technologie pour la construction de pirogues s'est avéré un leurre, une véritable arnaque, la construction se fait toujours en Chine.

Rappelons ici  aussi d’autres accusations ou révélations graves et troublantes, sur Mohamed Ould Abdel Aziz, son entourage et son pouvoir, apparu également dans la presse. Notons que jamais ces formes d’accusations n’ont été portées contre ces prédécesseurs.

—"Le journal en ligne Taqadoumy: s'est procuré, à partir de sources particulières, des enregistrements audio qui relatent des conversations entre l'actuel président mauritanien (Chef d'Etat-major particulier, aux moments des faits), Mohamed Ould Abdel Aziz avec un gang de trafiquants. Le gang, spécialisé dans l'arnaque visant les riches et les hommes d'affaires, est dirigé par un étranger dénommé Victor et compte parmi ses membres un Malien du nom de Amadou Omar"…

— Taqadoumy du 28 mars 201). -Enregistrements auxquels Mohamed Ould Abdel Aziz aurait reconnu leurs validités-.
—Découvert en mai 2007, les protagonistes du bus découvert à Nouakchott avec 600kg de cocaïne ont  tous libérés par grâce présidentielle

— Exclusif/ Mauriweb retrouve le fameux décret de grâce présidentielle, jamais publié au JO, [Fac similés]: "Beaucoup d’interrogations fusaient depuis quelques semaines sur le décret de grâce présidentielle, pris en février 2011 et pourtant jamais rendu public au Journal Officiel comme le veut la procédure. Chose inédite le décret dont nous avons copie aujourd’hui concerne cumulativement des militants des droits de l’Homme et des personnes poursuivies dans le cadre du trafic de drogue. Il consacre, par ailleurs, le changement de qualification de l’infraction commise par l’un des bénéficiaires de la grâce, tout comme il « innocente» une personne condamnée pour détournement de deniers publics. Cette dernière serait un proche parent de Mme la présidente. Mais l’objectif principal de ce décret semble, a priori, de soustraire Sidi Ahmed Ould Taya, commissaire de police chargé de la coordination avec INTERPOL, et Eric Walter Améga, cerveau principal du trafic de drogue dans la sous-région, aux griffes des juges puisque le dossier 0769/007 était pendant devant la cour d’appel"…

—-Alakhbar (Nouakchott) -" Un lien entre le président mauritanien, Ould Abdel Aziz, accusé, par un député français, de parrainage de trafic de drogue et des réseaux narcotrafiquants opérant entre l’Amérique, l’Afrique et l’Europe. C’est ce que soutiennent deux correspondances reçus à Alakhbar en novembre 2008 et en décembre 2010. Les correspondances retracent, selon l’hebdomadaire Alakhbar Info (N°19), des rencontres ayant abouti à la libération par la Mauritanie de détenus pour trafic de drogue"… B.C.

Noël Mamère avait effectivement  dit dans un débat télévisé sur le Mali à Arté, le lundi 21 juin 2013, que Mohamed Ould Abdel Aziz est un « parrain du trafic de drogue ».  Accusation très grave portée contre un président, de surcroit d’un président d’un pays musulman. (Signalons cependant, suite à d’énormes pressions et une plainte d’Ould Abel Aziz, Noël Mamère a fini par retirer ses accusations).

Rappelons aussi :
—- Libération des protagonistes de l’avion de la drogue à Nouadhibou.
—-En février 2010 l’armée arrête un convoi de six tonnes de drogue et 21 convoyeurs. Avant la fin de l’année ils ont été tous libérés et leurs véhicules restitués à l’insu de la justice.

—Des narco trafiquants au Palais présidentiel »:L’hebdomadaire arabophone Akhbar.info "qui a l’habitude de publier chaque semaine des enquêtes sur des dessous d’affaires, vient de sortir dans sa dernière édition en date du mercredi 15 mai 2013, un article relatif à des audiences que le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait accordé à de notoires narco trafiquants, dont au moins un inscrit en tête d’affiche des personnes les plus recherchées par Interpol et un autre, recherché par la justice mauritanienne. Ces gens auraient, selon l’hebdomadaire, plusieurs fois franchi la frontière pour participer aux réunions intensives que les ressortissants du Nord Mali ont tenu en territoire mauritanien"… MOMS

 —La libération d’un narcotrafiquant notoire 3 aout 2015, la  libération du terroriste recherché par interpole.  FIDH – 20 organisations de défense de droits humains condamnent la libération de Sidi Mohamed Ould Mohamed Ould Bouamama dit Sanda Ould Bouamama –  l’ex porte-parole du groupe ançardine dirigé par Iyad Ag Galy, un groupe armé lié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), également présent au nord du Mali- par les autorités mauritaniennes, visé par un mandat d’arrêt international émis par les autorités judiciaires maliennes et par des plaintes des victimes des crimes graves commis au Nord du Mali, notamment à Tombouctou. Il est poursuivi par la justice malienne pour crime contre l’humanité, crime de guerre, crime de génocide, meurtres et assassinats, crime d’atteinte contre la sûreté intérieure de l’Etat, association de malfaiteur, extorsion de fonds, actes de terrorisme et trafic international de drogues dans le dossier « Ministère Public contre Iyad Ag Galy et 29 autres » instruit au tribunal de grande instance de la commune 3 du district de Bamako.

La gabegie et accaparement  des biens de l’Etat (Source : FNDU) :

1. La ceinture verte, les    terrains1. Le terrain dit des Blocs à Nouakchott ;

2. Une partie du terrain du Stade Olympique de Nouakchott ;

3. Une partie du terrain de l’Ecole de Police de Nouakchott ;

4. L’Hôtel Mercure (ex Hôtel Marhaba) à Nouakchott avec extension à la place publique attenante ;

5. Une partie du terrain de l’ex Fanfare Militaire à Nouakchott ;

6. Une partie de l’Ecole de Tevragh Zeina, située en face de l’Hôtel Tfeila ;

7. Une partie du lycée de Tevragh Zeina ;

8. Une partie du terrain occupé par les Chinois à Arafat, attenant au terrain dit des BB à Nouakchott ;

9. Une partie du siège de la SONADER à Rosso ;

10. Une villa appartenant à l’Ecole Normale des Instituteurs de Rosso ;

11. Plusieurs milliers d’hectares de nos terres dans la Chemama, en particulier au Brakna ( Dar El Barka), dans le Trarza ; terres confisquées au profit des clients du régime ou bradée à des entreprises étrangères.

D’autres biens sont entrain de connaitre le même sort, suivant une prétendue procédure d’appels d’offres qui ne trompe que les esprits naïfs. Il s’agit de :

1. L’Ecole Justice à Nouakchott ;

2. L’Ecole Marché à Nouakchott ;

3. L’Ecole Khayar à Nouakchott ;

4. L’Ecole 6 à Nouakchott, à côté du marché de la Capitale ;

5. Les logements de la CNSS situés en face de l’Immeuble El Mamy

6. Une partie du patrimoine de la Zone Franche de Nouadhibou

3.200 ha de terres agricoles à Dar el Barka cédées par l’Etat mauritanien à un investisseur saoudien. Ces terres menacées de confiscation, sans consultation préalable avec les propriétaires ni contrepartie, ne sont pas, contrairement aux allégations des représentants du pouvoir, des terres mortes.

 La mainmise sur l’essentiel des terrains nus disponibles à Nouakchott et sa banlieue : l’ex Ceinture Verte et les Jardins de Sebkha malgré leur importance environnementale, SOUKOUK, L’Avenue MOUQAWAMA, La route de Nouadhibou, toute la Zone de la Plage et toute la Zone Portuaire, les centaines d’hectares autour du nouvel aéroport etc.
Le FNDU vient de révéler aussi que le fils de Ould Abdel Aziz, à peine les études terminées se retrouve à la tête d’une fondation qui disposerait des moyens colossaux : programme d’activités de la nouvelle Fondation dite RAHMA, qui vient de procéder à Nouakchott, à Rosso et à Tiekane à une vaste distribution de médicaments et d’ambulances dans plusieurs établissements sanitaires.

Mais, la surprise serait encore plus grande si l’on visitait le siège de cette Fondation, situé sur l’Avenue MOUQAWAMA et construit sur un immense terrain, abritant des dizaines d’équipements et d’engins de toutes sortes. Le propriétaire de cette Fondation n’est autre que le fils cadet du Chef de l’Etat, comme il l’a confirmé lui-même dans un communiqué publié il y a quelques jours. Il s’agit d’un jeune garçon qui vient d’achever récemment ses études et qui n’a jamais exercé de métier connu ou dirigé des projets pouvant générer des revenus d’une telle importance (source : FNDU).

 Ce pays a connu le règne de dictateurs et même de criminels, mais  tout semble indiquer aujourd’hui que Jamais une présidence n’a autant dénaturé et meurtri ce pays, économiquement, socialement et moralement.

Qu’Allah le tout puissant, le plus grand protecteur sauve et protège la Mauritanie.

 

Marega Baba

France
 

 

(Reçu à Kassataya le 7 septembe 2015)

 

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