Des enregistrements semblent confirmer le chantage de deux journalistes envers le roi du Maroc

Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le royaume du Maroc. Et des enregistrements clandestins de conversations entre le journaliste Eric Laurent – mis en examen samedi avec sa collègue Catherine Graciet  –, et un avocat du royaume chérifien, publiés dimanche 30 août par le Journal du dimanche, semblent aller dans ce sens.

Le journaliste français y réclamerait trois millions d’euros en échange de la non-publication d’un ouvrage à charge contre le roi du Maroc.

« Je veux trois. – Trois quoi, Trois mille ?, interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Eric Laurent lors de la première rencontre avec l’avocat, qui a enregistré l’échange avec son téléphone, dans un palace parisien le 11 août.

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Après la première rencontre, le Maroc porte plainte, et la deuxième se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), mais c’est toujours l’avocat marocain qui effectue les enregistrements à l’insu des journalistes.

Une lettre engageant à « renoncer à la publication » signée

Il y résume la situation : « vous et madame Graciet, [êtes] disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l’engagement de les oublier », rapporte le JDD. A la demande de l’avocat, le journaliste assure que sa co-auteure Catherine Graciet sait pour « les trois millions ».

L’hebdomadaire évoque la troisième rencontre et la méfiance de la journaliste, présente pour la première fois, qui fait changer le lieu de rendez-vous et demande à l’avocat de ranger son téléphone, alors posé sur la table.

Dans une lettre que s’est procurée le JDD, les deux journalistes s’engagent à « ne plus rien écrire sur le roi du Maroc, en contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros », et réclament une avance. L’avocat leur aurait remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et la journaliste rédige alors un protocole manuscrit. A leur sortie du palace où a lieu la réunion les deux journalistes sont interpellés. Il ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour chantage et extorsion de fonds et laissés libres sous contrôle judiciaire.

Les journalistes « piégés » selon leur avocat

Selon une source proche du dossier, Eric Laurent a reconnu durant sa garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3, puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication de leur livre.

L’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a confirmé vendredi soir l’existence d’un « deal financier », dans un « contexte très troublant ». « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet, et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour lui, « c’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages ». « Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place », a-t-il jugé et « l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».

L’avocat d’Eric Laurent, William Bourdon, qui a également reconnu auprès de l’AFP l’existence d’un « accord financier », a réfuté tout chantage ou extorsion de fonds, dénonçant un « traquenard » et une « manipulation » des autorités marocaines.

 

Source : Le Monde

 

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