En Tanzanie, les drones de la paix entre hommes et éléphants

Des hommes en treillis pianotent sur des manettes. Au loin, un petit appareil volant bourdonne dans les airs et disperse un groupe d’éléphants.

Depuis quelques mois, les rangers de Tarangire, parc national tanzanien situé au nord du pays, sont équipés de drones pour résoudre les conflits entre fermiers et pachydermes. Chaque année, durant la période des récoltes, les éléphants s’aventurent en bordure du parc et pénètrent sur les terres des paysans pour y trouver de la nourriture.

Exaspérés par ces intrusions incessantes et les pertes engendrées par l’appétit des éléphants, certains fermiers ont recours à la manière forte : empoissonnements, tirs à l’arme à feu. Souvent, c’est l’éléphant qui meurt. Mais parfois, c’est un fermier qui est tué.

« Les éléphants sont effrayés par le bruit des hélices »

« La destruction des récoltes est catastrophique pour ces gens qui pratiquent une agriculture de subsistance, d’autant qu’ils ne sont pas indemnisés lorsqu’ils perdent leur récolte », explique Jonathan Konuche, coordinateur pour Resolve en Tanzanie, une organisation américaine travaillant conjointement avec les autorités tanzaniennes pour l’expérimentation des drones dans la région.

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Trois zones sensibles en bordure du parc ont été sélectionnées par l’Institut Tanzanien de Recherche sur la Faune (TAWARI) pour ce projet pilote. Pendant la période des récoltes, une unité spéciale, chargée de lutter contre les intrusions d’éléphants, patrouille la nuit dans les zones sensibles. Les fermiers ont également un numéro d’urgence à appeler pour signaler la présence d’un animal. « À terme, nous espérons pouvoir équiper les rangers d’autres parcs du pays. Nous aimerions investir dans vingt drones supplémentaires », détaille Jonathan Konuche, chargé de former les rangers au pilotage.

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Un drone de l'équipe Resolve disperse un groupe d'éléphants, en Tanzanie. Crédits : Marc Goss

À l’essai depuis avril 2015, les résultats des six drones en service sont pour l’instant positifs. « Les éléphants sont effrayés par le bruit des hélices, qu’ils assimilent sans doute à celui d’un essaim d’abeilles. Notre travail est aussi beaucoup plus simple grâce à cette technologie. Nous prenons moins de risques sur le terrain car nous opérons à distance » explique Loiruku Mollel, l’un des rangers formés à l’utilisation de ces appareils.

Des lampes et du piment

Avant l’utilisation de cette technologie, Loiruku et les rangers du parc devaient parfois s’approcher à quelques mètres seulement des pachydermes afin de les effrayer avec de simples lampes torche. « Aujourd’hui nous n’avons plus recours aux anciennes techniques, telles que l’utilisation des lampes ou les tirs de sommation. Mais il est vrai que ces méthodes fonctionnent toujours avec d’autres animaux, comme les zèbres », ajoute Loiruku Mollel. Si les drones effraient les éléphants, ils permettent également de les diriger à distance pour les conduire dans des zones plus sûres, loin des hommes. Tout cela s’avère aussi efficace pour des travaux de recherche, notamment pour effectuer des recensements.

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L’équipe de Resolve reste néanmoins prudente. « Les éléphants sont des animaux extrêmement intelligents. Il est possible qu’ils s’habituent aux drones », explique David Olson, responsable du projet pour Resolve. Une solution alternative a donc déjà été envisagée : ces grands mammifères détestent aussi le piment, qui pourrait servir de répulsif. Cette technique est d’ailleurs déjà utilisée par certains paysans pour protéger leurs champs des intrusions des éléphants. « Nous pouvons accrocher des sacs de piment sur les drones et créer de petits nuages pour les repousser. Le résultat est radical : les pachydermes ne peuvent pas s’y adapter », détaille David Olson.
 
 
Emile Costard
 
 
 
 

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