Frontière Mali-Mauritanie : Vive tension à Léya

Léya, un village situé dans la région de Kayes, près de la frontière mauritanienne est devenu un no man’s land pour les populations, après avoir concéder leur terre ancestrale, qu’elles occupaient, il y a plus d’un siècle, à une minorité mauritanienne.

Ces habitants sont victimes tous  les jours de la part des porteurs d’uniforme ou civils  mauritaniens de racket, d’agression, d’intimidation ou parfois même d’exécution. Les autorités maliennes sont interpellées afin de trouver une solution à ce problème avant que la situation ne dégénère.

Léya est un village fondé vers 1898 par les Diabira, venus de Gousséla, avec une population estimée à 3200 habitants essentiellement Soninké. Situé dans la commune rurale de Djélébou, ex arrondissement d’Aourou, cercle de Kayes. Il se trouve également à 26 km de Sélibaby, la 10è région administrative de la République Islamique de Mauritanie.

Les maliens et les mauritaniens de cette localité ont toujours vécu ensemble dans l’harmonie. Les habitants de Léya ont toujours pratiqué l’essentiel des activités agricoles, en traversant la rivière Karakoro qui sert de frontière entre le Mali et la Mauritanie, pour aller cultiver leurs champs de l’autre côté de la frontière. Bien que les terres soient sur le territoire mauritanien, les habitants de Léya ont toujours occupé ces terres depuis plus d’un siècle. Même après l’indépendance des deux Etats, elles sont restées à la disposition de Léya.

Les autorités mauritaniennes n’ont jamais mis en cause cette occupation. A partir de 1992, suite à l’installation de nouveaux hameaux, la situation a commencé à se dégrader. Et, depuis un mouvement de revendication orchestré par une minorité à leur tête un certain Mohamed Dahamo (Né et grandi à Léya) et secondé par Yelli Souraké (qui vit à Léya depuis des années). Ces deux individus ont remonté certains maures contre le village de Léya avec ce slogan belliqueux “la Mauritanie appartient aux mauritaniens”. Mais cette revendication n’a pas été suivie par certains autochtones Maures, qui ont privilégié la cohésion des deux communautés.

Tous les pourparlers menés entre les deux communautés concernées se sont soldés par un échec. A défaut d’appui des autorités administratives et politiques de la commune de Djélébou, les habitants ont finalement renoncé à leur terre. Actuellement la situation sur le terrain semble de plus en plus intenable pour les maliens…

Les vols de bétails se sont amplifiés à Léya et dans toute la zone frontalière. Plus de 3800 bovins et 3200 caprins ont disparu dans les 9 communes de Guidimakha, cercle de Kayes. Les populations sont confrontées à d’énormes difficultés lors qu’elles tentent d’aller récupérer les animaux perdus ou volés en Mauritanie.

A cela s’ajoute le refoulement des gens par des récalcitrants maures et non par les forces de l’ordre mauritaniens. Y a-t-il une complicité entre certaines autorités mauritaniennes et les auteurs de ces actes ? La question mérite d’être posée.

Quant aux ressortissants mauritaniens, ils vaquent librement à leurs préoccupations sans aucune inquiétude entre les deux pays. Les autorités administratives de la localité délivrent des autorisations d’entrée aux commerçants et aux éleveurs mauritaniens qui souhaitent se rendre en Mauritanie. Ils sont à 80% des commerçants de nationalité mauritanienne résidant dans les villages aux alentours de Léya sur le territoire malien.

C’est dans ce climat de tension, que le jeudi 23 juillet dernier, le chef du petit hameau Moulehedy, Mohamed Dahamo a tiré à bout portant sur Mamadou Siliman (33 ans). Il lui a littéralement explosé la tête avec un fusil, parce qu’il n’avait pas  respecté son interdiction de faire paitre ses 2 bœufs. Cet événement s’est déroulé à 2 Km de Léya sur le sol mauritanien. La Mauritanie a envoyé une délégation composée de gendarmes, médecins légiste, préfet et procureur de Selibay. Du côté malien le sous-préfet d’Aourou, Daby Diane était accompagné par trois gendarmes.

Ce crime odieux et barbare est le 3ème acte perpétré par les mauritaniens, après celui du berger Amadou Sow en 1991 et du paysan Samba Konaté en 1995. Tous ces crimes n’ont jamais fait l’objet de représailles de la part des habitants de Léya. Une plainte a été déposée pour assassinat de Mamadou Siliman. L’affaire est pendante devant la justice mauritanienne.

Le 3 Août dernier, dans une lettre adressée au ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, les membres du collectif des ressortissants de Léya à Bamako, ont exhorté les autorités maliennes à s’impliquer pour le règlement de cette situation explosive qui perdure. « Vu la gravité de la situation, nous souhaiterions votre implication personnelle pour un dénouement heureux, car les conflits frontaliers sont toujours sanglants… », a conclu le collectif dans sa correspondance.

Mohamed Sylla  

 

Source: L'Aube via Malijet

 

 

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