Le centre d’écoute américain à Paris agace Laurent Fabius

Les autorités françaises n’aiment pas qu’on étale sur la place publique les signes de leur impuissance. Tant que seuls les services de renseignement et des initiés savaient que le dernier étage de l’ambassade des Etats-Unis, voisine de l’Elysée et du ministère de l’intérieur, servait de station d’écoute, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, ne s’en préoccupait guère.

Mais les mentions récentes et répétées dans les médias de la présence de cet appendice architectural, visible de la rue, abritant un centre d’interception appartenant à l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a fini par exaspérer le chef de la diplomatie française.

Selon un membre de cabinet ministériel ayant souhaité conserver l’anonymat, M. Fabius fait actuellement pression pour que les Etats-Unis démantèlent cette structure, symbole, selon lui, d’une atteinte à la souveraineté française. Interrogé, le Quai d’Orsay n’a pas souhaité s’exprimer. Sollicitée sur ces locaux suspects, l’ambassade des Etats-Unis s’est également refusée à tout commentaire. Un diplomate américain a néanmoins confié au Monde qu’il avait, lui, surtout à l’esprit le fait que les services français avaient infiltré au sein du personnel un agent qui était chargé du logement et de la logistique des visiteurs de l’ambassade de passage en France.

 

Depuis plus de vingt ans, la NSA perfectionne l’installation

Voilà plus de vingt ans que la NSA perfectionne et agrandit un centre d’écoute installé derrière des bureaux apparemment inoffensifs. Ici, pas d’antennes ou de paraboles géantes laissant voir la vraie nature des installations. L’endroit est ultraprotégé et installé dans l’enceinte de l’ambassade, donc sur le territoire américain. De quoi limiter les risques de le voir démantelé, même si un ministre de premier plan le demande avec insistance.

Pour le contre-espionnage français, tout cela n’est pas nouveau. Des infrastructures de même nature seraient installées, rive gauche, sur un bâtiment dépendant de l’ambassade de Grande-Bretagne, près de l’Hôtel Matignon. Les Russes s’intéresseraient, eux, de près aux résidents des logements officiels, quai Branly, où habite notamment le chef d’état-major des armées français.

Pour parer à cet espionnage, la mise en place de brouilleurs semble peu réaliste au regard des perturbations que cela causerait aux résidents et administrations de la zone. Reste la prévention… ou faire la même chose dans les pays concernés.

 

Jacques Follorou

 

Source : Le Monde

 

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