La symbolique du bidon

En Mauritanie, le bidon n’a jamais eu d’autre utilité que de contenir quelque chose, le plus souvent du liquide. Le bidon est ce récipient qui a succédé à la gourde et à l’outre dans le subconscient des Mauritaniens.

Depuis des semaines, le bidon revêt une symbolique de taille : il est devenu le slogan de ceux qui demandent à l’Etat d’assurer l’eau aux populations et, au-delà, de rendre accessibles tous les services de base nécessaires à une vie décente sur terre ! Dans le silence tonitruant des bidons, ce sont exprimées des populations étouffées par l’armée des laudateurs qui obstruent tout et bouchent tous les horizons devant elles ! Alors que les organes de presse du pouvoir, ses élus, son administration corrompue et rompue à la fabrication des "vérités", se gargarisaient des "réalisations grandioses du Président de la République", les bidons pleuraient le martyr de la vérité dans un pays qui aura tout perdu, jusqu’à son âme sincère !

Dans la postérité, Ould Abdel Aziz passera, aux yeux des Mauritaniens, comme le président des bidons. Il incarnera, pour de bon, cette nouvelle méthode pacifique et subtile de revendiquer sans faire de bruit dans une mare ou les tonneaux vides. Mieux, la raclée de la réplique d’un citoyen sur la qualité des aliments à bétail distribués demeurera, elle aussi, et à jamais, un autre fait d’armes des vaillants et subtils Mauritaniens dans leur lutte contre le mensonge et la prévarication.


Au Président qui tenait à imposer aux populations que l’aliment à bétail distribué était de bonne qualité alors que des animaux en ont péri, un citoyen lui lancera : "Monsieur le Président, tout ce que vous dites est une vérité qui nous engage et nous oblige. Seulement, dites à nos vaches et à nos moutons que cet aliment que vous avez fourni est digeste pour qu’ils acceptent de le consommer" !!!

Tout ceci n’importe que très peu dans la "dynamique" du règne par le mensonge et le pervertissement de la vérité. Sous ce règne, ce qui importe c’est mentir. Mentir et toujours mentir jusqu’au troisième mandat, voie dorée pour le règne à vie d’un homme alliant le cynisme de Jammeh à la couardise de Dadis Kamara !

Oui, depuis la "pique" du Brakna, le président échaudé se radicalise dans la fuite en avant et pose des actes qui dénotent de son penchant vers une vulgaire politique instrumentalisant la félonie des uns, l’arrogance des autres et la lâcheté de tous.


Oui, la lâcheté de tous, car un monarque qui autorise le passage à tabac de simples citoyens qui réclament pacifiquement leurs droits ou font usage de leur droit à l’expression et à la contestation doit être freiné avant d’imposer une dictature implacable qui mettra toutes les libertés entre parenthèses !


S’il y a une leçon à tirer des récentes sorties présidentielles à l’intérieur du pays est qu’il voudrait inaugurer une nouvelle phase de son règne : celle de l’autocrate disposé à fouler tout aux pieds.

Bref, c’est la méthode de vouloir imposer la peur, la force brutale et la répression féroce pour réussir un forcing menant vers le troisième mandat. En d’autres termes, le président Aziz, préalablement élu dans des conditions douteuses, voudrait étouffer la démocratie mauritanienne. Sa démocratie à lui, viserait à l’éterniser au pouvoir.


C’est la seule interprétation qu’il faudrait donner au recyclage des tortionnaires à l’entretien de l’impunité et au durcissement de la répression des adversaires. Sinon, comment un Président démocrate prétend-il visiter les populations et envoyer des encagoulés les réprimer pour les empêcher de parler ?

Comment comprendre que l’homme qui se veut garant de la justice et de l’égalité laisse-t-il son administration commettre des injustices comme celles de Dar Al Barka et Thambène ? D’ailleurs, comment peut-il dormir tranquille alors que toutes les femmes du village de Thambène sont emprisonnées pour avoir refusé l’expropriation de leur propre champ par une décision aberrante et manifestement raciste d’une administration chauvine et sectaire qu’il est le premier à décrier ???

Les partisans du pouvoir, ses courtisans doivent savoir dire la vérité à leur mentor qui commence à sortir illégalement du cadre démocratique. Ils doivent savoir le canaliser avant qu’il ne connaisse le sort très peu enviable des petits despotes africains sortis par la petite porte !

Amar Ould Béjà

 

Source : L’Authentic.info

 

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