Partout, dans les chefs-lieux de département comme dans les hameaux les moins peuplés situés sur son parcours, les cadres et notables qui ont déserté leurs luxuriantes villas à Nouakchott se sont saigné pour une démonstration de force populaire au niveau local au milieu de rudes rivalités entre clans et familles.
Les populations du Trarza sont sortis massivement pour accueillir la délégation présidentielle. Hormis l’étape de Rosso, où la phobie du phénomène IRA avait poussé les autorités à des exactions au faciès, entraînant l’arrestation de plusieurs personnes, le calme est revenu dans toutes les autres étapes. Même le circuit tant redouté entre Lexeiba, Tékane et Jidrel Mohguen, fief de Birame Dah Abeid, président du mouvement IRA actuellement en prison, fit plus de peur que de mal.
Chambardement de programme
Alors qu’il n’était pas attendu à Wad Naga par une voie autre que celle qui vient de Oum El Ghoura où son hélico devait le déposer, les élus, cadres et notabilités de la ville ont été surpris d’entendre que le président Aziz allait incessamment débarquer. Il avait préféré au dernier moment un convoi véhiculé. Résultat, une véritable débandade et des populations conduites dans la précipitation pour former une haie à l’entrée de la ville. Il faut dire que cela faisait des semaines que Wad Naga s’était mobilisé pour éviter toute anicroche et ce n’était pas le Jour-J qu’une telle déconvenue allait survenir.
Ould Deddew au rang de l’accueil
Selon des informations de presse, l’érudit Mohamed Hacen Ould Deddew aurait quitté Khartoum (Soudan) exprès pour venir accueillir le président Mohamed Abdel Aziz dans son fief à Oum Ghourra. Apparemment des rivalités locales pourraient bien empêcher ce fervent supporter des frères musulmans à réussir un tel pari. Il faut dire que les relations entre le pouvoir et l’érudit Ould Deddew se sont détériorés après les évènements survenus en Egypte ainsi que le nouvel axe anti-frères musulman qui s’est créé autour de l’Arabie Saoudite et des Emirats Unis. D’abord conseiller écouté de Aziz, Ould Deddew est vite tombé en disgrâce et l’un des centres qu’il dirigeait, « El Moustaqbal », fermés.
A Tiguint, les rivalités politiques entre clans locaux n’ont pu cependant déteindre sur l’accueil de la délégation officielle. Ici comme à Méderdra et dans les localités adjacentes comme le fief des Ehel Tah, du nom d’un autre érudit, Hamden Tah et de son neveu, l’ex-ministre des Affaires Economiques, aujourd’hui à la tête de la Banque arabe d’investissement, la symbiose fut de mise.
A la place des institutions républicaines, ces visites dans les localités féodales du Trarza ont plus fait ressortir le poids des familles, comme à Tenadi où la famille Ehel Waled s’est particulièrement distinguée. C’était l’étape qui venait juste après celle de Wad Naga. Ce fut le cas aussi durant l’étape de Bajleila où la famille Ahmedoua avait affirmé sa mainmise locale important les habitants des hameaux avoisinants, Tendeksmi, El Arev, Esbeïkhat, Menar.
Un opposant chambrier
A Keur Macène, l’opposant Boïdiel Houmeïd, maire de la ville de NDiago, bardée de son écharpe et de toute son imposante carrure, a réservé à la délégation présidentielle un accueil hautement coloré. Il a réussi l’exploit de programmer, lors de la nuité que le président Aziz a passé dans la commune de Keur Macène, des audiences que le préfet de la ville n’avait pas prévu dans son agenda. Jouant les chambriers, l’homme fort de la contrée a pu ainsi introduire plusieurs personnalités, dont certains de l’UPR, auprès du président.Si son concurrent politique, Mohamed Ould Boilil, président de l’Assemblée Nationale a accusé une chute de popularité drastique dans cette commune où il avait pourtant battu Boïdiel aux communales et législatives de 2006, le président du parti El Wiam, Boïdiel Ould Houmeïd, a eu le temps de prendre sa revanche en prenant la primauté politique sur cette vaste zone qui va de NDiago à Keur Macène, en passant par Birette et Ebden. L’une des étapes qui semble avoir le plus désappointé Ould Abdel Azize serait ainsi son séjour dans une étape que se disputent férocement deux de ses plus proches amis, Mohamed Ould Boïlil et Boïdiel Ould Houmeid. Les partisans du président de l’Assemblée nationale ont cependant reproché à Aziz d’avoir donné plus de temps à ce dernier au détriment de leur mentor qui s’est saigné pour importer des supporters après le revers que lui ont réservé les populations locales.
Administrateurs sur la sellette
Plusieurs observateurs sont d’avis que les autorités administratives dans plusieurs étapes du Trarza ont failli à leur mission. Beaucoup d’entre ces derniers auraient ainsi mis le ministre de l’Intérieur sur la sellette, accusé de n’avoir rien fait pour gagner la confiance de son administration territoriale. Le ministre est accusé de n’avoir rien fait pour mettre les administrateurs dans de bonnes conditions de travail. Ainsi, l’incapacité des services de sécurité à assurer le bon déroulement de la visite présidentielle au Trarza, s’appuyant pour la tâche sur des milices privées ou familiales, reste au centre des discussions.
Pendant ce temps, le service public est bloqué à Nouakchott, une ville vidée par ses fonctionnaires, ses hommes d’affaires et des deux tiers de sa population. Cet exode massif du personnel administratif a entraîné le blocage de plusieurs dossiers, renflouant le poids des instances. Ainsi, parmi les conséquences de cette situation, le retard des salaires et des citoyens qui sont obligés d’attendre le retour des responsables concernés pour résoudre des problèmes administratifs.
MOMS/ Envoyé spécial
Source : L'Authentic.info
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