Les ramadans se succèdent et avec eux la succession des performances de la tricherie des hommes.
Les hommes jouent avec le feu. Il y a ceux qui savent que le feu brule, mais qui trompés par l'imprécision de l'échéance, facturent leurs péchés sur le dos de l'éventuel et perdurent dans l'aveuglement et la dépravation.
D'autres ne savent pas et ne sachant pas qu'ils ne savent pas, ont été malheureusement incapables de deviner ce qui, pourtant crève l'œil: La félonie des hypocrites.
Cette hypocrisie qui nous tue. Cette hypocrisie qui s'est scindée en spécialités académiques, qui font naviguer les navires sur les dunes de sables à midi et demi.
L'hypocrisie politique n'est invisible pour personne, et pourtant elle règne en maitresse et gère les personnes et les choses. Les parjures politiques n'ont même plus de scrupules à critiquer le régime qu'ils chantaient hier encore et élaborer les épopées prêt à porter pour celui qui l'a bousculé pour prendre sa place.
Des nouveaux, dont les intentions et les contours sont encore imprécis, mais qui présentent un intérêt. L'intérêt est l'essentiel.
Intérêt comme tu as perverti les mœurs, et détruit les principes et les valeurs!!
Certain choisissent de "crier" contre le "gouvernement", pour faire bonne figure. Ou au moins, figure différente.
Mais qui est le gouvernement sinon vous tous?
Vous criez contre vous-mêmes. Vous les salariés incapables de gagner votre due de façon "halal", ou d'être honnêtes de façon digne, pour pouvoir regarder vos femmes et vos enfants en face.
Comme les hippopotames, les hypocrites, sont des masses qui s'imposent par la répugnance abjecte de l'énormité de leur masse hideuse et incontrôlable.
Ils n'arrivent pas à passer au second niveau de l'évolution et restent des humains de seconde zone qui prônent des slogans sur lesquels "Le temps a mangé et bu", comme disent les arabes.
Ils savent qu'ils mentent et savent que les gens savent qu'ils sont petits. C'est l'hypocrisie politique. Une petite fin qui justifie de misérables moyens.
Il y a l'hypocrisie religieuse. Des hommes qui tombent en syncope devant le public, à la vue d'une femme, mais qui n'hésitent pas a feuilleter longuement les sites électroniques, a la chasse de femelles nues ou de "mécréantes", sans hijab. Des hommes qui adoptent un discours par lequel ils répugnent la jeunesse de leur religion. Des hommes qui crient contre l'association à Dieu, mais n'hésitent pas une seconde à déifier leur sainteté pour récolter les fruits de la crédulité des crédules.
Des hommes incapables de s'adapter au contexte actuel et prêchent des situations appartenant à d'autres époques, tout en ayant les yeux rivés sur les délices de l'époque actuelle.
Ce sont ceux qui vendent les "Ayats" d'Allah à vil prix et desquels Dieu a dit: "Malheur à eux de ce que leurs mains ont écrit et malheur à eux de ce qu'ils en gagnent."
L'hypocrisie sociale, est plus sournoise et fait le plus de mal. La programmation sociale est telle que les choses doivent demeurer figées et ne changent jamais. Beaucoup sont morts, victimes d'un simulacre de stratifications rigides et de fausses données qui affaiblissent le corps social et sèment la haine et la discorde au sein du peuple.
Ce sont ces miasmes là, enfouis dans les âmes, qui doivent impérativement être exposés à la surface, pendant ce mois béni, pour les nettoyer une fois pour toute devant Dieu et pour le visage de Dieu.
Les âmes sont malades. Elles préfèrent célébrer leur joie par les coups de feu, que par les délices et les friandises.
Les armes c'est pour tuer…
Guérissez le peuple de ces mentalités de violence, de mensonges et de fausses valeurs.
Programmez les citoyens comme tous les citoyens du monde à vivre dans le vrai. Le faux ne réussit que pour un temps. S'il arrive à réussir.
Un peuple programmé négativement va à la dérive. Nous allons à la dérive. Et nous ne savons pas.
Mohamed ould Abd Aziz s'est destiné à combattre la gabegie. Allah l'en récompense, s'Il le veut. Mais il n'a rien vu de la gabegie et encore moins de l'hypocrisie.
Il a déployé d'énormes efforts, pour traire sa chamelle dans le marigot. Comme nous disons chez nous.
Un responsable qui vole quelques millions pour faire bombance, ce n'est pas de la gabegie. C'est de la gourmandise.
Certes on ne peut le qualifier de saint, ni même d'homme honnête ou intègre, loin de là. Mais ce n'est pas là, la gabegie.
La gabegie c'est quand les postes sont distribués de façon malhonnête et injuste à ceux qui ne les méritent pas. La gabegie, c'est quand un enfant passe dans les universités du monde et en sort avec des mentions de sur-excellence et rentre à la maison pour se voir reléguer aux rangs des oubliettes, alors que les cancres sont promus dans les hautes fonctions, pour déshonorer. Le pays et les populations.
La gabegie, c'est quand les ressources du pays ne profitent qu'à ceux qui ont la main dans le sac, alors que le peuple crève de faim.
Pendant le ramadan une question s'impose plus que toute autre: Qu'est ce que les hommes ont fait de l'ordre de Dieu, venu directement sous forme d'un ordre sec et sans appel: "Allah ordonne la justice et la bienfaisance."
La pire des gabegie, c'est quand on confine les populations dans l'ignorance la plus opaque pour les réduire à un troupeau qu'on rassemble juste le temps de montrer au président de la république qu'on représente une tranche du peuple.
Cette situation est d'autant plus douloureuse que ces pauvres paysans ne savent plus qu'une phrase, un mot qu'on leur a fait ingurgiter plus que réciter individuellement et collectivement : "Nous sommes représentés par monsieur tel."
Un monsieur qui, présence à l'appui, est là embusqué dans un coin, dans la ligne de mire de la camera principale, pour que le chef sache sans faute que c'est bien de lui qu'il s'agit. Question de se maintenir en selle ou postuler à une nomination.
La gabegie, c'est quand on enlève à une famille de pauvre un lopin de terre qu'elle cultive depuis des décennies et qui représente sa seule chance de manger un jour un repas chaud, si le ciel veut bien envoyer quelques averses sur cette terre.
La gabegie, c'est quand tous les droits du citoyens sont liés à la corruption ou aux interventions tribales ou familiales.
La gabegie c'est vendre le pays sous toutes les formes de bradages, et de contrats-pièges, qui assombrissent les horizons de l'avenir national.
Vendre l'avenir des générations futures, vendre l'honneur du mauritanien sobre et frugal, qui préférerait mille fois la mort aux humiliations.
La gabegie c'est phagocyter les moyens nationaux, pour laisser la jeunesse en proie à toute forme de dépravation et de perdition.
C'est ça la vraie définition d'un génocide national. Et pour quel but!! Quelques villas et quelques luxures!!
Vous n'avez assimilé aucune leçon de ceux qui sont morts et dont vous occupez aujourd'hui la place. Pour un temps…un temps tellement court!!!
En l'an 2015 tenir un peuple par les discours du 19ème siècle!! Quelle aberration!!! Et quel gâchis!!!
Nous sommes un pays. Une république. Un peuple connu de l'histoire. Le monde nous regarde. Essayons de faire en sorte que ce ne soit pas avec mépris.
Pour prétendre à l'humanité, nous ne pouvons rester confortablement installés dans ces tricheries, contraires à nos valeurs, à nos principes et à notre religion.
Une attitude que la logique refoule et que l'entendement rejette.
Et puis il est plus crédible d'être chef d'hommes dignes, instruits et fiers que d'être dirigeant d'un troupeau "moutonifié", qui bêle à tout va, quand on le lui demande et dont l'allégeance est à tout le monde et la fidélité à personne.
Nous devons formater notre système pour survivre, ou nous préparer (laqaddarallah) à disparaitre. Le troisième choix n'existe pas.
Il faut absolument et nécessairement "provoquer" quelque chose dans l'inconscient collectif, pour sortir de ce piège qui menace la Mauritanie. Améliorer le système mental, pour que notre peuple ne soit par éternellement une proie facile aux tenants du pouvoir du simple agent de police au plus haut administrateur. Vacciner le peuple contre les multiples manipulateurs qui le poussent vers la guerre civile ou les catastrophes, pour profiter de son désarroi et de sa faiblesse.
Ce peuple est entravé, enchainé, pour qu'il soit vulnérable à toute sorte de menaces et de calculs malveillants.
Libérez-le!
Libérez ces multitudes que vous sacrifiez pour vos intestins et vos bas ventres.
Libérez-le de vous-même, avant que Dieu n'intervienne.
La colère d'Allah est terrible.
Aucun danger ne le menace plus que vos convoitises, votre gourmandise et vos appétits insatiables.
Libérer ces pauvres êtres qui sont encore à l'état de brandir des bidons vides face aux vents des alizés et de l'harmattan, espérant que l'étoile filante d'un cortège présidentiel, leur apporte de l'eau à boire. Pourtant leur pays est riche. Très riche.
Personne ne prend le temps de faire le rapport entre cette soif qui craquelle les sols du pays et les péchés de ses dirigeants socio-politico-religieux.
Rappelez-vous l'invocation du prophète Nouh (psl).
Et cette mer qui vous jette des poissons empoisonnés aux visages. Un met dont vous avez privé ceux à qui Dieu l'avait destiné et que personne ne peut plus consommer.
Aucun rapprochement entre ce que vous faites aux pauvres et ce qui vous est fait par le Dieu des pauvres? Le vrai président des pauvres!!
Cette terre qui commence à voir des crimes qui donnerait froids au dos d'Alcapone, cela ne vous dit-il rien du tout?
Préparez-vous et profitez du prochain ramadan pour corriger vos graves erreurs. Vos yeux ne verront pas le ramadan éternellement. Beaucoup seront sous terre en attendant les prochaines délégations.
Mohamed Hanefi
Koweït
(Reçu à Kassataya le 3 juin 2015)
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