Ouguiya : Le naufragé silencieux

Depuis plus de quarante ans que la monnaie nationale existe, elle connaît successivement et régulièrement une perte de sa valeur. Résultat d'une (absence de) politique monétaire complètement erratique.

 

Dans son discours d'ouverture du symposium organisé il y a bientôt deux ans par la BCM a l'occasion des 40 ans de la monnaie nationale, l’ancien gouverneur de la BCM Sidi Ould Raiss, expliquait que l'ouguiya avait suivi une "évolution chaotique jusqu'à l'arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz". Une lecture folklorique et fantasmée de l'évolution de la monnaie, au moment où cette dernière était à son plus haut taux de change de son histoire par rapport à toutes les grandes valeurs monétaires internationales, et sous-régionales (1 Euro valait alors 404 MRO, contre 358 à la fin mai).

Au moment de sa création en mai 1973, l'ouguiya apparaît comme l'élément qui marquerait l'indépendance économique de la Mauritanie par rapport à son ancien colonisateur français. "L'idée était de sortir du giron de la banque centrale française, de laquelle encore aujourd'hui dépend la principale monnaie ouest-africaine, le franc CFA" rappelle un ancien cadre de la BCM aujourd'hui retraité.

L'application d'une politique monétariste est souvent associée à une réduction importante des réserves d'argent comme moyen de diminuer les taux d'inflation avec comme argument que sur le long terme, la stabilité et la croissance seront au rendez-vous.

L'économiste Milton Friedman estimait que la masse monétaire était de loin le facteur le plus important dans la performance économique d'un pays. Ce qui du point de vue mauritanien a été vérifié durant les dix premières années de l'existence de l'ouguiya.

À cette période, riche de son potentiel extractif, et avec une politique monétaire stricte, les pères fondateurs misent sur une monnaie relativement forte par rapport au FCFA, mais de moindre valeur par rapport au franc français, pour impulser de la force à la balance commerciale mauritanienne, tout en réduisant au maximum l'impact des coûts liés à l'importation dont ce pays dépend: 85% de sa consommation provenant de l'extérieur.

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Mamoudou Lamine Kane

 

Source :  Mozaïkrim (Le 31 mai 2015)

 

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