Joseph Blatter se dit « choqué » par les accusations de corruption à la Fifa et met en garde Michel Platini

FOOTBALL – Joseph Blatter riposte. Confortablement réélu la veille, le président de la Fifa s'est exprimé samedi 30 mai pour dénoncer les accusations américaines de corruption, qui ont conduit à l'arrestation de plusieurs responsables de l'instance mondiale du football mercredi 27 mai, mais aussi pour dire tout le mal qu'il pensait de l'UEFA, présidée par son rival le Français Michel Platini.

 

On ne m'enlèvera pas de l'idée que (ce n'est pas) une simple coïncidence cette attaque des Américains et la réaction de l'UEFA et de M. Platini", a tonné le président réélu de la Fifa sur la RTS (la télévision suisse), dénonçant une "haine, venue non pas seulement d'une personne à l'UEFA, mais d'une organisation, l'UEFA, qui n'a pas compris qu'en (1998) je suis devenu président" (voir l'entretien dans la vidéo ci-dessus).

Interrogé sur Michel Platini, qui s'est montré très critique contre lui Blatter a répondu: "je pardonne à tout le monde, mais je n'oublie pas". Il a jugé "lamentable" l'appel à la démission lancé par le président de l'UEFA et estimé que "ce sont des choses qu'on ne fait pas". Plus tard samedi, "Sepp" Blatter s'en est pris à l'UEFA qui "n'a pas de comité d'éthique indépendant", a-t-il dénoncé, soulignant que l'UEFA était "la plus grosse [organisation, ndlr] avec les meilleurs joueurs et les plus gros clubs. Ils doivent servir d'exemple. Ils doivent aider et prendre leurs responsabilités.

"L'homme de la situation"

Concernant les relations futures avec l'UEFA, Blatter a toutefois tempéré dans son interview à la RTS: "Il faudra continuer avec Platini et l'UEFA. Nous ne pouvons pas vivre sans l'UEFA et l'UEFA ne peut pas vivre sans nous". L'ambiance promettait tout de même d'être fraîche au sein du comité exécutif, gouvernement du foot mondial, où se trouvent Blatter et Platini, qui s'est réuni samedi matin au siège de la Fifa pour répartir les places par Confédérations pour les Mondiaux 2018 en Russie et 2022 au Qatar.

Résultat, le nombre de pays qualifiés pour les Coupes du monde 2018 et 2022 restera à 32 avec la même répartition par continent, a annoncé samedi Joseph Blatter. "J'ai été affecté par les attaques" nées du scandale de corruption qui a ébranlé la Fifa, a-t-il aussi déclaré samedi à l'issue de ce comité exécutif, estimant toutefois qu'il restait "l'homme de la situation" et appelant à "l'unité et la solidarité" pour "aller de l'avant". "La tempête dure encore, elle n'a pas la valeur d'un ouragan" mais "les effets sont encore là", a estimé le Suisse.

Auparavant, le président russe Vladimir Poutine avait félicité et de nouveau apporté son soutien au Suisse, saluant son "professionnalisme" et son "expérience". Autre soutien de poids de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football et proche de Platini, qui a expliqué les raisons de son vote pour Blatter. "Pour moi, entre lui et le prince Ali, il était la meilleure solution", a expliqué le dirigeant d dans les colonnes de L'Equipe. "Je pense que la Fifa, avec ses nouveaux dirigeants (au comité exécutif, NDLR), dont de très bons issus de l'UEFA, va être costaude", a-t-il continué.

"Cette affaire ne sent pas bon"

Concernant l'action judiciaire américaine qui a conduit à l'arrestation de sept responsables de la Fifa à Zurich mercredi, le Suisse de 79 ans déplore: "Il y a des signes qui ne trompent pas: les Américains étaient candidats à la Coupe du monde de 2022 et ils ont perdu (…) Si les Américains ont à faire avec des délits d'argent ou de droit commun qui concernent des citoyens nord ou sud-américains, qu'ils les arrêtent là-bas, mais pas à Zurich alors qu'il y a un congrès".

Et de lancer: "N'oublions pas qu'ils (Etats-Unis) sont le sponsor numéro un du Royaume hachémite, donc de mon adversaire (battu, le prince Ali, ndlr.), cette affaire ne sent pas bon". Blatter s'est en outre étonné samedi, à l'issue du comité exécutif, du fait que "trois journalistes américains étaient déjà là" mercredi au petit matin lors de la "descente de police" qui a mené à l'arrestation de sept élus de la Fifa dans leur luxueux hôtel zurichois.

Quand le journaliste souligne que, dans des grandes multinationales, le PDG démissionne lorsque des membres du conseil d'administration sont arrêtés dans une affaire de corruption, Blatter reste ferme. "Pourquoi je démissionnerais ? C'est accepter, c'est dire je suis fautif de tout ce qui arrive, moi je lutte depuis 2011 (précédente réélection) avec nos différentes commissions (au sein de la Fifa) contre toute corruption", se défend cet ancien attaquant de modeste niveau.

"Si vous regardez la composition du comité exécutif de la Fifa en décembre 2010 et celle d'aujourd'hui, la moitié n'est plus là", donne-t-il comme preuve de son action. Le 2 décembre 2010, le comité exécutif de la Fifa avait attribué les Mondiaux 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Depuis les accusations de corruption, complétées désormais par des actions judiciaires américaine et suisse, n'en finissent pas.

De nouvelles inculpations à venir?

De nouvelles inculpations dans le cadre du scandale de corruption qui ébranle la Fifa sont probables, a par ailleurs confié vendredi au New York Times le patron du service des enquêtes du fisc américain. "Je suis plutôt confiant dans le fait qu'il va y avoir une nouvelle vague d'inculpations", a indiqué Richard Weber, responsable de la cellule enquêtes criminelles de l'Internal Revenue Service (IRS).

"Nous croyons vraiment qu'il y a d'autres personnes et d'autres sociétés impliquées dans des actes criminels", a-t-il poursuivi, tout en refusant de donner des précisions sur les personnes ciblées par son service. Richard Weber a par ailleurs balayé la thèse selon laquelle la première vague d'inculpations de hauts dirigeants de la Fifa, annoncée mercredi en plein comité exécutif de l'instance internationale, était destinée à empêcher la réélection de Joseph Blatter.

"Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu une décision (…) de s'en prendre au football, on s'attaque à la corruption", a-t-il insisté. "Une chose en a amené une autre, puis une autre et encore une autre", a souligné Richard Weber. Selon lui, enquêtant au départ sur les déclarations fiscales de Chuck Blazer – ancien secrétaire général de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes) -, c'est de fil en aiguille que l'IRS a été amené à se pencher sur la corruption au sein de la Fifa.

Chuck Blazer est devenu informateur de la justice américaine qui l'a inculpé en novembre 2013 de racket, virements frauduleux, blanchiment d'argent, évasion fiscale, et échec à remplir un dossier sur ses comptes à l'étranger. "Notre expertise nous permet de suivre l'argent dans une affaire de corruption internationale comme celle-là", a expliqué Richard Weber.

Les 47 chefs d'inculpation retenus par la justice américaine dans le scandale de la Fifa portent sur une période de 25 ans et des sommes d'un montant global de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions en échange de droits TV et marketing pour des tournois internationaux.

 

 

Source : AFP/Le HuffPost

 

 

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