« Imbécile » et illégal : Ménard compte les écoliers musulmans

Invité lundi soir de l’émission « Mots croisés », le maire de Béziers Robert Ménard a révélé l’existence d’un chiffrage – illégal – portant sur la proportion d’élèves de confession musulmane scolarisés dans sa commune.

 

« Dans ma ville, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles. […] Comment vous intégrez ça ? »

« Ces chiffres, ce sont ceux de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a classe par classe, les noms des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit de le faire », précise en fin d’émission le maire élu avec le soutien du FN.

« Pardon de vous dire que les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier une évidence. »

Dans le monde de Robert Ménard, on peut donc deviner la religion (et l’athéisme ? et la confession ?) avec un prénom. « Tiens, Robert Menard m’apprend que mon neveu est musulman », ironise un twitto.

La loi du 6 janvier 1978

« L’esprit de 1939 est de retour, les mêmes vieux démons et ces balafres faites à la République. La même lâcheté sur des enfants », a réagi ce mardi la ministre de la Justice Christiane Taubira.

Les statistiques ethniques sont interdites par la loi du 6 janvier 1978 – il existe par ailleurs des dérogations, très limitées :

« Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci. »

Le profilage communautaire est une pratique interdite. « Le fait de constituer des fichiers faisant apparaître, directement ou indirectement, l’appartenance religieuse ou l’origine “raciale” vraie ou supposée des personnes est interdit par la loi », rappelait la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) en 2011. Le non-respect de cette règle est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.

« Si Béziers est sous la coupe d’un individu sans autre perspective que d’attiser la haine et la discrimination, elle reste néanmoins assujettie aux lois de la République », écrit La Ligue des droits de l’homme dans un communiqué, qualifiant la démarche d’« imbécilité ».

Une enquête préliminaire ouverte, selon RTL

« La mairie de Béziers ne constitue pas et n’a jamais constitué de fichiers des enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville », indique ce mardi matin le service communication de la commune dans un communiqué. Alors d’où pouvait bien sortir le chiffre à virgule de 64,6% ?

« J’essaye de savoir la vérité. Je fais le tour des écoles et je constate ce qu’il en est », nuançait quant à lui mollement Robert Ménard ce mardi sur BFMTV, expliquant être favorable aux statistiques ethniques et s’emmêlant dans ses explications sur l’utilité d’un tel chiffrage.

Le parquet de Béziers a ouvert une enquête préliminaire pour « fichage illégal ». Elle « devra déterminer si un tel fichier existe ou non », a fait savoir dans un communiqué le ministre de l’Intérieur.

« Quoi qu’il en soit, par ses propos inadmissibles, le maire de Béziers a franchi une ligne jaune et se place délibérément en dehors des valeurs de la République. »

 

Emilie Brouze | Journaliste Rue89

 

 

Source : Rue89

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

 

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page