Entrepreneuriat féminin : Un secteur embryonnaire en Mauritanie

Les femmes représentent plus de la moitié de la population mauritanienne et pourtant, elles ne représentent qu’un faible taux dans le marché du travail.

 

Très peu d’entre elles accèdent au secteur formel en tant que chef d’entreprise. Les données sur ce plan manquent et les espoirs restent tournés vers l’enquête commanditée en mars 2014 par le Centre mauritanien d’analyse politique (CMAP). Pourtant, partout en Afrique et dans le monde, l’implication des femmes dans le domaine économique a été un moteur de développement. Quid en Mauritanie ?

Les femmes représentent près de 52% de la population mauritanienne. Plus de la moitié en zone rurale sont chefs de famille, face au taux élevé de divorce et de veuvage. Elles sont les plus touchées par la pauvreté. Environ 4 femmes sur dix vivent dans la grande précarité, selon les résultats de l’EDSM-2000. Les femmes sont surtout présentes dans le commerce, la restauration et l’hôtellerie, mais aussi dans les industries alimentaires ou manufacturières, alors que la grande masse des femmes rurales s’investissent dans l’agriculture et l’élevage.

En 2000, elles participaient à hauteur de 28% dans le Produit intérieur brut. C’est surtout dans le secteur informel que les femmes sont plus présentes avec une plus grande autonomie, grâce à des fonds propres ou par le biais du microcrédit et de la micro-finance, encore très peu développé en Mauritanie.

Le fort taux de chômage des femmes et le recul des opportunités de mariage les rendent vulnérables et marginalisées par un marché de l’emploi où les hommes ont plus de chance d’accès. L’absence de capitaux fait que les femmes qui travaillent sont en général salariées, 48% dans le secteur agricole, près de 15% dans l’administration et 13% dans le commerce, avec une rémunération inférieure à celle des hommes de 60%. Le développement de la micro-finance depuis 1985 visait à lutter contre la pauvreté économique des femmes, l’objectif était d’amener les femmes à se prendre en charge en s’adonnant à des activités génératrices de revenus (AGR) ou en créant de micro et de petites entreprises.

Aussi, bénéficient-elles d’un traitement de faveur car elles ont plus que les hommes, accès au microcrédit formel, 52% des crédits. C’est surtout dans le secteur informe où elles sont le plus gâtées, car elles absorbent 70 à 90% de ces fonds en milieu rural.


Il est à noter dans ce cadre, les GFEC (groupements féminins d’épargne et de crédit) du Hodh Gharbi (Aioun et Tintane) et Nouakchott, les BDFG (Banques des femmes du Gorgol) et les Nissa Bank qui ont beaucoup contribué à l’amélioration des conditions des femmes, car ces 17 institutions de micro-finance en milieu rural et périurbain, ont regroupé quelques 90.000 femmes et ont distribué 223 millions d’UM de crédits. Ces institutions ont été appuyées par le gouvernement mauritanien, à travers le Secrétariat à la condition féminine et ses partenaires, notamment le PNUD, l’UNICEF, Oxfam.

Mais l’impossibilité des femmes, même regroupés en GIE, à accéder au crédit bancaire, ajouté à la faiblesse des épargnes qu’elles arrivent à mobiliser, ainsi que leur manque de formation en gestion, ont empêché jusque-là l’émergence de femmes d’affaires, à la tête de véritables entreprises.

Pourtant, ce secteur des grosses affaires est devenu plus accessibles aux femmes dont la plupart sont instruites, grâce aux efforts déployés ces dernières années dans la scolarisation des filles et l’alphabétisation fonctionnelle. En effet, les filles représentent aujourd’hui, près de 43% des effectifs au secondaire et près de 25% au Supérieur. Les femmes sont aussi très présentes dans les filières de la formation professionnelle, comptabilité, gestion, secrétariat et bureautique, informatique, électronique, électricité, maintenance, mécanique, BTP, habillement, etc.


Malgré leur dynamisme et leur ardent désir de s’impliquer dans le développement socioéconomique, les femmes sont encore très marginalisées dans les centres de décision. Elles sont encore peu de femmes à diriger des communes, et représentent à peine 22% des postes électifs.
 

Il est établi que l’entrepreneuriat est un moyen important de création d’emplois et une stratégie pertinente pour améliorer les conditions de vie et l’indépendance économique des femmes. L’arsenal institutionnel existant en Mauritanie est pourtant favorable à l’émergence de femmes chefs d’entreprises, avec des modèles de réussite dans le domaine concrétisé à travers l’UMAFEC (Union mauritanienne des femmes entrepreneurs et commerçantes).

Mais la plupart d’entre elles exercent dans le secteur informel avec une présence très limitée dans le secteur formel. Malgré l’intérêt du sujet, aucune étude n’est encore disponible pour cerner la réalité entrepreneuriale des femmes en Mauritanie. Ce qui aurait permis d’élaborer une stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat féminin. Un défi que le CMAP s’était lancé en 2014 sans que les résultats ne soient encore disponibles.

Cheikh Aidara

 

 

Source : L'Authentic.info

 

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